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La Guinée au théâtre de l’absurde : Aliou Bah, deux ans pour une parole de trop

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Dans la Guinée de Mamadi Doumbouya, où l’épée de la justice semble n’avoir qu’un seul tranchant, le rideau s’est levé sur un nouvel acte de cette comédie tragique qu’est la liberté d’expression en terre guinéenne. Aliou Bah, président du parti MoDeL, éloquent, incisif, et désormais prisonnier, vient de payer le prix fort pour avoir osé parler, pour avoir osé penser, pour avoir osé dire.

L’offense au chef : l’outil préféré des régimes faibles

Offenser le chef de l’État. Voilà le chef d’accusation. Une formule aussi vague que commode, héritée des pires traditions autoritaires. Une formule qui permet à un pouvoir de se hisser au rang de divinité, intouchable, irréprochable, et, surtout, irréprochée. Que dit réellement cette condamnation ? Que Mamadi Doumbouya, ce chef d’État autoproclamé « refondateur », est si peu sûr de lui qu’il ne tolère pas le moindre écho discordant dans l’orchestration flatteuse de ses courtisans.

Mais n’est-ce pas là un aveu de faiblesse ? Dans l’histoire des nations, ce sont toujours les régimes vacillants qui ont fait de la parole un crime. Aliou Bah aurait donc commis une offense si grave qu’elle nécessitait l’emprisonnement d’un homme ? Deux ans pour un mot de trop ! Deux ans pour une vérité qui dérange. Mais au fond, que pouvait-on attendre d’un régime dont le slogan de refondation n’a produit qu’une dictature en habits neufs, en treillis ?

Le procès de la liberté d’expression

En condamnant Aliou Bah, ce n’est pas seulement l’homme qui est enfermé : c’est aussi la liberté d’expression qui, en Guinée, se meurt à petit feu. Ce procès n’était pas le procès d’un individu, mais celui d’un principe fondamental. Et Mamadi Doumbouya, en s’érigeant en juge de la parole, s’est posé en fossoyeur de cette liberté.

Pourtant, n’est-ce pas là une ironie cruelle ? Mamadi Doumbouya, celui qui a juré de rendre la Guinée plus juste, fait du bâillon sa principale arme de gouvernance. Aliou Bah, homme de convictions, homme de mots, homme d’idées, devient l’ennemi public numéro un dans un pays où les vrais ennemis – les disparitions forcées, la corruption, la pauvreté, le désespoir – prospèrent librement.

La satire d’un pouvoir à nu

Il y a dans cette condamnation une satire involontaire du pouvoir en place. En enfermant Aliou Bah, Mamadi Doumbouya et son régime se sont nus dévoilés : leur incapacité à convaincre, leur peur de l’opposition, leur panique face aux idées qui ne s’agenouillent pas. La condamnation d’Aliou Bah est la preuve que le chef de l’État, malgré ses uniformes de général, reste vulnérable aux simples mots d’un opposant. Un homme d’État véritable n’a-t-il pas la grandeur de supporter la critique ? Ou faut-il comprendre que Doumbouya craint la vérité plus qu’il ne craint l’Histoire ?

Une prison, une tribune

Pourtant, si l’intention était de réduire Aliou Bah au silence, elle pourrait bien produire l’effet inverse. L’Histoire est remplie de ces hommes qui, emprisonnés, ont vu leurs idées s’élever au-dessus des murs de leur cellule. Deux ans pour Aliou Bah ? Deux ans pour un mot de trop ? Ces deux ans pourraient bien devenir une tribune plus puissante que toutes les conférences de presse du CNRD réunies.

Mamadi Doumbouya a peut-être gagné une bataille, mais il pourrait bien perdre la guerre. Car en Guinée, le peuple se souvient. Le peuple voit. Et le peuple attend. Aliou Bah sortira. Et avec lui, la vérité qu’on a voulu faire taire.

Alors que reste-t-il ? Une justice aux ordres, un régime en quête de légitimité, et une Guinée toujours en quête de sa liberté. Mais, comme disait Voltaire : « Il est dangereux d’avoir raison dans des choses où des hommes puissants ont tort. » Et Aliou Bah, par son courage, nous rappelle que la vérité, même emprisonnée, finit toujours par triompher.

Boubacar DIALLO
Un citoyen guinéen conscient

1 commentaire
  1. Traore Mamadou dit

    Vous savez en Guinée, aucun parti politique ne défend son programme de société devant leurs militants, tous les opposants se livrent aux critiques grossiers vis à vis des personnes, surtout celles qui sont au pouvoir. Cela est une mauvaise chose et ça contribue d’ailleurs à exacerber la tension dans la société. Alors STOP aux critiques grotesques, OUI aux débats sur les projets de société car il y a assez de choses à débattre comme programme, cela va d’ailleurs aider le gouvernement à rectifier certaines choses (que ça soit dans le domaine de la santé, l’éducation, l’administration en général, même dans le domaine de l’armée. )

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