[dropcap]J[/dropcap]ohn Fitzgerald Kennedy disait : « Ne sacrifiez jamais vos convictions politiques pour être dans l’air du temps ». La transhumance politique est devenue si courante dans notre pays que le phénomène a tendance à se banaliser pour le commun des guinéens.
Ce comportement de ces « politiciens » toujours à la recherche du profit, du bien-être individuel, du quotidien en un mot, fait qu’un climat de méfiance et de non confiance s’est installé entre les acteurs politiques d’une part et entre eux et les citoyens d’autre part. Pour beaucoup de citoyens aujourd’hui, la politique est l’art de tromper les gens juste pour atteindre ses objectifs personnels. Alors que la réalité est toute autre.
A vrai dire, pour comprendre le degré de déception du peuple, il suffit juste de prendre le taux d’abstention enregistré pendant les élections législatives passées pour réaliser combien de fois le peule est plus que déçu des façons de faire de certains hommes politiques.
Vraisemblablement, depuis l’avènement du multipartisme en 1990 dans notre pays, jamais le nomadisme politique n’avait atteint le niveau qu’il a aujourd’hui dans notre Pays. La scène politique ressemble à un cirque de Clowns où se jouent les piètres scènes déconcertantes, désorientantes et démoralisantes .Certains hommes politiques, tout comme leurs habits, changent de position en fonction de la direction du vent. Partout il y a du vent frais et doux, ils n’hésitent pas à marcher sur leur honneur et dignité pour s’y retrouver.
Tel le virus Ebola, cette migration ou vagabondage politique gangrénant l’atmosphère politique est devenue une menace dangereuse pour la démocratie dans notre pays. Des hommes politiques transhument comme des bétails d’animaux à la recherche de pâturages. En un mot, la démocratie guinéenne est à l’épreuve de l’alimentaire.
Il faut aussi dire de passage que cette pratique profite à tous les partis politiques, toutes tendances confondues, et ne cesse de prendre des proportions inquiétantes pour les nouvelles générations.
Chaque samedi dans les assemblées générales des partis politiques, des cérémonies d’accueil de nouveaux militants venus d’autres formations politiques sont organisées .Ceux-ci sont présentés comme étant des trophées de guerre par les leaders qui veulent élargir leur base politique ;cela est une victoire pour ces leaders mais par contre une véritable honte pour la démocratie. Car, contrairement à ce que certains piètres politicards veulent nous faire croire, la politique est une affaire de conviction et qui dit cela, dit fidélité, objectivité et raisonnement.
Malheureusement, ce phénomène (nomadisme) ne peut être combattu aussi facilement dans un pays comme le nôtre. Il ne faut donc pas se leurrer. Car, l’atmosphère interne au sein des formations politiques est rarement démocratique. Les militants et cadres intègres sont écartés au profit des militants de la 25ème heure venus avec de gros moyens pour mettre le Parti dans leurs poches.
Les convictions ont foutu le camp et ont cédé la place aux affaires.
Les hommes d’affaires, ceux ayant occupé de hautes responsabilités dans ce pays et dont le passé n’est pas du tout honorable, voient le terrain politique comme une opportunité de faire fructifier leurs business, et de se faire une place au soleil sous ce régime. Ainsi, ils ne se contentent plus de soutenir les hommes politiques, mais préfèrent descendre dans l’arène politique pour sauvegarder leur carrière et réaliser leurs rêves .
Bref, on ne se bat plus pour défendre telle ou telle conviction en se rangeant derrière telle ou telle position .Tout se fait en fonction de la direction prise par le vent. L’essentiel, c’est d’être du bon côté du vent. Cela nous pousse même à nous demander sur l’héritage politique qui sera laissé aux générations futures ?
Par Sayon MARA