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La Guinée en panne de son opposition et de son pouvoir public qui jouent aux fanfarons

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[dropcap]L[/dropcap]a Céni propose l’inversion de l’ordre électoral, les politiques disposent. Mais, plus que jamais, le dialogue s’impose face à cette situation scabreuse. Aussi bien pour l’opposition qui a ses raisons de montrer ses biceps, mais aussi pour ce gouvernement obstiné à entretenir un dialogue de sourds et accusant à tort le camp d’en face de griller les arachides en faveur d’un putsch contre la démocratie en balbutiement.

Bakary FofanaLa tension politique actuelle née de la suspicion que nourrit la classe politique, notamment l’opposition vis-à-vis de la Céni est due en grande partie au déficit relationnel entre celle-ci et l’institution, à savoir : l’institution en charge des élections trouve toute sa légitimité politique dans le combat mené par la Société civile d’abord, et la classe politique toute tendance confondue pour une gestion transparente des élections. C’est ainsi qu’à partir de 2007, l’Assemblée nationale d’alors a adopté une loi organique portant création de la Commission électorale nationale indépendante qui avait comme mission essentielle la supervision du processus électoral.

Avec l’évènement du CNDD au pouvoir à partir du 23 décembre 2008, une ordonnance du CNDD conférait à la Céni à la fois la supervision et l’organisation des élections et des référendums en République de Guinée.

Cette double mission, sans les compétences humaines requises, alourdissait les responsabilités d’une institution qui n’était pas outillée pour ce genre de mission.

Après les Accords de Ouaga en janvier 2010 et qui ont conduit à la mise en place du Conseil national de la transition (Cnt), un nouveau Code électoral a été élaboré, intégrant ainsi à la fois l’organisation et la supervision.

C’est dans ce schéma que fut organisée l’élection présidentielle de 2010, avec toutes les erreurs de parcours que tout le monde connait.

En 2012, les partis politiques obtiennent la recomposition paritaire de la Céni après moult manifestations. Cette nouvelle équipe parvint en 2013 à enrôler 5.268.244 électeurs et à faire voter 3.687.187 électeurs au scrutin des législatives de 2013, grâce à la signature des accords politiques du 3 juillet 2013, sous l’égide de la Communauté internationale.

Ainsi, une assemblée plurielle de 15 partis, à travers 114 députés élus, siègent à ce jour à l’Assemblée nationale. Cette situation qui devait renforcer le processus démocratique et le dialogue constructif permanent devant consolider la stabilité du pays, ne favorisa guère le rapprochement de la classe politique : la cause principale étant pour l’opposition, que les résultats du scrutin législatif avaient changé la composition du paysage politique. Ce qui, par conséquent, diminuait sa représentation à la Céni.

L’opposition entama une nouvelle démarche de demande de recomposition de cette institution. Alors que l’institution, dans l’exécution de sa mission d’organisation des élections, à travers l’affirmation de son indépendance, s’éloignait progressivement de cette classe politique qui la jugeait incompétente.

Le déficit d’information vitale en direction de la classe politique et des citoyens de la part de plateforme de rencontre et de dialogue entre elle et cette classe politique ont contribué à faire considérer l’institution comme étant à la solde du pouvoir. Ainsi, à ce jour, il est regrettable de constater que l’institution en charge de la gestion des élections, ayant perdu sa crédibilité vis-à-vis d’une partie de l’opinion n’a plus la capacité de crédibiliser les opérations électorales dans un processus aussi important qu’essentiel pour asseoir la démocratie.

Cela suppose qu’il est indispensable que la Commission électorale nationale indépendante, avant tout processus de dialogue avec les parties prenantes, conçoive une plateforme de dialogue inclusif et de discussion ouverte à tous, avec la classe politique, la Société civile, les partenaires de la Guinée, afin de donner toutes les informations essentielles sur la transparence du processus et sur la neutralité de son organisation. Ce préalable favoriserait grandement le nécessaire dialogue qui est en train de se dessiner, pour éviter à notre pays, un blocage institutionnel.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info                  

00224 664 29 48 51/mady.bangoura@visionguinee.info

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