Ce mardi 17 octobre, dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre, le journaliste de la BBC à la retraite, Amadou Diallo était à la barre pour apporter son témoignage sur ces  douloureux évènements. Pour notre confère, toutes les issues du stade de Conakry étaient fermées.

Devant le tribunal, l’ancienne voix de la BBC à Conakry a brandi le matériel de travail qu’il détenait le lundi 28 septembre 2009. ‘’Le jour du massacre, j’avais ce matériel. J’ai enregistré le colonel Tiègboro avec cet appareil’’, fait-il savoir.

‘’En dehors du colonel Tiègboro, avez-vous remarqué la présence d’autres officiers, des hauts gradés au stade ?’’, lui demande l’un des procureurs. ‘’Non ! Je n’ai pas remarqué, c’est le seul que j’ai vu (…). Il y avait un béret rouge qui était très violent’’, répond Amadou Diallo.

Il dit n’avoir pas eu la possibilité de de compter le nombre de victimes. ‘’C’est difficile de faire une estimation. Mais j’ai vu beaucoup de morts. C’est lorsqu’on sortait du stade que j’ai commencé à voir les victimes. Il y avait des morts, mais aussi personnes blessées qui demandaient de l’aide. Malheureusement, on ne pouvait pas les assister. A ce moment précis, on ne pouvait pas dénombrer le nombre. Ce n’est pas cela qui nous venait en tête. Dans le papier que j’ai fait ce jour, c’étaient 87 morts, d’après des sources hospitalières’’, rappelle-t-il.

‘’Toutes les issues du stade étaient-elles bloquées ?’’, cherche à savoir l’empereur des poursuites. Et notre confrère de répondre : ‘’Toutes les issues étaient fermées. Comment le savoir ? Je n’ai pas parcouru tout le stade. Mais, à mon avis, c’était facile de savoir que les issues sont fermées parce que les gens couraient dans tous les sens. Ça veut dire qu’il n’y avait pas de passage. Mais le grand portail était ouvert. On pouvait sortir par là. Je suis un miraculeux, je suis un chanceux. Parce que je suis sorti escorté là-bas. Beaucoup de personnes tentaient de sortir par ce grand portail.  J’ai même vu un mur non loin de ce grand portail qui était effondré sous la pression des manifestants qui cherchaient de passage à tout prix’’.

Selon M. Diallo, ‘’ce carnage, c’est la tristesse et c’était malheureux. Je suis en train de rédiger un libre autobiographique sur ce que j’ai vu depuis que je couvre l’actualité guinéenne. Journaliste de BBC et de la RTG depuis 1986, je dis ce qui est arrivé au stade était lamentable parce que ça n’aurait pas dû arriver étant donné que c’était juste une manifestation. Il fallait laisser les gens aller manifester. D’ailleurs, ce jour-là, il n’y avait même pas de sonorisation, aucune disposition n’avait été prise. Donc, Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo, Mouctar Diallo, François Fall, Jean Marie Doré ne pouvaient pas se faire entendre. Personne ne pouvait se faire entendre. Les leaders et leurs militants allaient se retrouver là, chanter, danser, prier et retourner à la maison. Donc, ce n’était pas une idée intelligente de déployer des militaires au stade et faire ce qu’ils ont fait’’.

‘’Est-ce que les manifestants étaient armés ?’’, lui demande-t-on. ‘’Non ! Je n’ai pas vu des manifestants armés. Mais j’ai vu des manifestants jeter des projectiles sur des gendarmes et des policiers’’, clarifie-t-il.

Amadou Diallo se souvient que ‘’les rues étaient désertes. Il n’y avait que des militaires visibles. J’ai une consœur qui travaillait pour MPA, la radio nationale américaine écoutée partout aux Etats-Unis qui m’a dit à Dakar après le massacre qu’elle est venue à Conakry pour faire des enquêtes. Elle m’a dit et elle l’a dit dans une interview accordée à BBC qu’on lui a dit que des femmes ont été regroupées, violentées et violées dans une villa pendant 5 jours,. J’ai son témoignage sur ça. Le 28 septembre 2009, les hôpitaux étaient débordés et manquaient de médicaments. Je le dis, de sources hospitalières’’.

Abdoulaye Bella Diallo, pour VisionGuinee.Info

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