La gendarmerie constate une ‘’augmentation notoire des actes criminels avec un changement de modes d’actions’’
Les services de sécurité et les acteurs de la chaine pénale se sont donné rendez-vous, le vendredi 13 septembre à la cour d’appel de Conakry, pour échanger autour de la problématique liée à la délinquance, à la criminalité à Conakry et villes environnantes. Il était question de réfléchir sur une batterie de mesures concrètes pour lutter contre l’insécurité dans la capitale.
Le commandant de la région spéciale de la gendarmerie de la ville de Conakry, le colonel Aguibou Mouctar Tall a fait part de son constat que la montée de l’insécurité. ‘’Nous observons une augmentation notoire des actes criminels avec un changement de modes d’actions’’, pose-t-il diagnostic, ajoutant que ‘’les statistiques révèlent une hausse des délits et crimes dans plusieurs endroits notamment les vols à mains armées, les assassinats, la détention, culture, vente, consommation et le trafic de stupéfiants’’.
Le patron de la gendarmerie de Conakry affirme que ‘’l’insécurité qui prévaut dans notre société ne peut être résolue par un effort isolé. Elle nécessite la mobilisation de tous les acteurs concernés dont entre autres les forces de l’ordre, la justice, les délégations spéciales ainsi que les institutions publiques et la société civile’’.
D’après son constat, ‘’le mode d’actions des délinquants ne cesse d’évoluer. En ce concerne la criminalité, les assassinats, si avant, les assaillants venaient à deux à trois pour attaquer des personnes, actuellement, ils étudient le terrain, viennent en groupe pour faire un bouclage des lieux et procèdent à l’opération avec une complicité d’un élément se trouvant dans l’enceinte de leur cible indiquée’’.
Sur la question du maintien de l’ordre public, le colonel Tall note qu’avant, ‘’les manifestations étaient programmées, mais actuellement, elles sont spontanées et sporadiques. Des drogués sortent d’un quartier, bloquent la route et commencent à jeter des pierres par-ci par-là. Il y a terreur sur la voie publique, le carambolage de véhicules. Aussitôt, ça se répercute sur d’autres endroits en banlieue. Ils s’informent entre eux. Cette situation engendre un sentiment d’insécurité dans le souci de créer un climat de psychose et terreur chez nos concitoyens et altère la confiance qu’ils portent à nos institutions’’.
Les causes de montée de l’insécurité
De l’avis du colonel Aguibou Tall, plusieurs facteurs sont à l’origine de la recrudescence de l’insécurité. Il cite entre autres l’existence de ‘’réseaux criminels organisés qui exploitent l’inattention des acteurs de la sécurité et la porosité de nos frontières pour se développer et prospérer’’.
Pour illustrer ses propos, il indique qu’u niveau des marchés de Koloma, Wanindara, T8, ‘’des boutiques et barraques sont là, mais au lieu que ce soit des lieux de vente de marchandises, ce sont des citoyens qui y habitent avec des jeunes et font du n’importe quoi. A ces endroits, les citoyens sont confrontés à une insécurité (…). Cela nécessité des mesures à tous les niveaux’’.
‘’Avec la porosité de nos frontières, nos débarcadères sont transformés en des lieux de transport, de vente et de consommation de tous genres de drogue et de prostitution. Cela nuit considérablement à la couche juvénile. Or, l’avenir d’une nation repose sur sa jeunesse. Sur ce, il est question que chacun fasse une prise de responsabilités à tous les niveaux, parce que ces débarcadères sont commandés par des structures. Les personnes y habitent doivent être identifiées et qu’il y ait une règlementation’’, propose-t-il.
Des pistes de solutions
Dans le contexte actuel, le commandant de la région spéciale de la gendarmerie de la ville de Conakry estime qu’il est impératif d’agir de manière coordonnée et stratégique. ‘’Ce n’est pas parce que nous sommes les forces de l’ordre que nous allons sursauter pour aller rentrer dans un débarcadère et dire qu’il y a ceci ou cela. Il faut une collaboration franche entre tous les acteurs de la chaine’’, souligne-t-il.
Il appelle à l’application stricte des sanctions pénales sur les personnes interpellées lors des patrouilles de démantèlement des temples supposés criminogènes et lors des manifestations liées au maintien de l’ordre public.
L’officier supérieur note que la décharge de Dar-es-salam n’est pas un lieu d’habitation. ‘’Imaginez que des cabarets soient érigés partout et qu’un ratissage s’effectue, des éléments sont interpellés, il y a même des champs de cannabis filmés et des photos à l’appui. Parmi ces éléments, il y a des mineurs qui appartiennent à des familles. Nous demandons qu’il y ait des sanctions contre les parents. Si les mineurs ne sont pas responsables, leurs parents qui les ont laissés errer dans la nature pourront être responsables. Cela pourra considérablement contribuer à une dissuasion de la délinquance’’, suggère le colonel Tall.
Il propose aux forces de sécurité d’intensifier les patrouilles dans les zones criminogènes, veiller au respect des règles d’engagement dans le cadre du maintien de l’ordre et établir des protocoles de communication efficaces et rapides entre la justice et la sécurité d’une part, les forces de l’ordre et les autorités locales, d’autre part.
Il appelle à sensibiliser davantage les populations à plus de collaboration avec les services de sécurité pour dénoncer tous les cas suspects à leur niveau, avant de proposer une création d’un comité concertation regroupant toutes les parties prenantes afin d’élaborer une stratégie globale et efficace.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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