La CAN 2023 en Guinée: les artisans et parrains d’une victoire de consolation
[dropcap]L[/dropcap]a Confédération Africaine de Football (CAF) vient de livrer son verdict pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019 et 2021.
Réunis dans la ‘’Medium Hall’’ salle de conférence du flamboyant et majestueux siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba, ce samedi 20 septembre 2014, les membres du comité exécutif sous la présidence de M. Issa Hayatou, président de la CAF, ont décidé d’accorder l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun et celle de 2021 à la Côté d’ivoire et la Guinee d’ores et déjà désignée pour 2023 avant même le dépôt des candidatures.
Pour l’édition 2017, initialement accordée à la Lybie, s’enlisant malheureusement aujourd’hui dans une guerre civile qui provoque un véritable problème de sécurité, il faut attendre janvier 2015 en marge des phares finales de la CAN au Maroc pour connaître le nouveau pays organisateur.
Il faut rappeler que, toute la journée du 19 septembre 2014, a été consacrée à la présentation de leurs dossiers par les pays candidat eux-mêmes. Par ordre alphabétique, les membres du comité ont reçu tour à tour l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la Guinée et la Zambie.
L’annonce a été faite en présence d’une délégation du gouvernement guinéen conduite par le ministre des Télécoms, Oyé Guilavogui, président du comité préparatoire et comprenant les ministres des sports, Domani Doré, du budget, Ansoumane Condé, de l’enseignement pré-universitaire, Ibrahima Kourouma. Dans la salle également, le président de la fédération guinéenne de football, Salifou Camara ‘’Super V’’, le vice-président, Ibrahima Sory Conte, Laye Oumar Koulibaly, membre, le secrétaire général Ibrahima Barry ‘’Blasco’’, ainsi que le président du Horoya Athletic Club, Antonio Souaré, PDG de Guinée Games.
Même si les prévisions sont faussées, ce choix guinéen pour 2023 n’est pas un fait du hasard. Il importe d’abord de reconnaitre que sans l’accord personnel du président de la République, la fédération guinéenne de football n’aurait pas pu faire acte de candidature. Rien donc n’aurait été possible. A ce titre, il faut attribuer au président Alpha Condé le mérite d’avoir accepté de préparer et présenter la candidature de la Guinée. Le Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana, certains ministres comme Bah Ousmane, premier président du comité préparatoire, son successeur Oyé Guilavogui ainsi que les différents ministre des sports (Aboubacar Titi Camara, Bantama Sow, Domani Dore) ont œuvré pour cette candidature.
Cependant, il faut aussi avouer que tout comme le chef de l’état guinéen, les autres présidents des pays candidats ont non seulement manifesté l’intérêt mais aussi et surtout exprimé des engagements fermes politiques de respecter à la règle le cahier des charges de la CAN si l’organisation leur était accordée.
A partir de là, il est facile de percevoir que de nombreux autres facteurs, dont le plus déterminant demeure le relationnel, ont été nécessaires et réunis à cette attribution. Le respect et l’amour du président de la CAF Issa Hayatou pour la Guinée fut un facteur important. Tout aussi important, la présence du guinéen, Almamy Kabele Camara, bras droit du président Issa Hayatou, à la vice-présidence de la CAF. Mais, comme dit l’adage ‘’aides toi, le ciel t’aidera’’, ces personnalités n’auraient jamais eu l’occasion de plaider la cause de la Guinée si la fédération guinéenne de football et son président, Salifou Camara Super V n’avaient pas fait preuve d’abnégation pour faire accepter et admettre le principe de l’organisation de la CAN à un gouvernement, (curieusement sceptique, lui-même, sur sa capacité de pouvoir se projeter et de tenir un projet sur 7 ans), donc foncièrement hostile au projet. Le premier mérite de la fédération guinéenne de football a été ce travail ardu et crucial au niveau du gouvernement et du chef de l’état.
Une fois, cette étape primordiale franchie, les relations solides du président de la fédération, Salifou Camara Super V, de son vice-président Ibrahima Sory Conté, du secrétaire général, Ibrahima Barry Blasco, de Laye Oumar Koulbaly et d’autres membres (non présents à Addis) au sein de l’instance du football continental, les rapports amicaux et fraternels, empreints de respect et d’admiration, entre le président, Issa Hayatou et son vice-président, Almamy Kabele Camara, d’une part, et Antonio Souaré, de l’autre (sponsor officiel de la double candidature de Guinée) ont fait le reste.
Ces personnalités du football guinéen présentes à Addis-Abeba depuis le 10 septembre (plus de 10 jours avant la date d’attribution) ont mené, jours et nuits, un intelligent et acharné travail de lobbying pour convaincre les membres du comité exécutif sur le bien-fondé de l’acceptation de la candidature guinéenne. Avec cette attribution officiellement annoncée par le président de la CAF, leur effort non sans accent patriotique est reconnu et récompensé.
L’histoire retiendra qu’ils sont les vrais artisans et parrains de cette victoire sportive dans un contexte socioéconomique presqu’impossible pour la Guinée (avec la malheureuse épidémie du virus à Ebola) d’attirer vers elle la confiance internationale. Et face à des pays comme l’Algérie, la Côte d’Ivoire économiquement plus outillés et armés et ou les chefs d’états ont été tes tranchants dans l’engagement politique, les chances de la Guinée était limitée pour 2019 ou 2021.
Mais, plus qu’une victoire, cette attribution pour la première fois est un triomphe que les autorités guinéennes devraient être en mesure d’apprécier. En commençant, à partir du plus haut niveau de l’état guinéen, par adresser les remerciements officiels de la Guinée au président de la CAF, Issa Hayatou. A comprendre aussi l’importance de la présence, au sein des grandes organisations internationales, des compatriotes comme Almamy Kabele Camara à la CAF.
Il n’est pas inutile de noter le soutien du personnel diplomatique guinéen en Éthiopie notamment l’ambassadrice, Hadja Fatoumata Kaba, qui a annulé un voyage officiel à New York pour être présenté aux côtés des responsables du football guinéen dans cette noble aventure.
A présent, la balle retourne dans le camp du gouvernement, principalement du président Alpha Condé, pour lancer dès maintenant, les gros investissements qui soutiennent l’organisation de la CAN en Guinée. Car, l’acquisition est une chose (déjà derrière nous), mais le pari de l’organisation est un défi lancé à toute la Guinée. Et c’est le président Alpha Condé qui devrait aujourd’hui prendre les mesures permettant d’honorer demain cette Guinée face à l’Afrique, mène si, constitutionnellement, l’honneur reviendra à son successeur d’accueillir l’événement en 2023. Mais, l’opinion nationale et internationale retiendra que c’est sous son magistère que la Guinée a, pour la première fois de son histoire, fait acte de candidature et a été choisie pour abriter les phases finales du plus prestigieux événement footballistique du continent. Ce n’est pas négligeable dans les archives d’une nation.
C’est le président François Mitterrand et son Premier ministre, Michel Rocard (tous socialistes) qui, en 1988, ont obtenu et engagé les investissements pour la coupe du monde 1998 en France, mais c’est un Président de droite, Jacques Chirac et un Premier ministre, (ironie du sort) socialiste en cohabitation, Lionel Jospin qui étaient les dirigeants de la France au moment de l’événement. C’est la règle du fonctionnement des états, la continuité.
Enfin, la CAF, toujours pour cause de l’épidémie à virus Ebola, a décidé que les matchs de la Guinée pour les éliminatoires de la CAN 2015 se joueront toujours à l’étranger.
Aboubacar Condé, depuis Addis Abeba