[dropcap]L[/dropcap]e président de l’Assemblée nationale commence à montrer que son institution doit être respecté par l’Exécutif. C’est du moins ce que l’on peut déduire de son attitude face à la triste réalité que font vivre les membres du gouvernement aux législateurs dont il est le premier responsable sous l’ère Alpha Condé.
Cette réalité est que depuis trois ans maintenant le bilan détaillé de l’exécution des budgets n’a jamais été présenté.
Voici ce qu’il en dit: « En plus des budgets exécutés au cours de la transition, l’Assemblée nationale attend toujours les projets de Lois de Règlement pour les exercices 2013, 2014 et 2015. Des réunions de concertation entre la commission Finances et la Cour des Comptes ont recommandé la mise en oeuvre des modalités pratiques pour corriger cette malheureuse situation. Il a été expressément demandé au ministère de l’Economie et des Finances, à
travers la Direction du Trésor, d’accélérer le bouclage des comptes de gestion afin que la Cour des Comptes puisse les certifier en toute connaissance de cause pour permettre au Parlement d’en délibérer de plein droit». Bien dit.
Quid du délai d’examen de la Loi de finances rectificative (LFR) 2016 ! Comme toujours, Kondiano et les honorables
membres du Parlement sont mis «dans une situation de fait accompli». Pour la première fois depuis son avènement au perchoir de l’Assemblée guinéenne, le président Kondiano a cru opportun de souligner cela.
Toutefois, s’il ne l’a pas exprimé dans des termes que se doit un président du Législatif (à l’image de son ainé Elhadj
Boubacar Biro Diallo), il a au moins eu le courage de montrer du doigt le tort fait à son institution par le gouvernement.
Le président Kondiano laisse comprendre, par exemple, que dans les règles de l’art, les députés devraient donner leur quitus à la Loi de Finances rectificative avant la date d’ouverture de la session budgétaire. Sur ce ton, il a dit haut et fort que l’Exécutif n’a pas respecté le délai d’examen qui lui a été imposé par les dispositions de la Loi organique sur les Finances publiques, et ce, malgré les injonctions réitérées de son institution.