[dropcap]L[/dropcap]a fièvre virale due à Ebola sévit depuis plus d’un an en Guinée. Au moment où les autorités du pays, ainsi que leurs partenaires disent entamer la dernière ligne droite dans la riposte à cette épidémie, des réticences sont signalées dans plusieurs localités du pays où les populations soupçonnent ces autorités de les conduire à la mort une fois qu’elles se rendent à l’hôpital ou quand elles acceptent de faire pulvériser les habitations, ou encore les empêchent la gestion du corps de leurs parents décédés d’Ebola.

La préfecture de Forécariah figure en bonne place parmi ces localités réticentes face aux services des agents de la Croix rouge. En mission de travail ce mardi 31 mars dans la localité, notre reporter a interrogé une corporation exposée à la propagation de la maladie : ce sont les conducteurs de taxi-moto.

Pour le jeune élève Diallo, conducteur de taxi-moto dans la commune urbaine, ‘‘c’est un secret de polichinelle que de parler de l’existence du phénomène Ebola à Forécariah, qui est pourtant une réalité tangible’’. C’est pourquoi il déclare prendre toutes les dispositions pour éviter la maladie, en se lavant les mains à l’eau de javel et au savon après chaque transport de passagers. Diallo invite par la suite les populations de Forécariah à croire en l’existence d’Ebola.

M’Bemba Tolno, également conducteur taxi-motard retient d’Ebola la mort tragique d’un ami de la corporation qui en est décédé il y a environ 3 mois. Sur les circonstances de cette disparition du sien, Tolno explique que le défunt a contracté la maladie lors du transport d’un passager malade qui se rendait à Layah chez un guérisseur traditionnel.

‘‘A son retour, dit notre répondant, il a commencé à notifier les symptômes de la maladie. Conduit au centre de traitement de Conakry, il y a rendu l’âme’’. Hormis les mesures hygiéniques qu’il dit respecter par peur de contracter la maladie, M’Bemba Tolno double les chemises pour se mettre à l’abri de tout contact corporel avec ses passagers.

La section syndicale provinciale a aussi été endeuillée par la mort d’un collaborateur. Le secrétaire administratif du syndicat des transporteurs et de la mécanique générale de Forécariah a contracté la maladie aux côtés d’un de ses amis, un commandant de la police qui servait à Maférinyah.

L’activiste Naby Bangoura, ancien secrétaire à l’éducation décèdera avec ses deux épouses. C’est du moins l’information fournie par le secrétaire administratif de la section syndicale de Forécariah, Kerfalla Camara qui indique que depuis, sa section initie une série de rencontres de formation et de sensibilisation toutes les semaines à l’intention des syndicalistes et des transporteurs sur les mesures à observer pour éviter d’embrasser la maladie.

Quoiqu’une réalité vivante l’existence de la fièvre Ebola dans cette partie de l’ouest de la Guinée, le préfet N’Fansoumane Soumah note avec amertume la résistance de certaines populations de sa localité dont Layah à l’implication des agents de la Croix Rouge pour un enterrement digne et sécurisé des corps morts d’Ebola. ‘‘La dernière en lice date du weekend dernier’’, rappelle le préfet.

Mady Bangoura pour VisionGuinee.Info

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