[dropcap]R[/dropcap]écemment à Conakry, le candidat malheureux de la présidentielle malienne de 2012 a eu une rencontre avec les journalistes. L’opposant au régime de Bamako a mis son séjour à profit pour se pencher sur le statut du chef de file de l’opposition dont il est l’incarnation dans son pays.

A propos, le député malien a indiqué qu’il y a une loi au Mali qui a été votée par l’Assemblée nationale, et qui définit comment on devient chef de file de l’opposition. Pour le conférencier, il est plus compliqué d’être chef de file de l’opposition que d’être ministre.

‘‘Aujourd’hui au Mali, le président ne peut pas choisir un autre chef de file de l’opposition même s’il veut. Parce que la loi dit que c’est le leader du parti qui a plus de députés, que je suis. Je suis la deuxième force politique au Mali. Le gouvernement et le parti au pouvoir n’ont de choix que de l’admettre comme tel’’, a-t-il précisé.

‘‘Ceci dit, poursuit-il, le processus n’est pas fini jusqu’à présent. Ça fait presqu’un an et demi, bientôt deux ans qu’on est là-dessus. Le gouvernement traine un peu les pieds. Mais inexorablement, c’est l’institution que nous sommes en train comme de créer. Une vraie institution. Comme on crée le Conseil économique et social, comme il y a le médiateur, comme il y a le vérificateur au Mali, comme il y a l’Assemblée nationale, comme il y a le gouvernement, pour que le chef de file soit une institution qui peut faire des propositions, qui doit être consultée, qui doit avoir sa place dans le protocole de la République, qui doit être considérée. Parce que le chef de file de l’opposition il y a des hommes et des femmes qui ont voté pour lui pour qu’il arrive à ce poste’’.

A en croire l’ancien président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le chef de file de l’opposition a droit à plus d’attention et d’écoute dans le développement harmonieux et équitable de sa nation. En ce sens que ce sont des centaines de milliers de gens qui ont voté pour lui.

‘‘Donc, il représente une partie de la nation. Et cette partie de la nation doit être écoutée. Il faut qu’on sorte du système où celui qui gagne, il gagne tout. Il élimine les autres qui sont opposants, sous prétexte que ceux-ci n’aiment pas leur pays. Donc, ils n’ont pas droit à la parole. Ce n’est pas vrai’’, s’indigne l’honorable Cissé qui enseigne que la démocratie est faite de deux choses : majorité et opposition.

‘‘Si dans la démocratie il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas de démocratie. Et le gouvernement lui-même doit aider l’opposition à s’affirmer. Parce que nous, il y a des vérités que nous disons que personne ne dit au gouvernement. Quand il y a détournement nous le disons. Quand il y a un gaspillage, nous le disons. Quand on n’est pas d’accord sur des choix politiques, on le dit. Aujourd’hui, nous sommes dans cette situation de processus d’installation du chef de file de l’opposition qui n’est en réalité pas encore terminée’’, a-t-il entre autres énuméré.

Au regard de ce qui se passe dans son pays en contradiction avec les textes de lois qui définissent le statut du chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé a laiss entendre qu’en principe, le gouvernement doit accepter que le chef de file ait des conseillers techniques, qu’il ait des chargés de mission, qu’il ait des chefs de cabinet, qu’il ait une ou deux voitures pour tourner dans le pays et qu’il ait un siège.

‘‘Mais tout ça, c’est auprès de l’Etat. Et c’est une partie qui n’est pas encore réglée. Donc, pour le moment, nous sommes vraiment en train d’essayer de mettre en place une opposition qui est républicaine et démocratique. Au Mali, vous ne voyez pas casser quoi que ce soit. Vous ne nous voyez insulter personne. Parce que nous voulons être au pouvoir demain avec un pays qui marche’’ a-t-il lâché en guise de conclusion.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info

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