[dropcap]L[/dropcap]e raggaeman guinéen, Elie Kamano, dans ces derniers temps, n’est pas si tendre avec le pouvoir d’Alpha Condé. Son discours de « faire partir le président en 2015, par tous les moyens possibles », est une menace. Une menace que je trouve légitime, donc défendable.
Aucun guinéen ne peut le douter aujourd’hui, que le président Alpha Condé et son gouvernement ne jouent pas la transparence dans la gouvernance du pays. Ceci n’est un secret pour personne. Même les inconditionnels du parti au pouvoir le savent. Mais pour des intérêts égoïstes, et non communs, ils se réfugient et continueront à se réfugier dans l’irrationnel.
L’irrationnel est absolument défini dans le temps, car le rationnel – ou la transparence dans la gouvernance politique – finit toujours par s’imposer. Le scénario politique récent, et en cours au Burkina Faso, est une preuve évidente.
Cependant, ce rationnel qui finit toujours par s’imposer ne se produit pas par magie. Il faut des actions significatives multiples par une participation des citoyens.
Pour donner vie à la démocratie, les gens doivent participer. D’où l’importance des partis politiques qui jouent un rôle critique dans le processus de participation.
En Guinée, et depuis l’arrivée du président Alpha Condé au pouvoir, les partis politiques de l’opposition ont vivement signifié leur position et leur volonté pour participer à la construction d’une démocratie transparente. Et toujours, Alpha Condé et son gouvernement ont constamment piétiné toute démarche politique entreprise par l’opposition, allant dans ce sens.
C’est un constat qu’Alpha Condé ne veut pas, et ne souhaite pas la participation de tous dans la démocratie voulue par les guinéens. Il refuse l’avènement d’une démocratie transparente. Ce qui est un grand problème. Car si la démocratie ne s’ouvre pas à tous, elle échoue et elle ne pourra plus nous servir.
Dans un tel contexte politique corrompu, démagogique, populiste, et irrationnel, où la voix de l’opposition politique est de loin rejetée, déconsidérée et sabotée, notre artiste raggaeman, Elie Kamano se fait entendre. Il dénonce Alpha Condé, et tout le mensonge qu’il fabrique pour tromper les guinéens, dans le seul but de se maintenir au pouvoir.
Le propos de l’artiste est légitime, c’est-à-dire normal, car fondé sur la raison. Quelle place mérite-il un régime qui ment et trompe ? Quel jugement faut-il émettre envers un pouvoir perdu et sans aucune volonté de faire le sérieux ? Comment peut-on juger Alpha Condé qui, hier, qualifiait Lansana Conté de dictateur, et aujourd’hui affirme le contraire ? Comment juge-t-on le président guinéen, qui insulte et accuse les anciens ministres de Lansana Conté d’être des individus qui ont foutu l’économie du pays à terre, mais qui en même temps nécessite leur service pour conforter son programme économique ?
Elie Kamano n’a-t-il pas raison quand il déclare qu’Alpha Condé ne doit plus être au pouvoir en 2015, et qu’ « il le ferait partir par tous les moyens possibles » ? Le propos est défendable. Le raggaeman monte le ton, qu’il peut d’une manière ou d’une autre, participer à la construction d’une véritable démocratie en Guinée. Une participation que le chef d’Etat refuse à tous les guinéens.
Le président Alpha Condé est un homme ambigu. Avons-nous besoin d’un chef ambigu à partir de 2015 ? Elie Kamano ne le voit pas ainsi, et il le fait savoir.
Naby Laye Camara
Bruxelles
Monsieur Naby Laye Camara. Je crois que tu as perdu la raison. Il serais ridicule de confondre la pomme-de-terre à l’angleterre. Et saches vraiment que «là où s’arrête ta liberté que c’est là où commence celle des autres». Oui! Il bon de critiquer, mais positivement. Si tu ne peut pas contribuer au développement, ne contribue non plus à la destruction.