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Kindia : lancement d’un atelier de formation sur la lutte contre le trafic de la faune et du bois

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La cité des agrumes abrite depuis ce mardi 11 juin un atelier national de formation sur la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts. Prennent part à la rencontre des magistrats, des policiers du bureau INTERPOL, des douaniers, des représentants de l’Agence nationale de lutte contre la corruption et promotion de la bonne gouvernance (ANLC-PBG), des agents de la Brigade nationale de lutte contre la criminalité sur la faune et flore et d’autres services du ministère de l’Environnement et Développement durable, tel la CITES et le service des Parcs et Réserves.

Initié par le Projet Natura-Guinée, financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par la Fondation pour les Chimpanzés Sauvages (WCF), l’atelier vise à renforcer les capacités des participants sur la lutte contre de la criminalité et le trafic de la faune et du bois.

Il vise également à approfondir leur compréhension de ce commerce illicite et accroitre la collaboration entre les acteurs pour agir en synergie dans la lutte contre le trafic des espèces sauvages afin que les décisions de justice prononcées soient adaptées, dissuasives et permettent de répondre à la menace.

Jusqu’au vendredi 14 juin, plusieurs thématiques seront développées pour faciliter la compréhension des participants sur cette criminalité, son ampleur et sa portée afin de la combattre efficacement à travers d’une répression sévère du trafic des espèces sauvages.

Tout au long de l’atelier, ils seront outillés afin d’acquérir plus que de connaissances sur le fonctionnement des réseaux criminels, les modes opératoires, l’identification et l’analyse des chaînes d’approvisionnement illégales, la conduite des enquêtes sous couvertures, le renseignement, les opérations d’arrestations, les techniques d’interrogatoire et de rédaction des PV, le suivi des affaires en justice pour les faire condamner à des peines d’emprisonnement dissuasives.

Renforcer la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts

Charlotte Houpline, Cheffe de la composante TRAFIC du Projet Natura-Guinée qui représentait le Chef de Projet à l’atelier, rappelle qu’historiquement en Guinée, ‘’il y a eu un important problème de commerce illégal des espèces sauvages. La Guinée était à l’époque une plaque tournante de ce trafic dans le monde et a été sanctionnée en 2013 par le comité permanent de la Convention des Nations Unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). La sanction prise reste en vigueur. Au cours des décennies qui ont précédé la sanction, beaucoup d’espèces ont en effet quitté le pays de manière frauduleuse, de la contrebande d’ivoires d’éléphants jusqu’aux grands singes vivants comme les chimpanzés, gorilles, bonobos, en passant par les mammifères marins comme les lamentins’’.

“Face à cette situation, l’Etat Guinéen a été le premier pays en Afrique de l’Ouest à s’engager dans le combat contre le commerce illégal des espèces sauvages. Une répression sans relâche a permis d’obtenir de nombreux résultats sur le trafic de faune, une avancée gigantesque pour le pays. Mais actuellement la biodiversité est menacée par le trafic de bois. Les forêts font l’objet d’un trafic de bois très intense sur l’ensemble du territoire, ce qui a beaucoup de conséquences. Avec les forêts qui disparaissent, les animaux perdent leurs habitats et les températures sont en hausse dans tout le pays. Il est important que la loi soit appliquée’’, souligne-t-elle.

Le projet Natura-Guinée va appuyer l’Etat Guinéen de 2024 à 2027 pour que le commerce illégal d’espèces sauvages soit combattu. ‘’La WCF va appuyer la Brigade nationale de lutte contre la criminalité sur la faune et de flore ainsi que les autres services pour renforcer les capacités ’’ a précisé Charlotte Houpline.

Agir en synergie

Le capitaine Ibrahima Sory Diallo, Commandant adjoint de la Brigade nationale de lutte contre la criminalité sur la faune et la flore, espère qu’au terme de l’atelier, les participants seront à même de mener une lutte sans merci contre l’abattage, la capture, la commercialisation illégale de la faune  ainsi que la coupe abusive et le commerce illégal du bois.

Quant à Seydou Nourou Guissé, conseiller juridique de l’Agence Nationale de Lutte contre la Corruption et Promotion de la Bonne Gouvernance (ANLC-PBG), il a dénoncé les pratiques de corruption qui se produisent à tous les stades de la chaine d’approvisionnement du bois, lors de la délivrance des permis d’exploitation, lors de la coupe de bois où les agents de l’administration reçoivent des pots-de-vin pour fermer les yeux sur l’activité illégale, lors du transport du bois où les documents de transport sont falsifiés ou au point de contrôle où les fonctionnaires sont soudoyés pour laisser passer les camions de bois, lors de la transformation où les entreprises blanchissent le bois illégal en le mêlant à des grumes d’origine légale, lors de l’exportation où peuvent figurer de fausses informations sur les documents de douane, et enfin lors de la vente du bois où les inspecteurs peuvent être soudoyés pour dissimuler la vente illégale ou provenant d’espèces protégées.

Il précise que la corruption sur les cas de trafic de bois peut également se produire dans la chaine pénale, lors d’une arrestation en soudoyant les agents ou lors d’un procès en donnant des pots-de-vin à un magistrat. ‘’Notre partition, c’est d’être très regardants et très sévères dans les procédures d’enquêtes, participer à la remise des éléments pour des fins de répression. Nous sommes en train de préserver l’avenir. Si nous ne nous impliquons pas pour limiter les dégâts causés à la biodiversité, nos enfants ne trouveront rien ici’’.

Maître Billy 1 Keïta, Chef de Cabinet du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, a salué l’organisation de cet atelier pour mieux outiller les acteurs impliqués dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée. ‘’Ce séminaire permettra aux acteurs de comprendre les enjeux majeurs dans le cadre de la protection de l’environnement’’, déclare-t-il, ajoutant que ‘’les espèces qui sont menacées doivent être protégées’’.

Il assure que ‘’le Garde des Sceaux tient beaucoup au maintien du couvert végétal ainsi qu’à la répression vis-à-vis des agissements incongrus des auteurs qui se pavanent à travers la nature et qui ne craignent pas les sanctions prévues par les sanctions législatives. Ce séminaire permettra de corriger les imperfections pour que désormais, nous poussions un ouf de soulagement concernant la protection de notre couvert végétal’’.

Suspension de la coupe de bois sur le territoire

Face à l’ampleur du trafic de bois sur le territoire et suite aux actions récentes de la Brigade, l’autorité en charge de l’environnement vient de prendre des mesures radicales. En effet, dans la grande édition du journal télévisé du 3 juin 2024, le communiqué No.001/2024/MEDD pris par Djami Diallo, la Ministre de l’Environnement, a été lu. Ce dernier suspend la coupe, le transport et l’importation du bois sur toute l’étendue du territoire guinéen. En invoquant les dispositions du code forestier et de ses textes d’application, la Ministre a indiqué que toute violation de cette mesure de suspension serait sanctionnée conformément au droit applicable en vigueur en Guinée.

«A la suite du constat de la coupe anarchique du bois sur le territoire national, entreprise par des exploitants artisanaux ne possédant pas de documents administratifs requis dans le cadre de l’exercice de l’activité d’exploitation du bois, dans l’objectif de protéger le couvert végétal particulièrement les têtes de sources, les cours d’eaux ainsi que les forêts, les activités de coupe, de transport et d’importation du bois sont suspendues sur toute l’étendue du territoire national à compter du 05 juin 2024 jusqu’à nouvel ordre. L’autorisation de reprise des activités fera l’objet d’un autre communiqué du Ministère de l’Environnement et du développement durable», mentionne ledit communiqué.

Il faut rappeler que le commerce illégal des espèces sauvages est un crime organisé transnational impliquant des réseaux criminels. Ce trafic, dont les bénéfices illicites sont estimés à 23 milliards de dollars chaque année, occupe le 4ème rang du commerce illicite dans le monde après les armes, les drogues et le trafic d’êtres humains.

Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info

00224 664 93 14 04/cire.balde@visionguinee.Info

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