Je n’écris ni pour plaire ni pour plier. Je n’ai ni drapeau politique à défendre, ni intérêt à préserver. J’écris par devoir de lucidité, avec pour seule boussole la vérité et l’intérêt supérieur de la Guinée.
Dans un pays habitué aux contorsions intellectuelles et aux postures partisanes, affirmer une position claire devient presque un acte de dissidence. Mais je l’assume. Je salue la création de la Direction Générale des Élections (DGE), rattachée au ministère de l’Administration du Territoire. Contrairement aux cris d’orfraie de certains professionnels de l’indignation, je vois dans cette décision un pas courageux vers une réforme électorale sérieuse.
Il faut oser le dire : la CENI est un échec institutionnel total !
Créée dans l’enthousiasme naïf d’une indépendance de façade, elle s’est enlisée dans les querelles de quotas, les calculs partisans et les improvisations chroniques. Depuis sa mise en place, aucune élection n’a été à la hauteur des attentes démocratiques. Elle a alimenté la suspicion, attisé les tensions, et contribué à décrédibiliser le processus électoral dans son ensemble. Pire : elle a servi de paravent à l’irresponsabilité de l’État.
Face à ce constat d’échec, remettre l’organisation des élections entre les mains de l’administration n’est pas une trahison des principes démocratiques, mais un retour à la réalité des responsabilités régaliennes. Dans toutes les démocraties solides, c’est l’État, avec ses institutions, ses obligations, et ses contre-pouvoirs, qui organise les scrutins. Il ne s’agit pas de confier les clés à un parti, mais d’installer une architecture où la responsabilité est traçable, les décisions assumées, et les erreurs imputables.
La DGE, si elle est conçue avec rigueur, transparence, et contrôle, peut redonner à l’électorat une part de confiance perdue. Elle oblige l’administration à sortir de son confort bureaucratique pour se confronter à l’exigence du devoir électoral.
Alors oui, je préfère un État qui agit et répond de ses actes à une commission soi-disant indépendante mais impuissante et opaque. Le changement structurel, ce n’est pas dans les slogans, c’est dans les mécanismes. Et celui-ci, s’il est bien piloté, peut marquer une rupture salutaire avec les dérives du passé.
Je termine en réaffirmant une chose essentielle : toute décision prise par les autorités de la transition doit être évaluée à l’aune de la Charte qui régit cette transition. Cette Charte stipule, sans ambiguïté, que le président actuel ne peut être candidat. Il n’y a pas de zone grise ni d’interprétation équivoque. Le respect de cet engagement est la condition sine qua non de la légitimité future du processus.
En attendant, quand une décision va dans le bon sens, il faut avoir le courage de la reconnaître. La DGE pourrait bien être le début d’une nouvelle culture de responsabilité électorale. Encore faut-il qu’elle soit suivie d’actes à la hauteur de l’espoir.
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
Entrepreneur, auteur et expert en transformation stratégique
Caroline Du Nord, USA
Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.
À propos de l’auteur
Elhadj Aziz Bah est un stratège en transformation organisationnelle et un expert reconnu en gouvernance et leadership adaptatif. Formé à la prestigieuse MIT Sloan School of Management, où il a obtenu un Executive MBA, il a bâti une carrière internationale dans la finance, l’assurance et la santé avant de se consacrer à l’accompagnement des institutions publiques et privées. Spécialiste de l’agilité stratégique et de la performance des systèmes complexes, il intervient comme expert consultant auprès de gouvernements, d’ONG et de multinationales engagées dans la refonte de leurs modèles de gouvernance et de développement.
Il est également l’auteur du livre à succès « 8 clés pour la croissance personnelle et l’épanouissement », un ouvrage de référence qui allie introspection, discipline et vision pour accompagner les leaders et les citoyens dans leur cheminement personnel et professionnel.
Entrepreneur, analyste engagé et fervent défenseur de la rigueur institutionnelle, Elhadj Aziz Bah mobilise son expertise pour faire avancer les débats publics avec exigence, lucidité et ambition.