[dropcap]U[/dropcap]ne lettre, N°0261, datée – tenez-vous bien – du 18 juin 2014, signée du président de l’Assemblée nationale Claude Kory Kondiano avait été adressée à l’UFDG, à l’UFR et au RDIG. C’était pour les informer de la présence, le 17 juin, du PM dans le cadre de la lettre de politique générale « qui n’intervient que maintenant ».
Cette correspondance post datée donc venue bien après le passage du PM, invitait les députés de l’opposition à venir suivre « les sujets à débattre qui sont d’intérêt national et d’une grande importance pour le pays ».
De qui se moque finalement Kory Kondiano ? A quoi sert cette correspondance, bien décalée par rapport à l’évènement ? Des questions et d’autres qui rassurent plus d’un de la mauvaise foi du législatif quant à sa réelle volonté de trouver à son niveau, une solution à la crise opposant pouvoir et opposition. Cette correspondance insensée de Kondiano met en doute la sincérité de l’autre correspondance adressée aux opposants. Kory Kondiano se dit en effet surpris de l’attitude de l’opposition « en raison de la bonne atmosphère de convivialité, de respect mutuel et d’esprit de patriotisme que vous et nous avons réussi à instaurer au sein de notre institution ».
Pour prouver sa bonne foi, le président du parlement, rappelle aux opposants que : « l’Assemblée nationale a accédé à votre demande de sa mise à contribution pour rechercher à notre niveau des solutions pouvant répondre à vos préoccupations. C’est dans cette logique qu’ont été programmés pour être examinés en plénières : le code électoral et la loi sur la CENI, et que nous avons accepté d’interpeler le gouvernement sur les sujets qui ne relèvent pas de l’Assemblée nationale. » Ce rappel des faits n’occulte nullement les grosses interrogations qui alimentent la raison d’être du courrier adressé aux opposants le 18 juin dernier. Cette mauvaise foi est épousée par le Premier ministre lui-même. C’est comme si au sein du pouvoir et du Parlement, ils avaient cela de commun : le voleur qui crie au voleur. Ils prônent le dialogue et refusent d’en créer le cadre.
Lors de sa déclaration de la politique générale, Saïd Fofana déclarait : « Je regrette la décision de l’opposition de suspendre sa participation aux travaux de l’Assemblée nationale. Quels que soient les revendications et griefs de l’opposition, je lui demande de revenir à l’hémicycle où il y a un cadre de dialogue privilégié pour débattre des questions d’intérêt national. Le respect du mandat qui nous est dévolu à tous par le peuple, doit primer sur toutes les autres considérations d’intérêts. C’est à travers le dialogue constructif, que nous apporterons des solutions appropriées aux attentes des populations », soutient le Premier ministre. Est-il réellement conscient de cet état de fait ? Manifestement non, tant et si bien que le dialogue que réclame l’opposition, c’est à lui-même Saïd Fofana qu’il revient d’en aménager le cadre, comme le recommande la Constitution. Une réelle hypocrisie en somme !
Thierno Fodé Sow (in GuineeActu)