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Le temps de l’indignation: L’assassinat du colonel Issiaga CAMARA

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Traumatisée par plus de cinq décennies de violences politiques et de mauvaise gouvernance, la société guinéenne a perdu sa capacité d’indignation devant l’injustice criarde qui la gouverne.
Emprisonné depuis décembre 2008 par le CNDD, le Colonel Issiaga CAMARA aide de camp et neveu de feu le Général Lansana CONTE a payé ainsi sa fidélité. Cet emprisonnement a été reconduit par M. Alpha CONDE, nouveau Chef de l’Etat sous le prétexte fallacieux que le Colonel CAMARA est impliqué dans ce que la presse nomme « l’affaire du 19 juillet 2011 ». En juin dernier, les juges de la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Conakry rendent un non lieu en sa faveur ainsi qu’à quatorze (14) autres de ses compagnons d’infortune. Courroucé, M.Alpha CONDE à travers le parquet interjette appel auprès de la Cour Suprême. Celle-ci rend son arrêt le lundi dernier 3 septembre 2012 en invalidant la décision de non lieu en faveur des quinze innocentes victimes et prolonge ainsi leur privation de liberté. Le Colonel Issiaga CAMARA devant cette injustice supplémentaire, affaibli par des années de prison et de tortures n’a pas pu résister. Il est mort, loin des siens, faute d’assistance médicale appropriée le mercredi 05 septembre 2012.

Un innocent est mort en prison sans jamais avoir été formellement condamné par la justice. Ceci s’apparente à une exécution de mort extra-judiciaire car malgré les demandes incessantes de sa famille il n’a pas bénéficié de la part des autorités guinéennes d’une assistance de personne en danger. La Cour Suprême domestiquée par le pouvoir exécutif s’est rendu coupable de forfaiture.

Dans des circonstances analogue , un autre prévenu Thierno Soufiana DIALLO s’est éteint en prison le 18 janvier dernier des suites des séquelles des tortures qu’il a subi.

Ces deux morts nous jettent à la figure notre boueuse histoire collective faite de sang et de larmes de milliers de nos compatriotes. Aucun des régimes qui se sont succédés au pouvoir à Conakry n’ont fait exception face à cette terrible tragédie. Dans le silence et l’indifférence du plus grand nombre, des femmes et des hommes souffrent et meurent tout simplement parce que les dirigeants du moment l’ont décidé ainsi. C’est ainsi que nous avons eu le Camp Boiro, la déchirure du 04 juillet 1985, la destruction de Kaporo-rails en 1998, le massacre du 22 janvier 2007, la barbarie du 28 septembre 2009, le pogrom en Haute-Guinée entre les deux tours des élections présidentielles de 2010 et la tuerie de Zogota le 3 août dernier. Il est impossible de citer toutes les péripéties où le sang de paisibles citoyens a été versé du fait de la responsabilité de l’Etat. A chaque fois après quelques larmes de crocodile et des vaines incantations de « plus jamais ça ! », le pouvoir responsable de ces malheurs reste impuni car l’indignation nationale n’est pas assez forte et large.

Le gouvernement guinéen ayant pris conscience tardivement que l’indignation et la colère populaires ne font que grossir, a décidé de décréter le vendredi 07 septembre 2012 comme « journée de deuil national pour les naufragés de Kassa et les morts de Zogota ». Dans tous les pays du monde des accidents et des catastrophes peuvent survenir, mais les 34 morts noyés aux larges de Conakry, sans que tous les moyens de l’Etat ne soient mobilisés pour secourir les naufragés pointent du doigt la responsabilité des pouvoirs publics. L’absence de moyens dédiés à la protection civile et l’inexistence d’infrastructures de transports adéquates entre les îles Kassa et Conakry font que les insulaires et les pêcheurs sont à tout moment en insécurité. La catastrophe de Kassa, n’a pas malheureusement suscité dans le pays l’indignation qu’elle mérite.

Il en est de même des dizaines de morts du choléra dû à l’insouciance avec laquelle cette épidémie est gérée alors que les causes sont connues: insalubrités du fait de la mauvaise gouvernance et de l’incompétence de l’administration territoriale totalement phagocytée par l’appareil politique d’Alpha CONDE. Là aussi nous assistons sans réagir de manière adéquate à la propagation de la maladie et sa cohorte de morts et de deuils.

S’indigner c’est refuser de considérer que le déclin de notre pays, l’expansion de la misère et les tueries opérées par et au nom du pouvoir actuel est une fatalité. S’indigner c’est refuser que le mensonge soit érigé comme système pour piller et détruire ce que nous avons de plus précieux : notre conscience nationale et notre humanité. S’indigner c’est pouvoir construire un pouvoir alternatif en mesure de répondre aux attentes et des aspirations des populations. S’indigner c’est avoir foi en l’avenir de la Guinée.

La violence engendre la violence et la haine nourrit la haine. La gouvernance d’Alpha CONDE doit s’en souvenir pour faire libérer les innocentes victimes qui croupissent en prison de part sa seule volonté et arrêter de martyriser davantage nos concitoyens.

Enfin je suis profondément indigné par la mort du Colonel Issiaga CAMARA. A sa famille, à ses proches et à ses compagnons de captivité, votre souffrance et votre tristesse sont aussi les miennes.

Que l’âme du défunt repose en paix.AMEN!

Le 07 septembre 2012

BAH Oury
1er Vice-Président de l’UFDG

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