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Le mont Simandou et merveilles

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Simandou
À Ouelaba, prélèvement d’échantillons. Anthony Bannister/ Rio Tinto

Le plus grand gisement de fer du continent n’est toujours pas exploité. Mais l’État guinéen et le géant australien Rio Tinto s’apprêtent à signer un accord sur les infrastructures qui va relancer le projet.

Le mont Simandou est l’exemple le plus emblématique du potentiel géologique inexploité du pays. Ce massif isolé de la Guinée forestière, à 850 km à l’est de Conakry, détient des réserves de fer estimées à 5 milliards de tonnes de minerai à haute teneur, soit le plus important gisement du continent. Objet de toutes les convoitises depuis les années 1990, le projet a été plusieurs fois reporté.

Mais cette année s’annonce décisive. La remise à plat du volet portant sur les infrastructures, qui représentent à elles seules un investissement d’environ 6 milliards de dollars (plus de 4,4 milliards d’euros), devrait aboutir dans les prochaines semaines à la signature d’un accord sur les modalités de financement et de construction d’une voie ferrée de 650 km et d’un port minéralier près de Forécariah (au sud de Conakry) – tous deux cruciaux pour évacuer le minerai.

Le volet infrastructures du projet représente 6 milliards de dollars pour un port minéralier et une voie ferrée de 650 km, entre autres.

Négociations

Ces derniers mois, les négociations entre l’État guinéen et le géant australien Rio Tinto – détenteur, avec son partenaire Chalco (Aluminium Corporation of China Limited), de deux des quatre permis miniers du Simandou – ont permis de lever plusieurs points de blocage. Alors que Rio Tinto souhaitait utiliser la voie ferrée seul, pour bénéficier d’une meilleure flexibilité logistique et commerciale, il a finalement accepté de la partager avec des miniers de la région tels que Beny Steinmetz Group Resources (BSGR)-Vale, l’autre coentreprise présente au Simandou, ou l’australien Bellzone, installé près de Faranah, également pour le fer.

L’État, qui, de son côté, aurait préféré confier la voie à une société ferroviaire à capitaux majoritairement publics, s’est résolu à laisser Rio Tinto en être l’opérateur.

Selon les deux parties, le montage financier de la partie infrastructures du projet aurait lui aussi progressé. Grâce aux bons offices de Chalco, l’allié chinois de Rio Tinto, des banques de l’empire du Milieu – Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), China Investment Corporation et China Development Bank – ont été approchées et pourraient participer au financement des infrastructures.

Par ailleurs, à la suite de contacts noués par la Guinée fin 2013 à Abou Dhabi, les fonds souverains de cet émirat (Mubadala), du Koweït et du Qatar pourraient eux aussi mettre la main au portefeuille.

Mubadala a d’ailleurs déjà noué l’an dernier un partenariat de 5 milliards de dollars avec la Guinée pour le développement de mines de bauxite et d’une raffinerie d’alumine dans le pays.

Conflit

Toutefois, le projet de Rio Tinto au Simandou est encore loin d’entrer en production. “Nous avons encore plusieurs semaines de négociations, puis il faudra quelques mois pour que la convention soit ratifiée par le nouveau Parlement et, ensuite, quatre années pour construire la voie ferrée”, rappelle une source guinéenne proche du dossier.

Le gouvernement devra également résoudre le conflit qui l’oppose au groupe BSGR, détenteur des autres permis sur le mont Simandou et accusé de corruption dans l’obtention de ces licences.

Si la commission d’audit décide de les lui retirer, son partenaire, le brésilien Vale, devra se prononcer sur son avenir en Guinée : s’il souhaite rester, il devra renoncer à son partenariat avec BSGR, puis signer une nouvelle convention avec l’État guinéen, après appel d’offres.

Des démarches juridiques qui prendront du temps. Pour se décider, Vale devra aussi prendre en compte la nouvelle configuration des infrastructures. Il n’est pas sûr qu’il accepte de dépendre de la voie ferrée gérée par Rio Tinto, son principal concurrent dans le fer, sachant que leur collaboration en matière logistique s’avère déjà difficile au Mozambique, dans la filière charbon.

Par Christophe LE BEC, envoyé spécial au salon Minin

Jeune Afrique

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