[dropcap]P[/dropcap]ar l’action salutaire de jeunes Guinéennes et Guinéens, notre pays (la Guinée) vient d’ouvrir la page à sa vraie indépendance en 2021.  Le 5 septembre est plus que le 28 septembre, à mon avis.  

Le vote du 28 Septembre 1958 qui résonna à travers le monde cachait une réalité que peu d’observateurs avait pu prévoir : le danger que représentait un amalgame de convictions contradictoires qui existaient au sein de l’élite politique d’alors.

Sous la bannière de l’unité nationale plusieurs intellectuels guinéens et dirigeants de partis politiques acceptèrent de s’unir pour faire de la Guinée un pays capable de se gérer et d’être une pépinière de Travail, Justice et Solidarité.  Hélas !  Nous savons tous ce qui se passa dès 1961.

La dérive qui s’en suivit est l’objet de plusieurs ouvrages dont des témoignages de personnes qui furent victimes de la révolution totale et globale qui engloutit le pays tout entier dans la misère. La Révolution ou la mort a apporté plus la mort que le développement du pays. La première République décapita avec zèle l’élite intellectuelle, commerciale et militaire du pays

Notre indépendance acquise hier (5 Septembre, 2021) doit nous donner l’occasion de faire face à notre responsabilité collective dans la protection de notre pays, la Guinée.  Nous devons tous souscrire à la réalité que notre pays est délimité géographiquement en quatre régions naturelles.

La Guinée n’est pas faite de trois roues. Nous devons tous aussi reconnaître que le pays a souffert de plusieurs fléaux au cours des six premières décennies parmi lesquelles nous pouvons citer deux qui ont contribué à faire de la Guinée un des pays les plus pauvre du monde :

1. L’utilisation de la machine de l’État à des fins politiques

Depuis notre accession à l’indépendance, nos administrations successives ont été toujours jonchées d’individus qui n’ont aucune compétence et expertise pour l’exécution des fonctions qu’ils occupent. Un bon nombre des cadres supérieurs doivent leur place à un militantisme aveugle.

Notre justice a toujours été complètement inféodée au pouvoir. Notre système judiciaire est incapable de dire la loi.  « Les sirènes révisionnistes » sont en charge.

Tous les opposants sérieux y compris ceux de la nouvelle génération (Oumar Sylla alias Foniké Mangué, Etienne Soropogui, Bogola Haba, etc…) sont indexés et toute action par la société civile allant dans l’élan de corriger la mauvaise trajectoire qui nuit à notre pays est réprimée par la force dont l’état détient le monopole.

          2. La création et la protection d’une association d’extrémistes et fossoyeurs des ressources de la Guinée

Pendant longtemps, notre pays a été gouverné par une élite qui a élevé l’incompétence comme critère fondamental et requis pour la participation à la gestion des affaires du pays. Toute dénonciation de cet état de fait est considérée comme un délit, voire un crime.

Certains défenseurs de cette situation utilisent leur appartenance ethnique pour justifier leur soutien aux régimes successifs. Ils s’attaquent généralement à toute personne opposée au système de gouvernance sur le simple fait que leur patronyme indique une appartenance ethnique différente. Cette politisation de l’ethnicité est un raccourci pour masquer la gabegie financière et l’exploitation désorganisée de nos ressources naturelles.

L’identification de nos problèmes doit être faite de manière sereine et sans démagogie.  L’objectif fondamental étant de tirer les leçons requises pour éviter de répéter les erreurs du passé.  Cet effort ne doit pas être une chasse aux sorcières. Monseigneur Sarah « Quo Vadis Domine ? »

Notre indépendance nous servira bien, si nous reconnaissons nos erreurs et cherchons à nous débarrasser légalement des truands qui rôdent autour du pouvoir.  Plus facile à dire et écrire qu’à réaliser.  Cependant, notre destin commun le demande.

Le premier pas requiert que toutes nos classes politique, intellectuelle, civile et religieuse s’expriment, de manière objective, pour dire que le changement c’est maintenant.  Comme le disent nos frères et sœurs Malinkés : « Nous pouvons certainement bénéficier de la grâce divine sans sauter au ciel.  « Mo di Allah Yen Imi Djan » !

Le Colonel Mamady Doumbouya et son équipe nous ont ouvert la porte pour participer à la création d’une Guinée Unie où le patriotisme, la compétence et l’intégrité seront les points cardinaux pour participer à la gestion du pays.

Ne ratons pas cette nouvelle indépendance qui nous séparera de la débâcle des six dernières décennies de l’histoire récente de la Guinée.  Prêt à servir pas pour se servir.  Patriotisme Oblige !

Dr. Ablo Bah
Professeur de sociologie
Columbia, MO