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Le journaliste Amadou Diouldé Diallo rend hommage à Idrissa Camara et remercie Antonio Souaré…

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[dropcap]A[/dropcap]lors que je sèche à peine mes larmes suite au décès et à l’enterrement, dimanche, à Sanoyah de koto Ibrahima, le premier garçon de mon oncle et maître Elhadj Farba Kendo Sow Kakony, voilà que la nébuleuse vient de me frapper au cœur de mes intarissables souvenirs universitaires.

En effet j’ai partagé la classe de première et deuxième années de la faculté des Sciences Sociales de l’Université Polytechnique ‘’Julius Nyeréré’’ de Kankan avec Idrissa Camara, alias ‘’ambiance’’.

Une bonne brochette d’étudiants venus de tout le pays constituait cette classe d’excellence que le temps confirmera par la suite: Sékou Koureissy Condé, Boubacar Yacine Diallo, Fanta Oulen, Bakary Camara, Prosper Guilavogui, Oumar Tounkara, Mamadou Saliou Samara, Banal Kassé, les cousines Yatou Bangoura et Mamey Sylla, Fatoumata et Taibou Diallo, Ahmed Kanté, Gaoussou Touré, Mamadouba Soumah Tessema… La liste est longue.

Mais, nos professeurs: Saà Moundekeno, Aboubacar Cissé, Alkhaly Bangoura, Mouminy Makarinko, Bouba Touré et Mousto Diallo étaient fiers de nous. Car, nous constitutions une sorte de crème sélectionnée de tout le pays, tant notre intelligence et notre curiosité étaient manifeste.

Il était l’un des meilleurs de la classe, cet Idrissa Camara. Petit Soussou joyeux, bon vivant, qui sortait certainement pour la première fois de Conakry pour aller à la recherche du savoir dans la Savane. A l’IPK où l’igname était la nourriture principale, la vie était dure. Peu importe, le savoir a un prix.

Au bout de 2 ans, ponctués de vacances souvent passées dans la plaine de Banfélé, où rarement en visite dans nos familles, Idrissa empruntait alors le train, le Conakry-Niger, pour venir à Conakry et se constituer quelques paquets pour la rentrée. Alors, quand, parfois, dans la profondeur de la nuit, les contrôleurs se mettaient à nos trousses, nous changions de wagon pour finir au-dessus. Sans se soucier des risques encourus. Léfarani, la première gare à 18 kilomètres de Kankan, laissait explosait notre joie de sortir de l’enfer alimentaire de l’Université Polytechnique Kankan.

Deux ans (1977-1978) avec Idrissa Camara à kankan, concours en poche, nous voilà à Poly Conakry. Il est orienté en Philo-Histoire et termine avec brio ses études. Il donne des cours au lycée, réalise des émissions culturelles à la RTG avant de venir illuminer le Ministère des Sports de la Culture et du Patrimoine Historique de son génie créateur en complicité parfaite avec Jeannot Williams et Isto Keira.

Idrissa Camara était un maître ès Sciences Sociales, vif et réactif, à l’aise dans tous les domaines avec un don de la réplique digne d’un surdoué.
Il était comique aussi. Utilisant la satire pour détendre l’atmosphère et faire passer ses messages, tous porteurs de la marque singulière des lettres dans toutes leurs composantes.

En prose ou en poème, Idrissa Camara était une bibliothèque ambiante qu’on ne pouvait jamais surprendre par un mot ou une phrase dans un débat. De telle sorte que ceux qui ne possédaient pas les armes et les munitions pour constituer l’artillerie lourde, trouvaient toujours le subtil moyen de l’éviter. Sinon se mettre en face du grand maître vous exposait à la risée publique.

C’est le lieu et le moment de dire grand merci à notre frère Antonio Souaré qui constitue, aujourd’hui, la plus grande articulation portante de la Guinée et des Guinéens. Il fait dans le sport, la culture et surtout dans l’humanitaire.

C’est lui qui a fait évacuer Idrissa Camara à Monastir en Tunisie pour ses soins. Et comme Dieu récompense toujours le bienfait, voilà que Antonio Souaré, président de la FEGUIFOOT, présent dans la ville natale du président Habib Bourguiba pour le match Libye-Guinée de ce lundi, assiste aux derniers instants de Idrissa Camara. Il est en train de prendre les dispositions pour le rapatriement du corps de l’illustre disparu qui, on le sait, assisté, a perdu sa mère, il n y a pas longtemps.

Cet Antonio Souaré mérite respect et considération. Car, dans cette Guinée de prétentieux, de vantards et d’égoïstes et d’arrogants, l’enfant de Wondima est tout seul dans la générosité et le partage à tous les Guinéens, sans exclusive, ce qu’il a cherché à la sueur de son front ici et ailleurs depuis 40 ans. A ce jour, c’est un cas unique en Guinée.

C’est pourquoi, je me permets, au nom de toute notre classe, de toute la 15e promotion Tito, de dire merci à Antonio Souaré pour ce geste. Un de plus envers notre frère et ami Idrissa Camara qui, je l’espère, aura droit à des obsèques digne du valeureux fils de Guinée qu’il a été. Paix à son âme. Amen!

Amadou Diouldé DIALLO
Journaliste et historien

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3 commentaires
  1. Dr. Mohamed Fode Fofana dit

    Idrissa Camara fut un grand ami de promotion a l’IPK ainsi qu’a l’IPGAN. Je l’ai rencontre lors de l’un de mes sejours d’affaires a Conakry en 2003. Depuis Washington ou je reside presentement j’adresse a sa famille biologique ainsi qu’a toute la Promotion Tito mes condoleances les plus attristees. Que son ame repose en paix et que la terre de Guinee qu’il a tant servi lui soit legere.
    Dr. Mohamed Fode Fofana, USA.

  2. Dr. Mohamed Fode Fofana dit

    Merci ElHadj Amadou Dioulde Diallo pour la diffusion de cette tragique nouvelle. Je suis persuade que toute la promotion Tito en est affligee car Idrissa Camara etait tres humble et brillant. Par ailleurs Maxine recois mes saluts cordiaux car depuis 2000 g t’ai perdu de vue lors de ton sejour a Washington. Bien de chose a tous nos amis communs de Guinee.

  3. KANTE Moussa dit

    Professeur Moussa Kanté à la retraite.
    C’est avec une grande émotion que j’ai appris la tragique disparition de Idrissa Camara, ce journaliste hors paire de la culture et de l’art. Monsieur « BELLE LETTRE » de la radio guinéenne nous laisse dans un vide difficile à combler. Sa pertinence, son dévouement et sa pugnacité professionnelle nous impose son respect. Idrissa Camara, affectueusement, que j’appelais mon frère, laisse la Guinée dans une profonde tristesse. Je demande à dieu le tout puissant d’épandre sur lui son éternel pardon. Il rejoint aujourd’hui sa mère et son épouse qu’il avait tant aimé. Monsieur  » BELLE LETTRE », repose en paix.

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