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La Guinée, encore à la croisée des chemins !

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Après des décennies de mauvaise gouvernance et ses conséquences désastreuses sur les populations, la Guinée réputée être le pays des rendez-vous manqués se retrouve une fois encore à la croisée des chemins.

La junte aux commandes depuis le 5 septembre 2021, date de la fin brutale du règne d’Alpha Condé vient de décliner la durée de la transition qui devrait aboutir à l’élection d’un Président civil. Cette transition dirigée par le Colonel Doumbouya annonce de grandes reformes tant juridiques, économiques, sociales que foncières.

Si la majorité de la population salue les actes posés par la junte jusqu’à maintenant, nombreux sont sceptiques quant à l’issue de cette transition. La question la plus cruciale consiste à savoir si cette junte parviendra à organiser des élections libres, démocratiques, transparentes et crédibles comme elle le promet.

Le CNRD que certains guinéens à tort ou à raison taxent d’être le RPG sans Alpha Condé est accusé de nominations à relents ethniques et régionalistes, de complaisance vis-à-vis des barons du régime défunt malgré les poursuites déjà annoncées, risque d’être confronté à des sérieuses difficultés dans l’organisation et la conduite de ces élections dans la neutralité et l’impartialité.

Malgré ses déclarations de bonne intention, la junte au pouvoir est soupçonnée par certains acteurs politiques et de la société civile d’avoir un agenda caché voire une appartenance politique dans la lutte en perspective pour le contrôle du pays.

La récupération des domaines supposés appartenir à l’Etat et les méthodes utilisées contre les anciens premiers ministres et dirigeants des grands partis politiques de l’opposition confortent ces soupçons et commencent à créer une certaine méfiance vis-à-vis des dirigeants de la junte.

La Guinée parviendra-t-elle cette fois-ci à rompre avec la tradition des élections bâclées comme cela fut le cas de celles de 2010, qui ont vu l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir ? C’est un pronostic difficile quand on connait la place qu’occupent la communauté et la tribu dans la vie politique nationale. Le CNRD et le Conlonel Mamady Doumbouya pourront-ils résister aux pressions communautaires et autres clans et réseaux d’influence ? Bien malin celui qui pourra nous le dire.

En tout état de cause, le Colonel Mamady Doumbouya a eu la chance d’arracher le pouvoir à Condé et Cie au moment où la Guinée et les guinéens étaient à l’agonie, ce qui lui a donné une certaine légitimité et lui a permis d’imposer à ces concitoyens et au monde un chronogramme à sa guise. L’indélicatesse du pouvoir de Condé et la lutte acharnée de l’opposition et du FNDC ont servi de base au colonel et à sa suite de régner sans grande opposition, c’est une forme de légitimité même si elle est dans l’illégalité.

Des interrogations et non les moindres persistent au sein de l’opinion. La justice sera-t-elle la boussole de la gouvernance de Doumbouya comme déjà annoncé ? Les poursuites récemment annoncées par le procureur Charles Wright aboutiront-elles ? Ou bien serviront elles à se débarrasser des pions gênants tant parmi les barons du régime défunt que de l’opposition ?

Si jusqu’à maintenant la junte continue de bénéficier d’un Etat de grâce, rien ne prouve que cela va continuer. La révision du fichier électoral ou le recensement général de la population, la détermination des conditions de participation aux élections locales, législatives et présidentielle en perspectives réservent bien de surprises pour qui connait la Guinée. L’opposition et le FNDC commencent déjà à retrousser les manches en annonçant la reprise des manifestations de rue pour se faire entendre, même s’il est difficile pour le moment de justifier de telles menaces.

L’âge du colonel Doumbouya, les actes déjà posés malgré des couacs constatés et décriés çà et là, l’exaspération du peuple, les annonces du colonel ainsi que les bonnes intentions et les reformes déjà engagées constituent des points forts sur lesquels il devrait bâtir, mais la réussite dans la préparation et l’organisation des élections crédibles et acceptés de tous  détermineront la réussite de la transition guinéenne et celle du CNRD. C’est la réussite de celles-ci qui permettra à la Guinée de reprendre le chemin de la stabilité et du développement économique et social d’une part, et permettre au Colonel Doumbouya de sortir par la grande porte, d’autre part. Les enjeux sont énormes et le CNRD est sous les loupes.

Il appartient au Colonel Doumbouya de tenir parole et de mériter la confiance placée en lui, c’est-à-dire organiser des élections libres, indépendantes et crédibles dans l’impartialité, la neutralité et dans les délais fixés. Tiendra-t-il jusqu’au bout ? Attendons de voir.

Boubacar Siddy Dieng
Citoyen guinéen

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