‘‘Ce que dit le gouvernement, c’est faux et complètement faux ! La viande de brousse ne donne pas Ebola. Si cette viande amenait à Ebola, il y a longtemps que tous les forestiers seraient morts ; les fromagers et les termitières auraient poussé sur leurs tombes’’. Ces propos sont de l’ancien Premier ministre guinéen qui a dirigé la transition sous le général Sékouba Konaté.

Les spécialistes des fièvres hémorragiques virales s’accordent à dire que les animaux de brousse, notamment les chauves-souris sont les réservoirs potentiels du virus Ebola. Cette idée n’est pas la bienvenue chez Jean Marie Doré qui la balaie du revers de sa main gauche comme pour dire qu’il s’en moque.

 ‘‘Il ne faut pas prendre les citoyens pour des imbéciles. Il y a une explication qui a été donnée et qu’il faut balayer du revers de la main gauche : c’est qu’on a dit qu’Ebola était provoqué par la consommation de la viande du singe, du ras palmiste, de la chauve-souris. Mais si vous regardez le ciel de notre capitale, il y a des bandes de chauves-souris qui arrivent à obscurcir Kaloum et le camp Camayenne. C’est par des milliers et des milliers que ces mammifères volatiles encombrent notre ciel. Et jamais auparavant, personne n’a attrapé Ebola’’, rappelle Jean Marie Doré.

‘‘Si Ebola était provoqué par la consommation de la viande de brousse, insiste-t-il, il y a longtemps que la Forêt serait dépeuplée. Et quand je dis la Forêt, c’est depuis la Guinée jusqu’en Afrique du Sud. Je considère que c’est une ineptie. Que ce soit l’OMS qui le dise, c’est des bêtises’’, s’insurge le communicateur.

Le député au Parlement guinéen se dit d’avance être nul en mathématiques, n’a jamais aimé la chimie, parce que déplacer les machins le fatigue. Tout de même, il déclare plutôt avoir opté pour des matières où on réfléchit. Et voilà pourquoi il affirme avoir appris sans en avoir la preuve qu’il y a un laboratoire qui fait des essais cliniques sur les médicaments à Kénéma, dans le coin qu’on a baptisé Bec du perroquet. Mais il émet des doutes quant à la sérénité de ce labo en ce sens que les bactéries existent dans la nature.

‘‘Elles ont été créées en même temps que l’homme, mais le virus est fabriqué en laboratoire’’, dit-il.   Alors, il demande que ‘‘le gouvernement sorte de ce carcan d’explication alambiquée dans lequel il s’était fourvoyé’’. ‘‘Je dis tout ça pour que le gouvernement s’attèle à ce qui est sérieux, à ce qui est vrai, et ne pas perdre son temps à lutter contre les moulins à vent’’.

Depuis la déclaration de l’épidémie, plusieurs institutions viennent en appui à la Guinée, notamment les MSF et l’OMS. L’orateur ne fout pas leurs efforts en l’air, mais se dit convaincu qu’aucune de celles-ci ne peut prétendre avoir l’apanage du savoir. ‘‘Ils ont beaucoup fait pour notre pays, c’est vrai, mais je ne suis pas d’accord sur le fait que c’est la viande de brousse qui conduit à Ebola’’, rétorque farouchement Jean Marie qui a rappelé que par le passé, il a été dit que le virus du Sida était dans le corps du chimpanzé. ‘‘Mais c’est des bêtises ça. Le virus se fabrique. Et je dis tout ça pour que le gouvernement s’attèle à ce qui est sérieux, à ce qui est vrai, que de perdre son temps à lutter contre les moulins à vent’’, a précisé l’honorable Doré.

Et pour clore sa communication, l’ex Premier ministre s’est interrogé sur la direction qu’avait prise la viande de brousse saisie à travers la ville de Conakry au lendemain de l’épidémie. ‘‘Quand les militaires qui sont partis ramasser la viande de brousse des commerçantes forestières aux marchés de Tanènè, de Yimbaya et de la Tannerie, où ils l’ont déposée ? Ce n’est pas en tout cas dans une usine d’incinération. Ils sont partis bouffer la tête séchée de ces animaux sans savoir si c’est du singe, du chimpanzé ou du gorille, en suçant même les vieux os, à la recherche de la moelle’’, a-t-il ironisé.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info

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