L’avocat de Kassory Fofana se fâche : ‘’Personne n’est à l’abri des bavures, des irrégularités et injustices en Guinée’’
Alors que les débats doivent reprendre 15 janvier 2025 dans le procès de Kassory Fofana, les avocats de l’ancien Premier ministre ont sollicité une récusation du juge Lansana Soumah et de l’assesseur Fodé Kadjaly Keita, membres de la Chambre du jugement de la Cour de répression des infractions Économique et financière (CRIEF).
La défense de Kassory Fofana a soulevé des questions d’inconstitutionnalité et demandé le transfert du dossier à un autre tribunal. Après avoir écouté le ministère public et les avocats du prévenu, le juge Lansana Soumah a rejeté les requêtes, avant de renvoyer le procès au 15 janvier.
‘’La question d’inconstitutionnalité est déjà tranchée par la cour suprême le 29 juin 2024. Vu les dispositions des articles 742 du code de procédure pénale et 142 de la loi sur la cour suprême, la cour rejette la requête d’inconstitutionnalité parce que déjà tranchée par la Cour suprême et renvoie l’affaire au 15 janvier 2025’’, a déclaré le magistrat.
Une décision qui n’est pas du goût du camp de l’ex-chef du gouvernement. Maitre Sidiki Bérété a rappelé qu’à l’audience du 31 décembre 2024, la CRIEF a ordonné la comparution personnelle de l’ancien Premier ministre Kassory Fofana.
‘’Nous avons déposé au moins trois requêtes. La première, c’était la récusation du président Lansana Soumah et de l’assesseur Fodé Kadjaly Keita. Il va falloir répondre à cela pour permettre au président de la CRIEF de se prononcer par rapport à la récusation’’, a-t-il martelé.
‘’La deuxième requête, c’était le changement de tribunal à un autre pour des questions de suspicions légitimes. Imaginez une cour qui renvoie l’audience au 6 janvier 2025, rétropédaler pour faire programmer le 31 décembre. L’avertissement devrait laisser au moins 5 jours francs à Dr Kassory Fofana s’il doit être jugé. On a établi l’avertissement le 30 et la comparution le 31 décembre’’, a déploré l’homme de droit.
Il a rappelé que son client a été ‘’autorisé à se soigner par un arrêt qui n’a pas été attaqué. La cour refuse de l’exécuter et d’examiner l’arrêt d’interprétation pour ordonner la comparution d’un prévenu malade qui ne peut pas se tenir débout. Comme on veut l’humilier, on ne veut pas respecter la dignité des citoyens, personne n’est à l’abri des bavures, des irrégularités et injustices en Guinée, tout le monde exposé dans cette transition. Kassory Fofana est victime de cela, comme plusieurs autres guinéens’’.
‘’Nous avons soulevé l’inconstitutionnalité. Il appartenait à la cour suprême de se prononcer sur nos deux recours sur le changement du tribunal par rapport aux suspicions légitimes, doutes qui planent sur la crédibilité de la CRIEF. Une CRIEF, créée par décret-loi, n’a pas de légitimité. Elle est en porte-à-faux avec la loi d’organisation judiciaire de la République de Guinée. Quand le justiciable ne fait plus confiance à un magistrat, il a le droit de le récuser. Nos requêtes devraient permettre à Kassory Fofana de bénéficier d’une justice équitable et impartiale’’, a-t-il argumenté.
Il a déploré le fait que ‘’malheureusement, la cour a rejeté nos demandes. A la place de la cour suprême, elle n’a pas attendu la décision du président de la CRIEF. Elle a ordonné que Kassory Fofana se présente à l’audience du 15 janvier 2025. Nous allons venir pour voir comment ils vont tenir l’audience au mépris de l’arrêt d’évacuation sanitaire de Dr Kassory et de son état de santé, qui est malade et qui ne peut pas se tenir débout’’.
Pour Maitre Bérété, ‘’l’heure est grave pour la dignité. Kassory est victime de séquestration, d’humiliation, de règlement de comptes (…). Il est malade, mourant, on lui refuse des soins. On veut le faire taire et le tuer à petit feu’’.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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