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L’Afrique, nouvel eldorado des investisseurs

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A quelques rares exceptions près, l’Afrique est en chantier. Partout ou presque, sur le continent, des grues se hissent en même temps que le niveau de vie. Et si l’Afrique était, comme l’affirment un certain nombre d’experts depuis le début du troisième millénaire, la « dernière frontière » de l’économie-monde ?

Pour les organisations qui coéditent* le rapport Perspectives économiques en Afrique, les 54 pays du continent comptent depuis 2012 un total de 1,04 milliard d’habitants. Un chiffre qui devrait doubler d’ici vingt ans, représentant alors 20 % de la population mondiale. Cela, joint au fait que le continent enregistre des taux de croissance qui depuis une décennie avoisinent les 5 % (seulement 3,4 % en 2011 en raison des révolutions arabes), explique pourquoi le continent est à un tournant.

Dans ce tableau globalement positif, l’Afrique subsaharienne tire particulièrement bien son épingle du jeu. Les prévisionnistes du Fonds monétaire international lui prédisent une croissance pour 2013 supérieure à 5,5 %, avec quelques champions de la croissance : la Gambie, la Zambie, le Mozambique, le Ghana, qui dépassent ou avoisinent les 8 %.

Désormais, le consommateur africain intéresse le reste de la planète. Le dernier rapport du cabinet McKinsey** prédit qu’à l’échelle du continent le chiffre d’affaires du secteur de la consommation (vente en gros, au détail, banque, télécommunications et tourisme) devrait croître de 400 milliards de dollars (300 milliards d’euros) d’ici à 2020.

Selon Acha Leke, directeur chez McKinsey, où il dirige le bureau de Lagos, cette tendance devrait s’affirmer, car « les réformes aux niveaux micro et macroéconomique adoptées par les Etats les rendent à présent plus résistants aux chocs [des crises] ». Notant le fait que « l’Afrique a le second taux [au monde] de retour sur investissement », Acha Leke, le premier à avoir théorisé, avec son équipe, l’émergence des « lions africains » (puissances économiques en devenir), constate qu’un « nombre élevé de compagnies se ruent vers l’Afrique pour avoir leur part de ces opportunités ».

Une nouvelle « ruée vers l’Afrique » est donc en cours (la première était celle des puissances colonisatrices). Des compagnies venues d’Asie (Chine en tête) ou d’Amérique du Sud rejoignent les partenaires plus traditionnels, comme les Etats-Unis. La société américaine General Electric table sur une croissance à deux chiffres de son chiffre d’affaires sur le continent dans la décennie à venir et muscle son dispositif africain.

L’Afrique, en termes de perspectives, peut compter sur ses ressources naturelles (pétrole, gaz et minerais). Parmi les cinq zones d’exploration gaz et pétrole les plus prometteuses observées en 2012 sur la planète, d’après le site Oilprice.com, figurent deux régions d’Afrique : celle de la vallée du Rift (région du lac Turkana) et surtout celle de la façade est du continent, riche en gaz, de l’océan Indien.

Ces découvertes ont des conséquences directes sur d’autres secteurs. En décembre, lors du dernier rassemblement consacré au secteur du gaz à Maputo, au Mozambique, de très nombreuses banques étaient présentes. Dans le nord du pays, où devront être construites des infrastructures incluant une usine de liquéfaction géante, tout est à faire. Tout est à financer. Le far east mozambicain attire des immigrés européens.

Si l’Afrique est la « nouvelle frontière » des investisseurs, cela ne signifie pas que tous ses problèmes sont réglés. Même si les conflits y ont fortement diminué à l’échelle continentale, l’instabilité menace encore (Sahel, Corne, Grands Lacs). De plus, l’industrialisation stagne ou régresse, rendant la croissance trop dépendante des matières premières et de la variation de leurs cours.

Le sort d’un pays comme la Zambie, producteur de cuivre (6,9 % de croissance en 2012), est directement lié aux cours du métal rouge. Que la demande mondiale s’affaisse et l’économie zambienne s’en ressentirait immédiatement.

De plus, l’évolution démographique de l’Afrique n’en fait pas qu’un réservoir de consommateurs. Plus de la moitié de la population africaine est âgée de moins de 20 ans (contre 28 % en Chine). Bruno Losch, chercheur au Cirad, auteur d’un ouvrage sur le sujet***, a calculé que « 330 millions de jeunes Africains arriveront sur le marché du travail dans les quinze prochaines années. C’est la population actuelle des Etats-Unis ».

Potentiellement, une jeunesse au chômage menace tous les acquis de la croissance. Mais, dernier enseignement des études de McKinsey, 84 % des 11 000 personnes interrogées se disent certaines de voir leur sort s’améliorer dans l’avenir. C’est peut-être cela, aussi, le tournant.

Les médias chinois parient sur l’avenir de l’Afrique

Quand la Chine crée un journal, elle ne choisit pas l’Europe, mais l’Afrique. Le quotidien en langue anglaise de Pékin, China Daily, a lancé, à Nairobi, à la mi-décembre, le premier numéro d’Africa Weekly, un hebdomadaire consacré aux échanges économiques et politiques entre la Chine et l’Afrique. « Les relations entre la Chine et le continent africain sont parmi les plus importantes dans le monde d’aujourd’hui », affirmait l’éditeur et rédacteur en chef du China Daily, Zhu Ling, dans son éditorial à la « une » du premier numéro. L’hebdomadaire de 32 pages, vendu 1 dollar américain, comporte de nombreuses publicités pour des sociétés chinoises. Nairobi, la capitale kényane, est en passe de devenir le hub médiatique de la Chine. Elle accueille déjà le siège régional africain de l’agence chinoise Xinhua (Chine nouvelle) ainsi que les studios de CCTV Africa, où est réalisé le décrochage quotidien de la chaîne chinoise d’informations internationales consacrée à l’Afrique.

Le Monde

Par Jean-Philippe Rémy – Johannesburg

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