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Le bilan d’Alpha Condé, vu par la presse étrangère

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« Guinée is back ! » C’est sans doute une des phrases-clés prononcées par Apha Condé il y a deux ans lors de son investiture. En ce 21 décembre 2010, devant les grands juges de la Cour suprême et un aréopage de chefs d’Etat dont certains ont entre-temps quitté le pouvoir soit par la petite porte (ATT du Mali), soit par la grande (Salou Djibo du Niger), et sous l’œil amusé de son camarade du lycée Turgot Bernard Kouchner, le nouvel élu a beaucoup promis. D’ailleurs avait-il le choix face à un peuple qui a souffert le martyre sous la dictature de Sékou Touré et le « Contisme » Obtus du « Pêssè » (celui qui parle cru en langue Soussou) ?

Et ce jour-là, l’assistance témoin de l’événement et, au-delà, la communauté internationale étaient convaincus que si la réussite d’un mandat se mesurait à l’aune de l’obstination, du courage et du refus de la compromission, alors l’enfant terrible de Boké en Guinée maritime aurait toutes les cartes en main pour enfin dépêtrer cet autre pays scandale géologique et château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, de la misère crasse dans laquelle il se débat depuis Malthusalem.

En effet, il n’a jamais composé ni avec Sékou Touré ni avec Conté, au contraire, il a connu l’exil sous le premier et goûté aux délices des geôles du second.

Hélas à mi-parcours de ce premier bail, le locataire du palais de Sekoutoureya a déçu pour deux raisons principales :

Premièrement, il n’a pas su se défaire de ses oripeaux d’opposant pour endosser les habits neufs de président de la République. Oubliant qu’il est désormais chef de l’Etat, même s’il garde la haute main sur le RPG, son parti, et la coalition arc-en-ciel, qui l’a porté au pouvoir, il a continué par exemple à guerroyer inutilement avec Cellou Dalein Diallo, qui est certes un opposant sérieux, mais n’est guère qu’un chef de parti ! Lui est président de la République !

Si on ajoute le fait qu’il a souvent cette propension à jouer les arbitres dans certaines querelles bizantines intra RPG ou contre l’UFDG, convenons-en, derrière le président affleure bruyamment l’opposant historique « Il appelle même au port pour s’enquérir de l’arrivée d’une cargaison de riz ou autre », affirment certains.

Apocryphe ou pas, cette anecdote prouve que le n°1 guinéen veut s’occuper de tout, on le comprend, il y a tant à faire, mais il doit s’atteler à des taches supérieures et déléguer, avec impératif catégorique de rendre compte.

Deuxièmement, il semble également un peu prisonnier de ce passé de poil à gratter des régimes précédents et de son passage à la tête de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France, la fameuse FEANF (1964-1975). Bref, Alpha Condé, qui s’est prévalu d’être le président de la rupture, a du mal à brûler les scories de ce passé, dont, à l’évidence, il ne peut se passer.

Enfin, voulant récompenser ceux qui l’ont fait roi, il a composé avec certaines personnalités, qui ont contribué à conduire la Guinée là où elle est, c’est-à-dire à la banqueroute.

Comme le faisait remarquer son compatriote et écrivain Thierno Monenembo, « Apha Condé a conservé le même personnel politique lugubre, et n’a pas pris le soin de ravaler un tant soit peu les façades de la maison Guinée avant de s’installer ». Le prix Renaudot est peut-être un peu sévère avec le président Condé, car il était quasiment impossible dans la Guinée de 2010 de trouver les oiseaux rares qui n’ont jamais composé ni avec le Silly (Sékou Touré), ni avec Fory (Lansana Conté).

En tout cas deux ans après son mandat, l’inertie est palpable en Guinée, et les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. On semble pédaler dans la choucroute. Certes il y a des frémissements, et les partenariats noués à longueur de journée via des audiences au palais Sékoutoureya avec d’autres pays sont autant de promesses qu’il faut concrétiser. Mais il manque toujours ce déclic, ou plutôt ce catalyseur, pour mettre debout tous les Guinéens comme un seul homme.

Il reste 3 ans à l’enfant de Mamadou Condé et de Saran Camara pour donner ce tempo du vrai développement. Et dementir la croyance qu’en Afrique, les bons opposants font souvent de piètres présidents. Pour le moment, Guinée is not back !

L’Observateur Paalga

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