La Cour Suprême casse la décision de mise en liberté de 15 présumés auteurs de l’attaque contre la résidence du président guinéen
Guinée: Décidément !
Le moins que l’on puisse dire de la situation politique en Guinée est qu’elle se corse. En effet, pour « protester contre les violences perpétrées sur les militants de l’opposition et dénoncer la dérive dictatoriale du nouveau pouvoir de M. Alpha Condé », les principaux partis de l’opposition ont décidé de se retirer du gouvernement, de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et du Conseil national de la transition (CNT), qui fait office de Parlement.
La décision prise par les responsables des principaux partis de l’opposition regroupés au sein de deux coalitions : l’Alliance pour la démocratie et le développement et le Collectif des partis pour la finalisation de la transition, a été annoncée par l’ex-Premier ministre Lansana Kouyaté, après les violences contre des manifestants lors de la marche prévue lundi et non autorisée par la Police, qui visait à réclamer des élections législatives libres et transparentes et qui a donné lieu à des heurts lorsque la foule, qui tentait de se rassembler, a été dispersée.
Décidemment, la Guinée est gâtée par la Nature mais pas par les hommes qui la gouvernent. Après les frasques du grabataire Lansana Conté et les show du Capitaine Dadis Camara, le pays de Sékou Touré semble en effet être sous pilote automatique depuis 2010, son Président, le Pr Alpha Condé, s’occupant de tout, jusqu’au ramassage des ordures dans la capitale, sauf de l’essentiel, notamment la mal gouvernance, la corruption et les problèmes d’électricité. Force est de reconnaître que depuis qu’il a été élu et investi en décembre 2010, il peine à quitter ses habits d’opposant historique pour enfiler son costume de président. Les problèmes qu’il était censé résoudre demeurent, et le retard mis dans la tenue des élections législatives ne cesse de crisper la sphère politique ; certains y décelant la peur du chef de l’Etat que le contrôle de l’Assemblée nationale échoie à l’opposition. Sa récente promesse d’organiser le scrutin avant la fin de l’année est même perçue comme de la poudre aux yeux.
Le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » se noie-t-il ? En tous les cas, son enlisement est réel, et il faut craindre le pire pour ce pays, où les contradictions politiques se règlent le plus souvent par des voies non démocratiques.
Hyacinthe Sanou