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Le conflit : la force motrice de la politique

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[dropcap]P[/dropcap]ersonne ne souhaite être dans une situation conflictuelle. Nous souhaitons tous la paix. Mais la paix, souvent, ne s’obtient  qu’après avoir connu le désagrément.

Naby Laye BruxellesLe désagrément, c’est le sentiment qu’une bonne majorité des guinéens éprouve avec la présidence d’Alpha Condé. Qu’on le veuille entendre ou non, le leader du RPG n’est pas à la hauteur de sa tâche. Son inexpérience en politique, son caractère rancunier et son mépris pour  l’autre, sont à la base d’une frustration sociale dans le pays, sans précédent,  depuis l’indépendance en 1958.

Ce qui signifie que la politique ne joue plus son rôle en  Guinée. Celui de permettre aux guinéens de poursuivre des projets communs, et d’aborder leurs conflits  dans la marque d’une structure de règles.

Le manque de respect à la structure de règle est source de conflit politique. Le conflit politique, et lorsque le pouvoir se préoccupe pour l’intérêt général, peut être résolu d’une manière pacifique. A travers la négociation, des accords et le compromis. Mais dans certaines circonstances, et lorsque le pouvoir ne pense qu’à ses intérêts égoïstes, le conflit politique peut être violent, avec des manifestations monstrueuses, ou guerres ouvertes. Voire une intervention des forces armées pour assurer  une  transition politique.

Le pouvoir d’Alpha Condé  préoccupé par des intérêts égoïstes, le conflit politique guinéen ne peut être résolu, malheureusement, qu’avec des manifestations monstrueuses, et par l’intervention des forces armées pour mettre de l’ordre dans la maison.

Mettre de l’ordre dans la maison, c’est-à-dire imposer l’autorité de la structure de règles. Mettre de l’ordre dans la maison, c’est aussi détruire toute tendance politique visant à frustrer socialement les guinéens.

Les deux grands partis du pays étant ethnocentristes, et tant que l’autorité de la structure de règles n’est pas établie,  la victoire de l’un ou de l’autre, sera toujours une source de conflit politique.

Aujourd’hui, le RPG au pouvoir, tous les appareils de l’Etat sont dirigés à  plus de  70%  par l’ethnie du président, le malinké. Incontestablement, l’UFDG au pouvoir demain, ce sera le même scénario : l’ethnie peule dominera les appareils de l’Etat, et la frustration sociale changera de camps pour s’installer chez les malinkés.

Avec cette lancée, on n’en finira jamais avec le conflit politique. Le conflit sera là toujours avec la lourde  conséquence  que la politique ne jouera  plus son rôle. Et quand la politique ne fait pas ce qu’il faut, comme le cas présentement en Guinée, tout reste à l’arrêt. Et le plus grave, c’est quand le pouvoir d’Alpha Condé ne se rend pas compte du fait, et continue la fanfaronnade autour  des inaugurations  de  simples  ponts construits, ou la réalisation de quelques  axes routiers, sous la mamaya de la Radio télévision guinéenne. L’histoire de faire croire que le pouvoir central satisfait le besoin des citoyens.

Dans mon  article précédent, j’écrivais que la candidature de Sidya, pour représenter l’opposition à la prochaine échéance présidentielle,  serait une aubaine pour la Guinée. Mon affirmation n’est ni  pour provoquer quiconque,  ni pour soulever des passions des uns contre des autres.  Une présidence de Sidya Touré mettrait fin  à la frustration sociale, et permettrait aux guinéens, pendant une période de cinq ans,  d’aborder, de revoir et de discuter intelligemment   sur  ce que nous voulons de notre structure de règles, de nos procédures, de nos institutions, bref de notre Constitution.

A  défaut de Sidya, il faudra absolument une autre solution qui contournerait les partis RPG d’Alpha Condé, et UFDG de Cellou Dalein Diallo. Ces deux partis ne sont pas mauvais en soi, seulement ils ont besoin d’être recadrés. Un parti qui privilégie l’intérêt particulier au détriment de l’intérêt général, ne fait pas la politique, plutôt  cultive la haine et la frustration sociale.

La Guinée, depuis 2010, vit  un sérieux conflit politique. Une situation de bon augure, car le conflit est une force motrice de la politique. La présence de conflit pousse à la réflexion, et permet des  ouvertures. Des ouvertures peuvent aboutir aux négociations  et accords, si le pouvoir à le bon sens. Et si non, des ouvertures empruntent des voies violentes, dont les manifestations monstrueuses, ou  l’intervention de l’armée.

L’opposition guinéenne est sans faute dans ses revendications démocratiques. Que les élections se déroulent dans la transparence, c’est un engagement que le président Alpha Condé méprise. Ce mépris à la règle fondamentale de la démocratie  doit être puni. Un candidat unique de l’opposition, ou des manifestions monstrueuses, ou l’intervention de l’armée,  puniraient Alpha Condé, et permettraient aux guinéens, tous les guinéens, de vivre dans la paix et sans la haine de l’autre,  en résolvant tout leur conflit sur la marque d’une structure de lois.

Naby Laye Camara

Bruxelles

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