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Le père, le fils, et la Guinée : mines, TP, électricité, décrets, pouvoir

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Depuis le soi-disant lessivage du code minier guinéen par le maître de Conakry, aucune entreprise minière n’est attirée par le sous-sol guinéen. Au contraire, nous avons vu des entreprises minières et leurs sous-traitants plier bagage, au meilleur des cas réduire de manière drastique leurs effectifs.

Aujourd’hui, les seules entreprises qui s’implantent ou entament des négociations avec la Guinée, sont des sociétés dans lesquelles le fils du maître à des intérêts personnels, ou qu’il a ramenées dans le but de toucher des dividendes sur les futures transactions. Ainsi, il n’est un secret pour personne que le fils trempe dans toutes les affaires relatives au secteur minier guinéen, comme si le père avait façonné le code minier pour servir les intérêts singuliers du fils. C’est d’ailleurs à cause de cela, que le fils participe à toutes les négociations avec les entreprises minières, le dernier cas remonte à quelques semaines lorsque le fils a anticipé un voyage d’affaires prévu par le ministre des Mines. C’est à se demander si le ministre n’est là que pour gérer administrativement les négociations menées de A à Z en amont par le fils. Dans tous les cas, c’est la décision du fils qui prime sur toutes autres décisions, même celles du père.

Mais le fils est plus gourmand qu’on ne peut l’imaginer, car après les mines, et le pactole récolté dans le deal de l’électricité, il se diversifie, et mise cette fois-ci sur les TP. Voyant l’entreprise du frère de sa belle-mère (GUITER) se renflouer les poches, le fils veut sa part du gâteau, mieux encore veut remporter tous les marchés relatifs aux TP. L’une des preuves en est que la société écran AOS, la brésilienne, en fait la société du fils, est en train de rafler tous les contrats de ce secteur juteux. Là encore, il n’est un secret pour personne que Bah Ousmane, ancien ministre des TP, a été éjecté par le fils pour le remplacer par un de ses hommes.


La mainmise sur les décrets

Tenez-vous bien ! Après avoir imposé plusieurs personnes à des postes clés, même des personnes que son père ne voulait pas voir, par exemple Yamoussa Sidibé (DG RTG), la liste est non-exhaustive. La dernière action du fils est l’imposition de Mohamed Saïd Fofana au poste de premier ministre. De sources crédibles et bien informées, le père était sur le point de nommer au poste de premier ministre le Docteur Kassory Fofana avec des ministres issus de la liste que ce dernier avait soumise au père. Informé, le fils est allé voir le père à 10 minutes de la publication du décret, dans le but de le dissuader de nommer Kassory Fofana, et au final, le père, encore une fois, s’est plié à la volonté du fils. Il se dit d’ailleurs dans les couloirs de la RTG, que le décret de nomination du premier ministre n’était pas dactylographié, mais écrit à la main. Le fils, comme d’habitude très gourmand, ne s’est pas arrêté là, il a continué sur sa lancée et a fait nommer les ministres qu’il voulait à des postes clés.

Cher Guinéen, c’est le fils qui commande la Guinée et non le père. Ce qui relève d’une faute grave au sommet de l’ETAT, car en aucune manière, le chef de l’Etat ne doit laisser une autre personne prendre des décisions stratégiques à sa place, même de manière officieuse, cela relève de l’éthique et la déontologie. C’est comme si un médecin laissait son fils pratiquer des interventions chirurgicales sur des patients. C’est inconcevable.


De l’incompétence avérée

Cher Guinéen, tout ce qui précède n’est que la résultante d’une incompétence avérée au plus haut sommet de l’ETAT. Le père procède par tâtonnement, tout ce qu’il dit ou fait peut être remis en question le lendemain. Il n’a aucune vision à long terme, et n’essaye même pas d’en avoir une à moyen terme, à une année de la fin de son mandat. Celui qui était censé avoir un autre regard sur la Guinée, donner une autre direction à la Guinée, faire profiter la Guinée de son expérience internationale, s’avère être pire que tous les présidents qui se sont succédé à la tête du pays. Même dans son propre camp la déception est énorme, et l’heure est à la désillusion, ce qui entraîne une division interne qu’aucun parti n’a connue depuis l’indépendance.

L’analyse du comportement du père met en lumière la peur, le tâtonnement, le machiavélisme. Le machiavélisme est l’essence même de sa politique, c’est pourquoi il ramène tout à la politique, car il ne sait faire que ça, rien d’autre. Et malheureusement, tout le monde tombe dans ce piège en Guinée, car au lieu de se focaliser sur les questions politiques et autres, on devrait lui demander des comptes sur la gestion du pays depuis son investiture. Où sont les résultats ? Ne nous dites surtout pas que c’est la macroéconomie qui a occupé le pays entier pendant 4 années, car c’est faux. La macroéconomie et la microéconomie vont ensemble. Dans tous les cas, pendant qu’ils disaient s’occuper de la macroéconomie et affamer la population, on voyait les ministres défiler dans la capitale française, séjourner dans les plus grands hôtels, commander des voitures chez les concessionnaires de première classe, casquer l’argent du contribuable guinéen avec une arrogance hors pair. D’où vient cet argent ? De la macroéconomie ?

On nous parle d’audit, je pense que si audit il y a, en premier, c’est le cursus du père qui doit être audité, car tout Guinéen a le droit de connaitre les références de ses dirigeants. Ensuite, il faut auditer tout le monde sans ciblage.


Les résultats  

Une gestion illusionniste ! On nous a fait croire, qu’une fois l’Assemblée nationale en place, les investisseurs rempliraient nos hôtels. Faux ! Ce ne sont pas que les institutions républicaines qui rassurent les investisseurs, mais beaucoup d’autres facteurs dont le principal est la manière dont le pays est géré. Si la démocratie n’est qu’un simulacre, aucun investisseur ne viendra, si la justice est partiale, aucun investisseur ne viendra, si l’attitude du chef ne rassure pas (la peur, le tâtonnement, des improvisations, etc.) aucun investisseur ne viendra.

On nous a fait croire que les différents forums organisés par la Guinée en Angleterre, à Abu-Dhabi, etc., allaient attirer les entreprises, oui ça les a attirés, mais après un diagnostic export bien mené, ces entreprises n’ont plus envie d’investir en Guinée, car il n’y a pas que l’attractivité qui compte.

Cette gestion illusionniste a échoué puisque les populations commencent à s’en rendre compte. C’est pourquoi nous assistons en ce moment à des manifestations contre le manque d’électricité et d’eau. Ce ne sont que des prémisses de ce qui risque de suivre. Et au lieu d’assumer leurs responsabilités, et poser des actes concrets en faveur de ces populations, les autorités utilisent l’arme de la dernière chance avant les armes, c’est-à-dire l’achat des jeunes à base de sommes que tout Smigar en France peut donner à ces populations. La peur quant à elle, est le trait dominant de la personnalité du père. Je vous renvoie à la lettre que l’honorable Cheick Traoré a adressée au père dernièrement.


La débâcle de la classe politique 

On en est là parce que, il faut l’avouer, ça aussi le peuple le sait maintenant, que l’opposition est nulle et n’est préoccupée que par des intérêts personnels. C’est pourquoi aujourd’hui nous assistons à des règlements de compte au sein même de l’opposition. Tantôt c’est le clash Jean Marie Doré – Gaoual, tantôt c’est le clash Kouyaté – Jean Marie Doré, le prochain clash concernera peut-être Kassory et Sidya, tantôt le traitre c’est l’un, tantôt c’est l’autre. Conséquence, il n’y aura pas d’élection en 2015 à mon avis. A ce niveau, il ne faut plus compter sur cette opposition. Il faut compter sur un « homme providentiel », un homme qui fait l’unanimité et qui bénéficie d’une grande popularité au sein de la population. Un homme charismatique, qui a une vision claire et à long terme. C’est ainsi que ça s’est passé en Russie à une certaine époque quand l’opposition était divisée et que le peuple ne voulait plus du président en place.


Le fils vise la Présidence 

Tout porte à croire que le père prépare le terrain pour le fils comme ça été le cas dans certains pays. Il se dit même dans les rangs du parti du père, que le fils pourrait évincer le père. Dans tous les cas, si les choses continuent, le fils sera la cause de la chute du père. Et que le père sache qu’il n’est pas en train de rendre service à son fils. Au Sénégal voisin, on a vu comment tout cela s’est terminé en Ukraine, il y a quelques jours. On a vu comment ça s’est terminé (là aussi, le fils du président ukrainien était actionnaire dans toutes les grandes compagnies).

Tout ce constat se fait au grand dam de la population qui est dans la paupérisation, la clochardisation, alors qu’elle vit sur les richesses les plus convoitées au monde. Mais rien n’est perdu. Si le père n’a pas propension à s’occuper du peuple, il faut juste que le peuple se prenne en main, et prenne en main son destin, car c’est de lui, le peuple, que viendra la solution.


Frédéric Bangoura,  Economiste, Paris

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