Le 25 novembre, journée internationale de la violence contre les femmes, les organisations féminines d’Allemagne ont manifesté à Berlin devant la porte de Brandenbourg.
La violence à l’égard des femmes est la violation des droits humains la plus répandue dans le monde. Environ une femme sur trois a subi un acte de violence au moins une fois dans sa vie, sous la forme de coups et blessures, d’insultes, de harcèlement sexuel ou, dans les pires cas, de féminicide, soi-disant “crime d’honneur’’.
Les féminicides sont malheureusement en augmentation. Le cas de l’athlète ougandaise aux Jeux olympiques de Paris, Rebecca Cheptegei, 33 ans, aspergée d’essence et brûlée vive par son compagnon, montre le visage hideux de la violence à l’égard des femmes.
Tout comme les viols répétés sur Gisèle Pelicot, une Française 71 ans qui a eu le courage de porter plainte contre son ex-époux et de se montrer à visage découvert au tribunal pour que, dit-elle, «la honte change de camp». Selon l’accusation, son ex-mari Dominique Pelicot l’a droguée pendant près de dix ans, a abusé d’elle et l’a fait violer par environ 70 autres hommes. Tous ces prédateurs sexuels doivent être sévèrement sanctionnés.
Le procès fait actuellement les gros titres en France. La sentence est prévue pour la fin du mois de décembre 2024.
Au sein de l’Union Européenne, nous avions mené en vain une bataille acharnée pour que le viol soit inclus dans la directive. Le viol, qui est un rapport sexuel non consenti, est un crime abject. En tant que tel, il doit être inclus afin d’être éradiqué le plus rapidement possible, et surtout criminalisé.
L’Espagne a renforcé sa législation contre le viol, introduisant l’obligation d’un consentement explicite. Surnommé “seul un oui est un oui », ce texte, qui porte officiellement le titre de «loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle », a été approuvé en août 2022. Les autres États membres de l’Union Européenne et du monde entier devraient suivre cet exemple.
Bien que 125 pays au monde condamnent la violence conjugale, car elle a de lourdes conséquences sur le psychisme des victimes et met en péril ces femmes, la plupart des pays sont frileux à légiférer, tout comme à introduire, par exemple, la notion de consentement.
Tous ces actes de violence tels que les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les viols, le harcèlement, affectent la santé des filles et femmes.
À cela s’ajoute la pédopornographie, l’abus sexuel et la traite et la séquestration de femmes qui alimentent ainsi l’industrie du sexe qui connaît un boom économique sans précédent.
La violence contre une femme est une atteinte contre son intégrité, et c’est également parfois une arme utilisée dans les régions en conflit, par exemple, l’Ukraine ou les actes de violence deviennent l’arme contre les femmes ou la République démocratique du Congo où les femmes de ce pays nous ont à plusieurs reprises interpellés à ce sujet, lors de nos missions parlementaires.
La Convention d’Istanbul est le premier instrument en Europe à établir des normes juridiques pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Le débat sur la ratification de la convention d’Istanbul, au mois de mai 2023 au sein du Parlement Européen est un événement historique qui entrera dans les annales de l’histoire des femmes.
Nous saluons donc cet acte juridique qui a été ratifié par la majorité des États membres de l’Union Européenne. Seuls six États refusent de ratifier la convention d’Istanbul et ainsi, ils bafouent les droits de leurs citoyennes. La convention d’Istanbul protège les droits fondamentaux de toutes les femmes et les filles, victimes de violence, y compris celles qui sont marginalisées , indépendamment de leur origine, de la couleur de la peau, de leur religion etc.
Le projet de la «Charte UE-ACP sur la violence basée sur le genre», projet que nous avons co-initié dans le cadre de l’UE-Afrique au sein de l’Assemblée parlementaire paritaire (ACP-UE, pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et qui a été adopté à l’unanimité le 29 février 2024 à Luanda, Angola, aura un impact positif dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Si ce projet est mis en œuvre au cours de l’actuelle législature, il permettra de lever le tabou sur la violence à l’égard des femmes et, qui sait, de l’abolir progressivement, afin de parvenir à la tolérance zéro.
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana