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Le pouvoir d’Alpha Condé ou la tyrannie du survivant !

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[dropcap]N[/dropcap]ombre d’actes posés par le chef de l’Exécutif guinéen à l’égard de ses concitoyens sont des actes d’hostilités. À y voir clair, ils s’expriment aujourd’hui comme une révulsion de frustrations et de brimades antérieures.

En 1970, Sékou Touré le condamne à mort par contumace, l’accusant d’avoir participé avec des mercenaires portugais à l’agression armée de la Guinée, lors du débarquement du 22 novembre 1970 à Conakry. Il restera exilé en France jusqu’en 1984, mais ne retournera en Guinée qu’en 1991.

En 2000, il est condamné à cinq ans de prison par le régime militaire de Lansana Conté pour « atteintes à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national ». Il bénéficie néanmoins d’une « grâce » présidentielle en 2001 qui lui permit de recouvrer sa liberté.

Aujourd’hui, Alpha Condé s’en prend lui aussi à ses opposants en les emprisonnant à tour de rôle. Il les empêche de voyager, d’aller se faire soigner à l’étranger, la situation des hôpitaux du pays s’étant considérablement dégradée depuis qu’il en a pris les rênes en 2010. Il empêche le monde de pousser le moindre cri de mécontentement, ne leur tolérant que le contentement et la résignation dans leur état rendu quasi végétatif par lui et sa cohorte.

Tout cela dans un contexte de crise sanitaire qui répand un climat de stress permanent sur tous les plans : économique, social et politique. Mais aussi dans un contexte de renchérissement du coût de la vie. Tous les prix sur le marché montent en flèche avec l’ajustement à la hausse du prix de l’essence, jetant ainsi des familles entières dans la diète. Et accentuant le désespoir chez les jeunes sans emplois, sans solutions, mise à part leur détermination à fuir la misère en tentant, au prix de leur vie, la traversée de la Méditerranée pour rallier une Europe confrontée elle aussi à ses propres problèmes dont elle peine à trouver solution.

La tolérance de la différence dans une société guinéenne pourtant plurielle est devenue inconcevable aux yeux du président Alpha Condé. Chacun doit être mis au pas. Ceux qui le suivent sont pour lui ceux-là qui ont compris qu’il est l’alpha et l’oméga de tout. Ils ont moins de problèmes tant qu’ils restent ses adeptes inconditionnels. Une sorte de société sectaire s’organise au sein de la grande société. Mais ceux qui se permettent de le critiquer moindrement voient alors son vrai visage, bourré de ténèbres et loin de toute tendresse.

De fait, la nature du pouvoir tyrannique d’Alpha Condé se reconnaît aujourd’hui à ce que, sans nécessairement abolir les lois de la République, il se place au-dessus d’elles. C’est lui et lui seul qui tire les ficelles et qui décide tout seul du sort de tout le monde. Tous les ministres et leurs ministères sont maintenant dépossédés de leurs attributs, le tout demeurant concentré entre les mains du président Alpha qui exerce son autorité selon ses propres vues.

La perversion du régime d’Alpha Condé tient aussi au fait qu’il cumule les vices de la démocratie et ceux de l’oligarchie, notamment en raison de l’amour qu’il a pour la mégalomanie, les plaisances et la belle vie, et de son hostilité à l’égard des Guinéens qu’il désarme et asservit en recourant à l’usage de la peur et de la violence. À force de passer du temps dans le fauteuil présidentiel, le caractère autocratique d’Alpha Condé se renforce et se confirme.

À le juger selon son époque, il bat désormais le record du plus mauvais président de la Guinée depuis son indépendance en 1958. C’est justement pour cette raison que sous d’autres cieux, on a compris que le pouvoir devait être limité par des contre-pouvoirs et que son exercice devait être limité dans le temps. Une double limite qui nous a malheureusement échappée en Guinée durant les six dernières décennies. Quel rendez-vous manqué de l’histoire !

Pour Alpha Condé, tout acte d’apaisement est signe de faiblesse de sa part. Il s’interdit donc de franchir le moindre pas. Autrement la société ne serait pas réglée à son goût. Tenez ! Pendant que le président Ouattara de la Côte d’Ivoire fait des gestes d’apaisement après le retour de son adversaire Laurent Gbagbo au pays natal, pour parler comme Aimé Césaire, en Guinée voisine s’installe dans une forme d’indifférence totale, la culture de l’emprisonnement pour un oui ou un non. Il suffit de critiquer le président de la République pour voir tous les appareils d’État se déchaîner contre vous.

Au même moment, les bandits de grand chemin font le beau temps. Les braqueurs-tueurs, kidnappeurs et autres coupeurs de route, s’évadent des prisons aussitôt qu’arrêtés. C’est quand ils sont de nouveaux arrêtés qu’on se rend compte qu’ils n’ont même pas été jugés la première fois. Situation explosive qui érige les criminels en commandeurs de paisibles citoyens. Aux yeux des pouvoirs publics qui les lâchent dans la nature, ils sont moins nocifs pour le pouvoir que ceux qui s’expriment librement contre le pouvoir.

Les Guinéens sont décidément malchanceux avec leurs dirigeants qui se comportent en tyrans avec eux. Qu’est-ce donc que la tyrannie sinon que la privation des droits et libertés, l’humiliation des adversaires politiques, l’exil forcé des insoumis, l’excitation de la défiance entre les citoyens, ou quoi d’autre encore ?

Aboubacar Fofana, ing.
Montréal, Canada

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1 commentaire
  1. Bangaly Traore dit

    Mr Fofana les deux regimes Barbara sanguinaire de sekou pdg et conte pup ont fait deux millions de victimes le camp Boiro pour le premier et le camp Alpha Yaya pour le second..Dire Alpha conde est le plus mauvais presidents de la guinee est une contreverite nous sommes temgoins de la Barbara inhumaine de pup et pdg pendant 50ans. Nb.Avant l’accession de pr Alpha conde au pouvoir la guinee n’avait pas l’eau potable et ni l’electricite..Mr Fofana oublie l’eqoque de nacro-etat de 2000-2008 voila pourquoi le peuple de guinee doit dire merci a l’ancien capitaine president du CNDD Moussa Dadis Camara qui eu le courage de neutraliser la mafia nacro-etat dans notre pays..Mr Fofana avant l’accession de pr Alpha conde au pouvoir l’etat n’existait pas en guinee..Je ne pas dis Alpha conde est bon mais son regime est meilleur aux regimes sanguinaires et sanglants de pdg et pup.

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