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Le silence coupable des intellectuels face à la tragédie guinéenne

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La Guinée traverse, depuis son indépendance, un cycle politique tumultueux, au centre duquel se trouvent des enjeux de pouvoir (la conquête et l’exercice). L’objectif des acteurs politiques a, pour la plupart, été nourri par les privilèges du pouvoir, et non par l’ambition de l’utiliser comme moyen de transformation sociale et de progrès collectif. C’est donc le pouvoir pour le pouvoir, et non le pouvoir au service du peuple.

Ils ont ainsi construit un système politique dont les référentiels se confondent avec les référentiels dominants incarnés par une minorité qui profite de l’Etat, à l’opposé de ce que voudrait la démocratie. Ce système a réussi à transformer chaque portion du pouvoir en une entreprise personnelle, où toute action au bénéfice des communautés est considérée comme un acte de charité, loué et reconnu à son auteur.

Je reproche aux intellectuels guinéens de ne pas avoir fait assez pour ancrer la démocratie et favoriser le développement du pays. À l’exception d’une poignée d’hommes intègres, les intellectuels guinéens se sont distingués soit par un silence passif, soit par une contribution active à l’établissement de dictatures.

Ils sont tombés dans un conformisme réducteur qui broie leur conviction et leur intégrité, les empêchant de constituer une masse critique de citoyens au service de leur peuple. Certains justifient cette attitude par le fait qu’ils ne veulent pas faire de la politique, mais c’est un leurre inconscient vis-à-vis d’eux-mêmes et du peuple de Guinée.

Le rôle d’un intellectuel est de penser à l’organisation la plus optimale d’une société sur le plan politique, économique et social, pour garantir un meilleur être à chacun de ses membres. Les plus grands penseurs des théories politiques, de la démocratie et des théories économiques sont des intellectuels qui n’ont pas fait de politique.

La place des intellectuels guinéens doit être celle d’observateurs objectifs des manquements en matière de gestion des affaires de l’État et d’organisation de la société, afin d’apporter des critiques et des propositions d’amélioration. C’est aussi cela, le patriotisme au-delà du discours. Les universitaires, les cadres de l’administration publique et privée, la diaspora, tous doivent avoir le courage de dénoncer les travers, d’être des porte-étendards du développement harmonieux et durable de la Guinée. Il faut avoir l’audace de prendre position de manière ouverte, à travers des publications documentées, contre l’autoritarisme des dirigeants, la mauvaise gouvernance, le népotisme, la corruption, l’instrumentalisation de la justice et la politisation de l’appareil d’État. Il faut être à l’avant-garde de la conception de politiques de développement efficaces et porteuses de progrès.

Si vous avez effectué de hautes études et que vous vous résignez à simplement satisfaire vos besoins personnels, en vivant une vie minable dans un pays aussi riche que la Guinée, c’est que vous avez trahi la République. Être riche et vivre dans un pays d’extrême pauvreté comme le nôtre est synonyme de pauvreté.

Le silence des intellectuels, ou la transformation de certains d’entre eux en caisses de résonance pour les “chefs”, constitue l’un des facteurs qui entravent le développement du pays. En effet, la première et la plus importante ressource d’un pays, ce sont ses intellectuels, qui doivent être le cerveau et le moteur du développement.

Ils doivent contribuer à faire du consensus un outil constant de gouvernance, car il est de toute évidence le fondement de l’Etat. La stabilité de l’Etat dépend donc du degré de consensus consenti par ceux qui exercent la puissance publique.  La transition actuelle est donc une parfaite occasion pour les intellectuels, cette force silencieuse qui a tout le mérite de s’exprimer.

Les intellectuels guinéens ont traversé l’histoire sans véritablement la marquer. Il est temps de changer de paradigme.  Je crois en notre capacité collective à construire une société de progrès, tournée vers le développement et reposant sur des fondements guidés par notre devise : Travail, Justice et Solidarité. Une nation unie, dans laquelle chaque Guinéen vivrait dignement et fièrement.

Daouda DIALLO

Secrétaire Administratif de NFD

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