[dropcap]C[/dropcap]e vendredi, à l’ouverture des travaux des journées de concertation sur l’organisation et la coordination du travail gouvernemental, le président de la République a dénoncé les tares de l’administration guinéenne.

Il affirme : ‘’Cette administration est caractérisée par l’irresponsabilité, le manque de contrôle, le manque de sanction, le copinage, l’ethnocentrisme. C’est une administration inefficace et corrompue. Quand on ne connait pas une maladie, on ne peut pas la guérir. C’est pourquoi, nous n’avons aucune gêne à faire appel à l’expérience des autres pays. Or, si on ne transforme pas l’administration guinéenne, le développement sera extrêmement difficile’’

‘’Vous avez l’impression qu’il n’y a pas de gouvernement, parce que chaque ministre fait comme s’il était autonome. Certains pensent que l’information c’est pour eux, il n’y a pas de communication’’, a-t-il poursuivi.

Ce discours qui est un constat de l’évidence est à la fois un aveu d’échec de ce que vous avez prétendument présenté comme étant les réformes de votre gouvernance et aussi une parfaite contradiction de votre slogan démagogique ‘’le progrès en marche’’.

La position que vous occupez qui est celle de la fonction présidentielle vous oblige à agir au lieu de faire des constats comme tous les guinéens. Vous êtes ‘’élus’’ pour mener des actions, pas pour vous lamenter. Sinon la porte de sortie n’est pas fermée. Vous avez sanctionné combien de cas de corruption et d’incompétence ? Quels sont vos critères de nomination et d’évaluation ? Les réponses à ces questions sont connues par chacun de vos compatriotes.

Bâtir une administration composée de militants amateurs, d’informateurs et de haineux ne peut produire que de l’inefficacité et de la corruption. S’en étonner donc relève de la mauvaise foi et de la manipulation qui vise à trouver un bouc émissaire pour justifier vos échecs.

Revendiquer avoir mené plus de 40 ans de combat politique ne donne pas le droit d’ignorer la dimension du mal guinéen. Une fois au pouvoir, vous devriez plutôt mettre en application votre vision de développement (ce que vous n’avez jamais eu apparemment).

Par ailleurs, les faits et les pratiques confirment, effectivement, votre impression qu’il n’y a pas de gouvernement en dehors de l’architecture classique. Chaque ministre évolue à votre rythme, il ajuste son agenda à vos desiderata, ses priorités à vos humeurs et son action à vos intérêts. Bref, le gouvernement est le reflet de ce que vous êtes vous-même. Votre manque de résultats n’étonne que vous.

Par contre ce qui étonne les guinéens, c’est le fait que malgré votre énième mea culpa et aveu d’impuissance, vous n’ayez toujours pas pris la sage et intelligente décision de démissionner pour ainsi mettre fin à nos souffrances et nos inquiétudes d’un lendemain incertain. C’est l’issue la plus honorable qui reste à Monsieur l’opposant historique qui est devenu président dans les faits mais est resté opposant gauchiste dans l’âme et les méthodes.

J’avoue que la mutation n’est pas aisée mais les grands hommes réussissent toujours ce passage obligatoire pour ainsi faire des résultats. On les appelle les hommes d’État. L’histoire s’écrit et notre président restera toujours un homme politique. La différence est de taille.

Par Aliou BAH

Directeur de communication du Bloc Libéral (BL)