[dropcap]C[/dropcap]ette réunion présidée par Éric Benjamin Cole, ancien ministre de l’Hôtellerie, du Tourisme et de l’Artisanat, et proche collaborateur du PDG de la société Topaz, était la deuxième du genre, durant la même semaine, et répondait ainsi aux vœux du président de la République.

Celui-ci aurait dit-on demandé au secteur privé de lui fournir la liste de 30 opérateurs économiques, qui devront dorénavant, à l’image des « oligarques », être associés à toutes les activités économiques du gouvernement.

Cette réunion des opérateurs économiques qui s’est déroulée le samedi dernier dans un cadre tenu secret, en présence d’une vingtaine de personnes figurant sur la fameuse liste dont la mise en place ne serait pas encore bouclée. Car si au départ, on prétendait que le chef de l’Etat s’était prononcé en faveur de 10 hommes d’affaires, pour constituer son système oligarchique, cette liste va finalement comporter 30 noms.

Des gens coptés par des lobbies proches du palais, dont la démarche consisterait en réalité à fédérer toutes les associations patronales en une seule. Des manœuvres florentines seraient donc en cours dans ce sens, en vue d’écarter tous ceux qui seraient supposés être hostiles à la mise sous coupe réglée du secteur privé.

Parmi donc les heureux élus coptés par le palais Sékoutouréya, il y a ceux qui y ont leurs habitudes. Il s’agit notamment du PDG de « Guiter SA », Ansoumane Kaba, de l’homme d’affaires syro-libanais Aly Sady, PDG de « Sonit pêche », Mamadou Antonio Souaré, PDG de « Guinée Business Marcketing ». Sans oublier le PDG de « Sonoco ». A ceux-ci, il faut ajouter Mamadou Diouldé Diallo, PDG de « Tane SA », Kerfalla Person Camara, patron de Guicopres, Eric Benjamin Cole, du Groupe Topaz.

Le PDG de Thiangui pêche, Mamadou Diallo y figure également ainsi que Mamadou Aliou Bah dit Super Bobo. Cette liste serait essentiellement composée d’hommes. D’où son caractère misogyne qu’il faut relever. Autre fait à noter aussi en parcourant cette même liste, nulle part ne figurent les noms de Hadja Gnouma Traoré, la présidente de la Confédération nationale des Patronats des entreprises de Guinée (CPEG) et Ismaël Kéita, le président du Patronat de Guinée (PAG).

De quoi se demander, si réellement c’est le professeur Alpha Condé qui a procédé à cette sélection de ces hommes d’affaires. Et si tel était le cas, il va sans dire que les critères qui ont prévalu sont carrément subjectifs. C’est le moins qu’on puisse dire, car il y a des opérateurs économiques répondant à toutes les normes en la matière qui ont été omis sur cette fameuse liste.

Cela rappelle un peu ce qui s’était passé lors du voyage d’Istanbul, lors duquel Alpha Condé s’était fait accompagner dans la capitale économique turque à la mi-avril dernier d’un groupe d’hommes d’affaires « triés sur le volet ». Cela avait fait jaser dans la cité, à cause du caractère jugé sélectif dans le choix des hommes, qui avait été dénoncé par certains milieux économiques.

D’ailleurs sur place à Istanbul, ceux qui avaient été soupçonnés d’avoir été à la base de l’exclusion de certains « patrons » du voyage présidentiel, se sont retrouvés dans leurs petits souliers. S’étant faits remonter les bretelles par le président de la République, très remonté contre les manœuvres de certains hommes d’affaires, qui voudraient se forger une immunité, en accédant à la tête des associations patronales. Alpha Condé avait compris qu’il avait à faire à un panier de crabes ni plus ni moins.

Mamady Kéita, dans Le Démocrate