Le ministre du budget déplore les ‘’faiblesses’’ de l’administration : ‘’Si vous ne savez pas utiliser les ressources, ça aboutira à la dilapidation, la gabegie’’
Alors que la Guinée fait face à un déficit criant en infrastructures socio-économiques, le ministre du budget, Facinet Sylla, a pointé du doigt les faibles taux de décaissement des fonds par les départements ministériels ainsi que la faible capacité d’absorption des ressources financières allouées au pays.
Invité de l’émission « On fait le point », diffusée sur la RTG, M. Sylla a appelé à une réforme en profondeur de l’administration publique et à une amélioration des méthodes de travail. Extraits…
‘’Il y a des routes qui sont là inachevées et on ne comprend pas pourquoi. Nous avons des problèmes pour les écoles. Il n’y a pas d’écoles publiques partout. Et le problème de coupure d’électricité se pose encore, des infrastructures socio-économiques comme les marchés, les cimetières. Ce sont des préoccupations fondamentales pour nos citoyens. C’est pourquoi, quand vous prenez notre budget 2025, il est totalement aligné sur le programme Simandou 2040. Et tous ces aspects sont pris en compte.
Nous avons deux problèmes majeurs. Il y a le problème de mobilisation de recettes parce qu’on a beau faire une progression de 12%, mais nous devons mobiliser plus de ressources pour faire face au problème de financements. Pour cela, il y a d’abord la mobilisation interne des ressources et tous les efforts tendent à cela avec l’augmentation des recettes. Aussi, nous avons besoin de l’appui extérieur pour mobiliser plus de ressources financières.
Deuxièmement, une fois qu’on a pu résoudre ce premier problème avec la mobilisation des ressources, il faut savoir comment dépenser efficacement. Et ça pose toute la problématique de l’amélioration de la capacité d’absorption des ressources de l’Etat. Vous me présentez en tant que ministre du budget la réalisation d’une route et il se trouve que même les études de faisabilité ne sont pas faites. On l’inscrit dans le budget et les allocations budgétaires sont là, mais ce n’est quand on est avancé dans le processus budgétaire qu’on commence à faire ça. La même chose pour les écoles et toutes les autres infrastructures. Donc, c’est une des faiblesses majeures de l’administration guinéenne. Les ressources et les moyens existent, mais comment les déployer. C’est là où se pose toute la problématique.
Il faut augmenter notre capacité d’absorption. Parce que même si nous avons toutes les ressources pour le projet Simandou, si nous ne nous réformons pas, si nous n’améliorons pas notre capacité d’absorption, on n’aura rien. C’est comme ce que Bob Marley disait : ‘Dans l’abondance de l’eau, le four a toujours soif’. Même si vous avez des ressources, si vous ne savez pas les utiliser, ça aboutira à la dilapidation, la gabegie et à la création d’éléphants blancs. C’est pourquoi, cette administration à laquelle j’ai l’honneur de faire partie, nous devons tout faire pour nous réformer, améliorer nos qualités et méthodes du travail.
Pour cela, il ne faut pas être révolutionnaire. Il faut tout simplement faire ce qui doit être fait. A notre ministère, depuis que je suis venu, j’ai instauré la pratique de zéro parapheur. Elle est extrêmement importante, d’autres diront révolutionnaire. Pourtant, c’est un petit geste. Personne ne doit laisser un parapheur dormir dans son bureau et aller se coucher tranquillement.
De ce parapheur dépendent la vie de beaucoup de nos concitoyens, de la réalisation de plusieurs projets et le niveau de satisfaction de nos citoyens (…). Au ministère du budget, vous ne pouvez pas dire que le parapheur est chez le ministre. Derrière ce geste simple, il y a l’engagement personnel, à savoir que vous êtes ministre de la République, pas pour faire la représentation, mais pour s’asseoir et travailler’’.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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