[dropcap]D[/dropcap]epuis près de 24 heures, une tribune signée du préfet de Siguiri circule sur la Toile. L’ancien vice-président de la CENI, Ibrahima Kalil Keita invite les cadres ressortissants de la Haute Guinée à se ressaisir, répugnant les expressions ‘malinkés, peulhs, soussous, guerzés, tomas, kissiens etc.’ dans les débats politiques.

Ancien député uninominal de Siguiri, il a expliqué dans un entretien qu’il a accordé mercredi à VisionGuinee que les ressortissants de la Haute Guinée sont à la base des problèmes qui les créent dans leur localité. Selon M. Keita, de la période coloniale à maintenant, les cadres qui ont le mieux servi dans les régions et préfectures de la Haute Guinée sont pour la plupart issus d’autres régions.

Dans sa tribune, il cite à titre illustratif entre autres : Mamady Sagno à Siguiri, Tellivel Diallo et Seinkoun Kaba à Nzérékoré, Toumani Sangaré et Sanassi Kéita à Gueckédou, Almamy Koïta à Beyla, Koïkoï Grovogui à Kouroussa, Kabassan Kéita à Boké, René Fassou Loua à Kérouané.

Par contre, selon le préfet de Siguiri, parmi les cadres qui ont “fait du mal aux populations de la Haute Guinée et de la Forêt” au temps du Général Lansana Conté, très peu d’entre eux sont originaires d’autres régions. “Je peux citer le militaire Koumbassa et le juge Manga Douba Sow à Siguiri, le Préfet Charles André Haba à Kouroussa et le gendarme Jacques Touré à Kissidougou”.

Présentant certains cadres originaires de la Haute Guinée comme des héros, Ibrahima Kalil Keita n’occulte pas ceux qu’il qualifie de ‘bourreaux’. “C’est bon de pardonner, mais, c’est trop tôt d’oublier Mouloukou Kaba, Facely Mara, Lamine Diallo, Nounkè Diallo, Sidi Cissoko, Kouta Oularé, Tata vieux, Mamoudou Kéita, Mamoudou Doumbouya dit Socrate, Mamady Diawara, Sory Doumbouya etc.”, a-t-il énuméré dans sa tribune.

Pourtant, lui précise-t-on au bout du fil, Ousmane Kaba fils de Mouloukou Kaba a démenti les accusations contre son défunt père. “C’est très facile de nier. La période n’est pas aussi reculée pour ne pas qu’on s’en souvienne”, répond calmement le préfet de Siguiri, avant de poursuivre : “Pour tous ceux qui ont vécu cette époque-là, c’est tellement évidement. Moi-même, malgré mon immunité parlementaire, j’ai été arrêté avec les insignes, jeté dans une fourgonnette et foutu en prison”.

Malgré tout, il appelle les cadres de la Haute Guinée à se ressaisir. “Pardonnons les crimes de Douako, crimes chez le Sotikèmö à Kankan et Kérouané, crimes à Faranah, Siguiri, Mandiana, N’Zérékoré, Conakry”, a-t-il plaidé. “Mais sachons que les faits historiques sont têtus. Ils doivent être interprétés fidèlement et objectivement”, a-t-il par ailleurs souligné.

“Pouvons-nous lutter pendant plus de vingt ans contre le général Lansana Conté pour faire élire le Professeur Alpha Condé, bien sûr avec les autres et continuer à combattre ce même Alpha Condé en nous combattant entre nous ?”, a-t-il demandé aux cadres de la Haute Guinée à qui il lance à nouveau : “Ressaisissons-nous ! Pensons aux projets de développement économique et social de nos préfectures et à l’emploi des jeunes qui est aussi crucial que les problèmes d’eau et d’électricité”.

Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info

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