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Interdiction d’exportation de denrées alimentaires : une mesure salutaire, mais qui demande plus de pédagogie

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Nous avons suivi avec un grand intérêt le communiqué du Ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME portant sur l’interdiction d’exportations de certaines denrées alimentaires de première nécessité.

Cette décision traduit la volonté manifeste des autorités de la transition de mettre tout en œuvre pour permettre à la population de subir moins les conséquences de l’inflation mondiale sur l’économie guinéenne.

Pour notre part, nous saluons cette mesure qui consiste à rompre avec le libertinage que nous avons connu par le passé. Ceci corrobore nos idées selon lesquelles, ce pays a besoin d’une refonte totale à tous les niveaux.

Toutefois, en Guinée, prendre une décision est une chose aisée. Mais, veiller à son application en est une autreCette décision est venue à point nommé car nous sommes dans une phase critique en matière d’inflation quoique le taux officiel semble sous-estimé la réalité (cf. notre dernier papier sur le sujet dont l’un des liens est repris ci-après : Économie : L’inflation serait-elle sous-estimée en Guinée ? (lelynx.net)).

A ce jour, tout le monde conviendra avec nous que le prix ne serait-ce que de l’oignon est en train de prendre une proportion inquiétante.

Cependant, cette mesure quoique discutable peut bel et bien réussir à atténuer la tension sur les prix à mesure qu’elle soit non seulement suivie mais aussi circonscrite dans le délai requis (maximum 6 mois comme indiqué dans le communiqué).

Son utilisation dans l’extrême peut avoir des conséquences néfastes qui peuvent aller jusqu’à la baisse de la production et par ricochet le chômage.

De l’autre côté, les tentatives d’entraves au fonctionnement du système de prix ou de la loi de l’offre et de la demande impliquent parfois des résultats contraires aux effets recherchés surtout dans un contexte d’inflation importée. Du coup, le plafonnement des prix des denrées alimentaires dans une économie de marché en attendant un retour à l’équilibre aura pour conséquence principale la rareté des denrées concernées, puisqu’on en achètera davantage, on les verra disparaître des rayons des boutiques alors que le Gouvernement attend à ce que le marché soit inondé.  Et pourtant, l’Etat en poursuivant sa politique de contrôle des prix avait à l’esprit de protéger et/ou de soulager les consommateurs. Or, les commerçants à leur tour ont un autre objectif qui est celui de rechercher le bénéfice le plus élevé.

C’est pourquoi d’ailleurs, ils se sont toujours arrangés à libérer leur stock de manière à créer la crise dans la cité. De même, en période de contrôle des prix, il n’est pas rentable pour eux d’accroître l’offre. L’histoire nous enseigne bon nombre d’exemples spectaculaires de ces effets contraires.

Par ailleurs, il vrai que la plupart des Guinéens ne comprennent pas la hausse drastique du niveau des prix des produits locaux. Nous croyons que tout le monde se souvient de ce niveau de l’ancien député de l’Assemblée Nationale Joe Bebeto qui citait un certain nombre de produits locaux qui ne viennent pas dans des containers. Mais, à notre humble avis, ceci n’est qu’une suite logique des conséquences de l’inflation importée car à un moment donné, le producteur du riz local est obligé d’acheter des produits importés (habits par exemple) surtout que la plupart des biens que nous consommons proviennent de l’étranger. C’est-ce qui le pousse à notre entendement à répercuter sans délai cette inflation sur le prix de vente de ses produits, les conséquences de ce qu’il vit ailleurs (cas du loyer et du transport par exemple).

On entend d’ailleurs en longueur de temps certains citoyens qui évoluent dans l’informel proférer qu’ils ne négocient pas le prix d’achat ailleurs (cas des taximètres qui se procurent le carburant à la station par exemple ou encore des citoyens qui achètent des médicaments dans les pharmacies). De plus, avant de procéder à un contrôle des prix, il faudrait s’assurer de la disponibilité des produits que l’on veut contrôler.  C’est pourquoi nous nous sommes tout de même posé une question à la lecture de ces biens listés dans ledit communiqué. De quelle nature du riz fait-on (local ou importé) allusion ?

En somme, pour ne pas abuser du temps si précieux du lecteur nous nous limitons à ce stade. Toutefois, nous pensons à notre for intérieur que le Gouvernement peut tenter de parer à ces difficultés par l’octroi de subventions aux producteurs de certaines de ces denrées alimentaires au niveau local au lieu de continuer à contrôler des prix de ces produits à l’interne qui sont largement d’ailleurs taxés à leur entrée au port autonome de Conakry. Enfin, cette politique de manipulation des prix qui s’avère contreproductive participe au découragement et à la désorganisation de la main-d’œuvre à produire les biens visés par une telle décision.

Safayiou DIALLO
Economiste
diallo.safayiou@gmail.com 

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