Le pouvoir d’Alpha Condé, une palette de justifications pour un coup de force militaire
Dans ces derniers jours, et depuis le voyage du président Alpha Condé en Tunisie, il se commente beaucoup de choses sur sa santé. Que l’information soit vraie ou non – peu importe -, le chef de l’Etat guinéen âgé de 75 ans, n’est quand même pas à l’abri de jeter son pays dans une logique de vacance du pouvoir, qui profiterait aux hommes en treillis. L’armée.
En principe, il n’y a aucune raison d’avoir des craintes ni de paniquer, si le président décédait avant la fin de son mandat. En principe, dis-je.
Car la constitution guinéenne, dans son article 41, est précise : « La vacance de la fonction de président de la république consécutive au décès, à la démission, ou à toute autre cause d’empêchement définitif est déclarée par la cour constitutionnelle. La Cour constitutionnelle, saisie à cette fin, par le président de l’assemblée nationale, en cas d’empêchement de celui-ci par l’un des vice-présidents, à défaut par un groupe de députés représentant le (1/4) de l’assemblée nationale, déclare la vacance du pouvoir ». Et dans l’article 42, il est mentionné que « L’intérim est assuré par le président de l’assemblée nationale ou, en cas d’empêchement de celui-ci, par l’un des vice-présidents de la même assemblée par ordre de préséance ».
Cependant, il résulte qu’en Guinée, très malheureusement, la constitution n’est pas une valeur fondamentale. Une valeur, des principes, des idéaux ou qualités vitales à caractère moral que les guinéens possèdent et auxquels ils ajustent leurs comportements.
Depuis 2010, Alpha Condé est au pouvoir. Et depuis cet instant, le respect de la constitution demeure un mystère. Les guinéens possèdent autres valeurs fondamentales auxquelles ils ajustent leurs comportements : le mensonge, la haine, la propagande, le populisme, la démagogie, la politique d’exclusion, l’ethnocentrisme et, l’irresponsabilité.
Des valeurs négatives qui sont loin de créer un climat de paix entre les guinéens, si la vacance du pouvoir se produisait aujourd’hui. Si Alpha Condé décédait maintenant, on n’à point besoin d’être politologue pour prévoir un chaos politico-social se déclencher en Guinée. Car la confiance, il n’y en a pas. Les institutions existent, mais seulement par leur nom. Les hommes chargés de les faire fonctionner sont corrompus et malhonnêtes. Ni la cour constitutionnelle, ni l’assemblée nationale, ne peuvent rassurer les guinéens.
Et dans une telle situation de chaos, encore une fois, on n’a point besoin d’être des politologues, tels Alexis de Tocqueville, John Locke, ou Thomas Hobbes, pour prévoir une intervention de l’armée. L’argument de la force ne plait à personne, mais la logique l’aurait voulu ainsi.
Les hommes en treillis n’auraient aucune difficulté pour s’installer solidement au pouvoir. Avec toute la facilité du monde, ils justifieraient leurs actions par l’incapacité des politiciens à s’entendre sur la manière de gouverner le pays.
Aucun guinéen ne souhaiterait le retour des militaires au pouvoir. D’où, aujourd’hui la nécessité absolue et urgente pour le pouvoir et pour l’opposition à mettre sur place des institutions justes, transparentes et indiscutables. Des mesures qui saperaient toute forme d’idées se référant à l’argument de la force.
Naby Laye Camara
Bruxelles