Ibrahima Kourouma : “Je préfère dormir en prison plutôt que de cautionner un rapport fait dans mon dos”
Le procès de l’ancien ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, Ibrahima Kourouma et son directeur financier, Mohamed Sankhon, s’est poursuivi ce lundi 17 mars devant la chambre de jugement de la Cour de répression d’infractions économiques et financières (CRIEF).
Lors de l’audience, le juge Yagouba Conté a donné l’occasion à Ibrahima Kourouma de se défendre à nouveau sur le rapport provisoire des inspecteurs concernant des montants non justifiés.
Pour les exercices de 2011 à 2014, il s’agit de 25 942 780 853 francs guinéens, et pour 2015-2016, de 61 914 000 000 francs guinéens. Selon les inspecteurs, le total des sommes non justifiées s’élève à 287 856 919 903 francs guinéens.
Dans sa réponse, l’ancien ministre a exprimé son désaccord avec ce rapport. “Je suis très heureux que vous me posiez cette question et que vous disiez que c’est pour me défendre. Vous m’avez déjà défendu. Ce rapport n’a pas été provisoire. Il n’y a pas eu de confrontation. Si le rapport n’est pas contradictoire, il doit l’être. Vous souhaitez que je me défende à travers ces chiffres, mais vous savez que c’est un rapport provisoire. Ces chiffres, est-ce que j’y crois ? Non. Je n’ai jamais été confronté à cela. Je me demande même ce que je fais ici. Je n’ai jamais été consulté”, a-t-il dit.
L’ancien ministre Kourouma a souligné que “je suis dans une position très claire, excusez-moi du terme. Ce n’est pas après trois ans de prison que je vais m’arrêter devant vous pour commenter des chiffres qui n’ont fait l’objet d’aucun débat contradictoire. Je ne peux pas accepter ce rapport. Pour moi, il est nul et non avenu. Votre souhait est d’établir la vérité, mais la vérité, c’est que ces inspecteurs ont travaillé dans mon dos un an après mon arrestation. Ils n’ont jamais osé me confronter. Si c’est maintenant qu’on me demande de m’expliquer, je ne saurais le faire. Je ne maîtrise rien. Je ne crois même pas à ce rapport. Ils ont refusé systématiquement de me le montrer. C’est dans l’ordonnance de renvoi que j’ai vu ces montants”, ajoute Ibrahima kourouma.
L’ancien collaborateur d’Alpha Condé affirmé que ce rapport est biaisé depuis le début et que les inspecteurs cherchent à tout prix à l’incriminer. “Je suis à Coronthie en prison. Je ne crois pas à ce rapport. Je ne peux pas travailler là-dessous. Il est biaisé dès le départ, Monsieur le président. Je ne veux pas être celui qui va transformer ce rapport en un document définitif. Une fois que je commence à travailler dessus, il devient définitif. Je ne veux pas le faire, car ils ont décidé systématiquement de me détruire. Ce rapport a été le socle de mon emprisonnement. Je ne vais pas cautionner cela. Je préfère aller en prison, dormir en prison, plutôt que de cautionner un rapport fait dans mon dos. Ils ont mal travaillé, qu’ils assument. Ce rapport ne peut pas m’être opposable”, persiste et signe le prévenu, déterminé à rester droit dans ses bottes.
Concernant le motif du renvoi du procès la semaine dernière, il faut noter que la Direction nationale des domaines et du cadastre (DOCAD) n’a toujours pas fourni la liste des biens de l’ancien ministre.
Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, est poursuivi par la CRIEF pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et corruption, portant sur un montant de plus de 600 milliards de francs guinéens, destinés aux examens nationaux et à la rénovation d’infrastructures scolaires.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.info
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