La Guinée frappée par une épidémie de rougeole: ‘’Nous demandons aux parents d’accepter de vacciner les enfants’’, conseille un médecin
Face à l’épidémie de rougeole qui sévit actuellement en Guinée, Dr Mouctar Sow, médecin pédiatre, rappelle l’importance de la vaccination. Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, il est revenu sur les modes de transmission et de prévention de cette maladie qui, selon lui, reste et demeure un problème de santé publique malgré tous les efforts fournis depuis plusieurs années.
VisionGuinee : La Guinée est frappée par une épidémie de rougeole. Les plus touchés sont les enfants, parfois même des adultes ne sont pas épargnés. Expliquez-nous pourquoi ?
Dr Mouctar Sow : Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la rougeole est une maladie virale fortement contagieuse et très grave, parfois même mortelle. Par rapport à l’épidémiologie, il faut retenir que la rougeole, compte tenu de sa gravité, est une maladie qui survient partout dans le monde, que ce soit dans les pays développés ou en voie de développement. Elle reste une cause importante de morbidité et de mortalité infantile, malgré l’existence, depuis les années 1960, d’un vaccin très efficace. Mais jusqu’à présent, elle demeure un problème de santé publique.
Tous les pays dans le monde offrent un vaccin à leurs populations selon le calendrier de vaccination qu’on appelle, dans notre jargon, le Programme élargi de vaccination. Son mode de transmission peut être direct. Lorsque la personne infectée touche ou éternue sans se couvrir, soit avec le coude, soit avec un mouchoir, elle peut émettre des gouttelettes de Flügge. Si une autre personne passe à ce moment-là, elle peut facilement inhaler ces gouttelettes et être contaminée.
C’est pour cette raison que le malade atteint de la rougeole doit être protégé, parce que ce virus peut être contaminant durant les 30 minutes qui suivent son émission. Il ne peut survivre que pendant deux heures maximum.
Parlant de la contamination indirecte, c’est lorsque les gouttelettes de Flügge se déposent sur une surface, et que les mains de personnes non malades se souillent à ce niveau, elles peuvent également être infectées.
Comment reconnaître les symptômes de cette maladie ?
La symptomatologie de la rougeole n’est pas très riche, mais il y a quelques signes qui peuvent nous orienter vers une atteinte de la rougeole. De la contamination à l’apparition des premiers signes, cette durée varie de 7 à 18 jours. Pendant cette période, elle peut être accompagnée d’une forte fièvre allant de 38 à 39 degrés, voire plus.
On observe aussi la présence d’un catarrhe oculo-nasal, qui peut se manifester par des éternuements, un écoulement nasal (rhinorrhée), une toux sèche le plus souvent, parfois même une pharyngite.
Au bout de quelques jours, des éruptions cutanées de type maculo-papuleuses peuvent apparaître. Ce sont des lésions simples qui se manifestent sur le corps humain, en commençant derrière les oreilles et en descendant jusqu’aux pieds. Ces éruptions sont saillantes, formant un petit relief de taches rouges.
Y a-t-il un traitement spécifique ?
Jusqu’à présent, il n’y a pas de traitement spécifique qui nous dise qu’iil faut prendre ce produit-là pour traiter l’enfant ou l’adulte. Mais il existe des mesures préventives et symptomatiques permettant de prendre en charge le malade.
Qu’est-ce qu’il faut faire si on se rend compte qu’on est atteint de la rougeole ?
Il faut se rendre dans un centre de santé le plus proche pour bénéficier des soins appropriés.
Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui utilisent toutes sortes de décoctions pour soigner les malades sans les envoyer à l’hôpital ?
Les décoctions sont contre-indiquées parce qu’elles entraînent des complications. Ils doivent venir se faire consulter dès qu’ils constatent ces symptômes, surtout en période d’épidémie de rougeole, pour éviter que la maladie n’évolue vers des complications redoutables et mortelles.
Quelles peuvent être les complications de cette maladie ?
Les complications sont parfois redoutables. Elles peuvent être d’ordre métabolique : l’enfant peut avoir une perte d’appétit, ce qui peut l’empêcher de manger. Il peut aussi avoir des lésions au niveau buccal, des complications pulmonaires, ou encore des lésions cérébrales appelées encéphalite rougeoleuse. Il existe également des complications au niveau des yeux, comme la cécité. D’où l’importance d’administrer de la vitamine A dès l’hospitalisation pour prévenir les cas éventuels de cécité ou de lésions oculaires.
Il faut aussi corriger la déshydratation par l’apport de solutions de réhydratation orale qu’on appelle l’Orasel. Il est également nécessaire de fournir une alimentation riche et variée pour corriger la dénutrition chez l’enfant.
On constate que les décès ont baissé par rapport aux années précédentes. Qu’est-ce qui a changé ?
Le mode de vie a certainement beaucoup changé. Depuis les années 1960, avec l’instauration d’un vaccin antirougeoleux mis à la disposition de tous les pays, chaque pays a adopté un calendrier vaccinal adapté à sa situation sanitaire.
En Guinée, à partir du 9ᵉ mois, l’enfant doit recevoir la première dose du vaccin, et la deuxième dose doit être administrée entre le 12ᵉ et le 15ᵉ mois. C’est ce qui a certainement contribué à la régression des décès liés à la rougeole.
Votre mot de la fin ?
Nous devons vérifier si nous sommes vaccinés. Dans le cas contraire, il faut se faire vacciner, sauf en cas de contre-indication. Parce que la rougeole reste et demeure un problème de santé publique.
Nous demandons aux parents d’accepter de faire vacciner leurs enfants, pour sauver non seulement l’enfant, mais aussi son entourage.
Merci docteur.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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