Le juge Tounkara rappelle à l’ordre les avocats de Dadis, Toumba et Cie : ‘’Il ne faut pas qu’on perde du temps inutilement’’
Le président du tribunal criminel de Dixinn a fustigé mardi l’attitude des avocats de la défense des accusés dans le procès du 28 septembre. Ibrahima Sory 2 Tounkara leur a demandé d’arrêter de faire perdre du temps aux magistrats en charge du dossier.
‘’Je réponds à des requêtes en longueur de journée. Quand on saisit un juge d’une requête, ce n’est pas le juge qui notifie la réponse. C’est la partie même qui vient vers le greffe. Ce n’est pas le juge qui appelle pour dire : ‘venez, on a rendu une décision’. A partir du moment où c’est vous qui avez saisi le juge d’une requête, c’est vous qui devez venir pour connaitre la suite. Ça se passe ainsi. On n’invente rien. Tout le monde le sait’’, dit-il aux avocats de Dadis, Toumba et Cie qui ont brillé par leur absence à l’audience du mardi 2 avril.
Avant de poursuivre : ‘’J’ai beaucoup de requêtes en ce moment. Quand je vais finir de les traiter, que je les accepte ou les rejette, ce sont les parties qui viennent chercher les décisions. Le juge ne les notifie jamais. C’est la partie qui a demandé qui vient chercher la réponse. Nous, nous avons la réponse de la cour d’appel parce qu’on l’a cherchée. Si la partie qui a formulé la requête, dit qu’on ne lui a notifié la décision, ça devient compliqué. C’est elle qui devait courir pour connaitre la suite’’.
Aux avocats ayant boycotté l’audience, le juge fait remarquer qu’il ‘’y a des pères de famille qui sont en prison. Ils doivent connaitre le sort qui leur est réservé. Aujourd’hui, personne ne peut dire que X sera condamné ou qu’il sera relaxé. C’est à la fin du procès qu’on va le savoir. Il faut que tout le monde s’y mette’’.
Il a tenu à rassurer les uns et les autres que ‘’le tribunal n’est l’adversaire de personne. Il reste arbitre, mais il faut que toutes les parties comprennent cela. On va essuyer parfois des coups, mais l’arbitre ne se fâche. Sinon, il fera un mauvais arbitrage’’.
A Dadis et Cie, le magistrat en charge du dossier du 28 septembre rappelle que ‘’vous ne pouvez pas être jugés sans la personne de vos avocats. La loi prévoit que vous ayez quelqu’un à côté de vous pour vous rassurer au moins. Elle va jusqu’à dire de façon exceptionnelle que vous pouvez vous faire assister par un ami. Tellement que la loi ne veut pas que vous soyez jugés seuls’’.
‘’Ça fait un an et six mois que nous sommes là. On n’est pas en train de calculer le temps. Un procès pénal prendra le temps qu’il faut. Nous, on n’est pas pressés. Ça prendra le temps que ça doit prendre. Mais il ne faut pas des mesures dilatoires nous retardent inutilement. Il ne faut pas qu’on perde du temps inutilement alors qu’on pouvait mettre ce temps à profit pour faire autre chose. Nous avons perdu la semaine passée. Si on doit encore perdre cette semaine, vous voyez ce que ça fait. Il faut qu’on arrête de faire certaines choses à un moment donné’’, martèle le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara.
Il souhaite que les prévenus dans le box des accusés s’entendent avec leurs avocats. ‘’Si ce n’est pas le cas, le tribunal sera obligé de demander la commission d’avocats pour vous’’, prévient-il, ajoutant que ‘’nous ne savons pas pourquoi vos conseils ne sont pas là. Ils ont fait un recours devant la cour d’appel de Conakry. La cour s’est prononcée et a ordonné la continuation des débats. On veut bien que vous vous entendiez afin que les débats puissent continuer. Jusqu’à présent, personne n’est condamné, personne n’est innocent. Pourquoi ne va-t-on pas continuer les débats ? On se pose des questions’’.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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