L’ancien footballeur Salam Sow parle de ses liens avec Lansana Conté : ‘’Je pouvais l’appeler à 5h du matin’’
[dropcap]L’[/dropcap]ancien sociétaire du Syli national et ancien milieu offensif, Abdoul Salam Sow, assure qu’il était chouchouté par le président d’alors, le général Lansana Conté. L’ancienne gloire du football se souvient encore du soutien de l’ancien chef de l’Etat au sSli national de Guinée.
Après 14 ans sans participer à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations, la Guinée a décroché son ticket pour prendre part à l’édition 1994 de cette compétition africaine. Salam Sow estime que la participation du Syli à ce tournoi continent est le fruit du soutien du général Conté à l’équipe nationale.
‘’A Libreville [lors des éliminatoires de la CAN 1994], deux heures avant le coup d’envoi du match, il y a eu un problème autour du brassard. Enlever le brassard à Socra [Mohamed Sylla] qui joue à Libreville pour le donner à Titi était pour moi un problème d’éthique pour le groupe (…). On ne voulait même pas aller au stade. Quand Salifou Super V et Fodé Baya Fofana sont rentrés dans ma chambre pour me dire d’aller monter dans le bus, je leur ai dit je n’irai nulle part tant qu’on ne rend pas le brassard à Socra’’, se souvient le Golden boy.
‘’Mais à un moment donné, quand je suis sorti de la chambre, j’ai entendu le téléphone sonner. Au bout du fil, le président Lansana Conté. Il m’a dit ‘toute la Guinée vous attend, battez-vous pour vos mamans, je veux la qualification’. Je lui ai dit ‘peut-être que nous allons mourir sur le terrain mais après 14 ans d’absence, l’heure est venue pour le Syli de participer à la CAN’. Dans les vestiaires, je n’ai pas raconté ce que Lansana m’a dit. A 10 minutes du coup d’envoi du match, j’ai rassemblé tout le monde et j’ai demandé à l’entraineur et aux autres membres du staff de nous excuser’’, précise-t-il.
Il était question pour lui de gonfler à bloc le moral de ses coéquipiers pour arracher le ticket de qualification. ‘’J’ai dit à l’équipe ‘après 10 ans, l’heure est venue ! On nous attend à Conakry, ce n’est pas cette équipe qui va nous arrêter, même le président nous attend’. Je n’étais pas le capitaine, mais j’étais le leader incontestable. C’est comme ça qu’on s’est qualifiés aux tirs au but’’, rembobine, assurant qu’il s’était promis d’être ‘’l’’un des partisans pour le Syli à la coupe d’Afrique’’.
Ses liens avec le président Conté
Sur la chaine privée CIS TV, le Golden Boy a revelé que le défunt président aimait la franchise. ‘’Je lui disais la vérité et il aimait cela (…). Il m’a pris sous ses ailes. Ce n’était pas seulement mon président, il était un père. En 2007, c’est lui qui m’a demandé de rentrer au pays. A mon retour, il était déjà fatigué’’, souligne Salam Sow.
La Guinée était l’une des équipes les plus attendues à la phase finale de la CAN 2014. Mais le syli national est tombé sur des grosses pointures dans sa poule : le Sénégal et le Ghana. Avec un match nul contre le Sénégal et une défaite contre le Ghana, Salam et ses coéquuipiers ont quitté la compétition.
‘’On ne pouvait pas s’en sortir. Pourtant le président Lansana Condé avait dépêché deux ministres […] Mais il n’y avait pas d’harmonie dans le groupe. La fédération n’était pas à la hauteur de l’équipe. Même au niveau du classement, il y avait de problèmes de parenté. Lors d’une réunion, à un moment donné, j’ai quitté la salle. Titi m’a demandé de revenir. Je lui ai ‘soit on fait le classement ou bien on laisse les autres le faire. Socra n’était pas blessé, mais le médecin l’a déclaré forfait. C’était une façon de donner l’occasion à quelqu’un d’autre. C’est comme ça qu’on a mis Socra sur le banc alors qu’il méritait d’être titulaire. On ne pouvait pas passer, c’était impossible’’, estime-t-il, 26 ans après les faits.
Après avoir connu l’échec de la Coupe d’Afrique des nations, la Guinée va rater l’édition de 1996 malgré son ticket de participation, à cause des questions politiques. ‘’C’est en ce moment que j’ai eu un dernier accrochage avec le président Lansana Conté. Avant ça, je pouvais même l’appeler à 5 heures du matin’’, se souvient-il.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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