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Kaporo-rails ou le perpétuel recommencement

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[dropcap]C[/dropcap]onakry, le jeudi 28 février 2019. Oui, le mal est guinéen. Oui, le guinéen aime faire du mal à son prochain. Oui, nous sommes artisans nos propres douleurs. Oui, nous compromettons l’avenir de nos enfants .Oui, la douleur de l’autre ne nous bouleverse plus. Oui, nous observons la souffrance de nos voisins sans réagir. Oui nous sommes coupables devant Dieu et les hommes.

Cela fait soixante (60) ans que la Guinée vit un cauchemar dont tout le monde est conscient, tout le monde le vit au quotidien, tout le monde en subi les conséquences néfastes, mais chacun garde la douleur et la frustration en soit en attendant et en priant le bon créateur que la roue tourne en sa faveur.

A l’indépendance, Sékou Touré a pris le temps d’opposer les intellectuels au peuple pour mieux liquider ceux-ci dans le mépris et l’indifférence totale. A chaque étape, un lot de cadres est liquidé sans aucune solidarité ou compassion des autres, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cadres susceptibles de compromettre le pouvoir du responsable suprême.

Il s’est ensuite attaqué aux opérateurs économiques en se servant des rivalités et concurrences existantes entre eux pour faire croire aux uns qu’ils auront plus de place à la disparition des autres. Le cynisme va jusqu’à amener les uns à dénoncer les autres.

Dès après la prise du pouvoir des militaires au Mali contre Modibo Keita, il a été question de « mettre » de l’ordre dans les rangs de la grande muette avec la liquidation systématique de toute la crème de l’armée guinéenne. Dans cette purge, le pays s’est retrouvé sans ses meilleurs filles et fils pour une construction harmonieuse de la nation guinéenne. La nature ayant horreur du vide, les médiocres ont pris les choses en main et la petite élite sur qui le peuple comptait pour s’en sortir, n’a pas eu le courage et la clair voyance de prendre le pays en main et ce fût la programmation du chaos.

Il n’est pas ici question de revenir sur les décennies de chaos qui font que la Guinée est toujours dans la cohabitation avec ses vieux démons qui empêchent toute construction d’une nation sans laquelle aucune base de développement et d’émancipation n’est possible.

Il est ici question de Kaporo-rails !!! Oui, vingt et un (21) ans après la première casse au nom des domaines de l’Etat avec pour point fort, les arrestations et condamnations pour incitation à la révolte, de Bâ Mamadou, alors député de la République, de Mamadou Barry, alors député maire de Ratoma et de Thierno Ousmane Diallo, alors chef de quartier de Kaporo-rails et aujourd’hui ministre de la République. La Guinée ne tire-t-elle donc jamais de leçons pour pouvoir éviter ce perpétuel recommencement ?

Thierno Ousmane Diallo fut le chef de quartier de Kaporo-rails au moment des faits. A ce titre, il était donc habitant légal ou illégal !! Victime ou pas, il a eu la confiance de ces concitoyens pour devenir leur chef de quartier. Nous connaissons la suite de l’histoire, sans aucun inventaire fiable pour enclencher une procédure de dédommagement et de recasement.

Aujourd’hui, Vingt et un an après la première casse, Thierno Ousmane Diallo, hier victime et aujourd’hui bourreau dans la République du Gondwana, ne parle pas, ne réagit pas et ne démissionne pas au nom d’une certaine valeur morale, face à l’injustice que tu as dénoncée hier dans les mêmes conditions. Mais la chose la plus importante à retenir, c’est que les voisins et administrés de Thierno Ousmane Diallo, eux, n’ont pas changé et sont encore et toujours victimes de la barbarie et de la sauvagerie du pouvoir d’hier et d’aujourd’hui dans l’indifférence totale.

La question qu’il va falloir désormais se poser est de savoir si le mal insupportable et étouffant hier est normal et légitime aujourd’hui juste parce qu’on a changé de posture ? En d’autres termes, la dignité humaine serait-elle à géométrie variable ? Pouvons-nous vivre avec l’inacceptable juste parce qu’on est de l’autre côté de la barrière ? Avons-nous le droit et surtout pouvons-nous éternellement continuer à agir et à réagir juste en fonction de notre nombril ? Voilà le mal dont souffrent la Guinée et les guinéens !

Certains estiment que l’affaire de Kaporo-rails est une question de droit et non une question politique. En plus de la bêtise, nous voilà dans la naïveté la plus absurde. Les mêmes raisons politiques qui ont prévalu en 1998, c’est-à-dire atténuer l’électorat de l’opposition sont encore valables et sont exactement les mêmes qu’en 2019. L’objectif est de déstabiliser Ratoma.

On commence à comprendre le sens de la démission de Gassama Diaby! En effet, il a compris avant nous ce que le pouvoir d’Alpha Condé a comme programme et que lui, en tant que ministre en charge du citoyen et de ses droits. Il y a tout lieu de croire que cette machine est partie pour trainer jusqu’en 2020. En effet, on parle de Kaporo, de Koloma, de Dar-es-salam et de Wanindara.

Pendant qu’on nous montre les déguerpissements et les casses, il y a une volonté et une démarche de consolidation des chefs de quartier du littoral de Ratoma pour toujours avoir un contrôle dans cette zone pour les échéances à venir. Alors qu’on ne vienne pas me dire que cette affaire n’est pas politique. Il est à souligner que selon le Code des collectivités locales, l’habitat et le logement sont des domaines de compétence de la commune.

A la lourdeur du Conseil exécutif de la commune de Ratoma, nouvellement installé, il serait important de procéder immédiatement au recensement exhaustif des victimes par catégorie de préjudice pour un dossier de dédommagement et aussi et surtout pour des besoins de réquisitionnement de logements dans la commune pour caser les cas les plus urgent dans les meilleurs délais au nom de la solidarité nationale et de l’urgence humanitaire.

Nous voilà encore une fois à attirer l’attention du monde entier sur la démonstration de la force publique contre de paisible citoyen au nom d’une autorité de l’état que ne s’exerce que de manière sélective et occasionnel. Oui, l’Etat aussi est justiciable ! Mais dans un pays, lorsque la justice n’est que du côté du plus fort, le plus faible trouvera un jour, le moyen, l’intelligence, le courage et l’engagement de faire face à l’oppresseur. C’est une simple logique de survie. Oui, la fin de règne aussi se manifeste par une force brutale, mais sans lendemain !

Mamadou BARRY
Analyste financier
00224 628 28 09 09/biromobocar@gmail.com

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1 commentaire
  1. Mo. Sylla dit

    C’est pas étonnant pour un journaliste politique qui analyse souvent comme ça quand il s’agit de son ethnie. Il commence bien et finit par les défendre de sa manière or Kaporo rail est un problème national ceux qui se sont regroupés en communauté linguistique en ce 21ème siècle ont tort.

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