[dropcap]T[/dropcap]outes les fins de règne se ressemblent en Afrique. Le refus de prendre au sérieux les mécontentements et les revendications populaires, la confiance en soi dans les cas extrêmes, la fausse fierté qui pousse à braver le peuple, le goût absurde de l’adversité, l’inflexibilité et la naïveté, sont autant de signes partagés par ces présidents en difficulté, que leur chute reste le plus souvent irréversible, du fait de leur entêtement à braver la volonté populaire.

Alpha Condé, comme tous ceux qui sont passés par la douloureuse expérience de la fin de règne, ne reculera pas, il continuera à croire que la tempête, qui s’annonce furieuse, passera comme un feu follet. Il est difficile, pour un président en mal de popularité, de pressentir le danger qui l’emportera. L’on peut dire que les propos contradictoires du président Condé ne feront que durcir les positions et raviver les tensions populaires. Il n’est plus question d’une opposition ou d’un syndicat qui manifeste, c’est bientôt toute la Guinée qui se soulèvera pour demander le départ du président Condé. Il faut justement éviter qu’on en soit à cette étape ultime.

Alpha doit respecter les promesses faites aux femmes guinéennes, en renvoyant le gouvernement Youla, inactif et incompétent, pour nommer une équipe responsable et avertie, apte à écouter les lamentations des citoyens et à y remédier. Les prochains jours seront plus difficiles à gérer par les forces de l’ordre qui risqueraient de se voir débordées par les mouvements de masse incompressibles.

Le pouvoir Condé est, aujourd’hui, tout seul à faire face aux risques des manifestations programmées. Ce n’est surtout pas sur des conseillers tourmentés et autres charlatans qu’il faudra compter, pour exorciser le mal qui s’annonce. Il faut agir au plus vite pour prévenir l’irréparable. Mais, Alpha Condé pourrait-il le comprendre ?

Barrou Le Patriote