Dans l’article précédent intitulé « La Guinée, terre multimillénaire du panafricanisme » (https://www.visionguinee.info/amp/la-guinee-terre-multimillenaire-du-panafricanisme), j’anticipais que l’Afrique doit se donner pour mission d’être le centre de gravité du monde multipolaire, et la Guinée le principal centre d’attention de la cause Noire au XXIe siècle.
Pour que cela se produise, il est important que la majorité comprenne que nous sommes confrontés à cette époque à une dichotomie idéologique et civilisationnelle : les pôles du traditionalisme d’un côté, et ceux du mondialisme de l’autre.
Le mondialisme néolibéral : la dernière forme de colonialisme du XXIe siècle
Le mondialisme (que beaucoup confondent avec la mondialisation) n’est rien d’autre que la dernière étape du colonialisme occidental au XXIe siècle, fondée sur l’occidentalisation excessive du globe (en particulier des civilisations Noires), la destruction des préceptes de valeur, de la culture, de la Tradition, de l’Identité collective.
Le mondialisme est apparu comme un courant au début des années 1990 avec la chute du mur de Berlin et la défaite du communisme soviétique après la guerre froide (qui a opposé le capitalisme occidental au communisme soviétique). Le mondialisme n’est rien d’autre que la phase la plus avancée et la plus radicale d’un capitalisme occidental à la base de l’esclavage, du colonialisme et du néocolonialisme.
Le mondialisme néolibéral exposé ici ne doit pas être confondu avec la mondialisation : si la mondialisation comme interaction entre les peuples a toujours existé et est consubstantielle au processus humain, le mondialisme en est le paroxysme, sa dégénérescence, qui ne vise pas l’interaction entre les peuples dans la diversité, mais l’imposition d’un paradigme planétaire unique au détriment des civilisations Noirs (et pas que!) enracinées dans la Tradition. Il s’agit clairement d’un nouveau colonialisme.
Ce mondialisme qui défend la vision économique et politique de l’Occident collectif, a généré le concept institutionnel d’unipolarisme, qui voudrait l’existence d’un seul Pôle avec un seul centre de décision dont la capitale serait aux USA. Au sein de cet unipolarisme institutionnel, le concept horizontal de non-polarisme (ou apolarisme) a été généré, matérialisé par des ONG et des mouvements à agenda occidentaliste financés par l’oligarchie néolibérale apatride et des entités comme George Soros. Le non-polarisme est donc l’extension de l’unipolarisme, fonctionnelle au mondialisme néolibéral. Face au mondialisme et à ses dérivés délétères, un courant connu sous le nom de multipolarisme a émergé ces dernières années pour contrer l’idéologie du déracinement du Nouvel Ordre Mondial.
Le multipolarisme : nouveaux centres de décision
Le multipolarisme ne croit pas à l’existence d’un centre de décision unique comme dans l’unipolarisme, ni à la présence de multiples centres de décision décentralisés comme dans le cas du non-polarisme. Il croit à l’existence de multiples centres de décision et de multiples organisations civilisationnelles organisées en Pôles Multipolaires (Empires) face à l’hégémonie d’un seul Pôle Unipolaire (l’impérialisme).
Des nations comme la Russie, la Chine, l’Iran, le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord, entre autres, représentent (dans le contexte extra-africain) la vision du multipolarisme. Ils rejettent l’unipolarisme et soutiennent l’autodétermination politique, économique et culturelle.
Dans l’Afrique d’aujourd’hui, les gouvernements pionniers de la vision multipolaire sont la Guinée sous la présidence de Mamadi Doumbouya, le Mali sous la présidence d’Assimi Goïta, le Niger sous la présidence d’Abdourahamane Tchiani, le Burkina Faso sous la présidence d’Ibrahim Traoré.
Le multipolarisme représente l’avenir, l’équilibre, l’ordre, la paix, la stabilité pour les différents Peuples enracinés dans leur tradition, dans leur culture, dans leur identité collective et dans leur perception de la justice sociale.
Pour une voie afrocentrée de multipolarisme et de souveraineté traditionnelle
Les masses Noires doivent comprendre que nous vivons une phase très délicate. La nouvelle guerre froide n’est plus entre le communisme d’un côté et le capitalisme de l’autre, mais entre la vision du mondialisme (caractérisée en Occident par la gauche wokiste et certains de ses adeptes assimilationnistes Noirs, caractérisée en Afrique par certaines entités qui adoptent la vision unipolaire et non-polaire) et la réorganisation de la réaction caucasienne à l’Ouest comme à l’Est (Trump, Poutine et leurs adeptes) d’autre part.
Dans cette dichotomie, les Africains et les Afrodescendants doivent être prudents et comprendre qu’il y a une dichotomie dans une dichotomie : dans la confrontation entre les mondialistes noirs-blancs et les traditionalistes blancs, ils répondent aux réflexes dictés par la vision eurocentriste. Il est important pour les traditionalistes Noirs de s’organiser, de se concentrer sur leur propre peuple (comme tout le monde).
Le siècle de la « fin de l’Histoire » prédit par Francis Fukuyama touche à sa fin, le concept de « société ouverte » de Karl Popper, repris plus tard par George Soros, est désormais pourri. C’est le siècle de la consolidation en grands centres civilisationnels, identitaires, traditionalistes, endo-solidaires. Le soi-disant « Nord global » s’organise contre le soi-disant « Sud global » à travers la réémergence des nationalismes, et dans cette guerre, les traditionalistes Noirs ainsi que les suicides idéologiques wokistes Noirs ne seront pas épargnés.
Les traditionalistes Noirs doivent adopter les principes du nationalisme Noir révolutionnaire (Black Power – autodétermination communautaire Noire, panafricanisme, souverainisme africain), déconstruire la vision mondialiste non-polaire des wokistes Noirs (Black Lives Matter – plus d’assimilation dans les sociétés occidentales, plus de reconnaissance en Occident, cosmopolitisme) et affronter la suprématie mondialiste néolibérale.
Et si certains continuent à croire aux illusions mondialistes ou altermondialistes, au village planétaire, au concept de « citoyens du monde », notre survie sera menacée. Tous les pôles ou forces non-africains qui défient l’hégémonie américaine sont nécessaires, mais nous devons nous rappeler, en tant qu’Africains, que nous devons nous concentrer sur nous-mêmes.
La Tradition est la clé sotériologique pour nous Africains. Mais la Tradition, telle que je l’expose ici, ne s’entend pas au sens de la coutume (produit humain), mais au sens de la Tradition Primordiale (produit divin), racine surhumaine antérieure, dont les Noirs sont les gardiens en tant que Peuple Originel, qui nous relie au Créateur.
Quelle que soit la religion ou la spiritualité que nous pratiquons, elles sont le fruit de la Tradition Primordiale (telle qu’enseignée par le courant du Pérennialisme). Mon grand-père maternel Fara François Kamano, député à l’Assemblée nationale en Guinée dans les années 70, diplomate et membre du Conseil des Sages de Guéckédou, était un chrétien fervent : il disait que quelle que soit votre foi, il n’y a qu’un seul Dieu, et peu importe le nom qu’on lui donne.
Ce positionnement pérennialiste permettra une coexistence harmonieuse dans les domaines spirituel et religieux.
Choisir la voie de l’Empire ou du mondialisme
La Guinée sera le centre de gravité de la révolution panafricaniste au XXIe siècle. En termes de panafricanisme, son passé et son présent (au niveau gouvernemental) nous montrent la trajectoire d’un avenir brillant. Les États-Unis d’Afrique pourraient apparaître plus tôt qu’on ne le pense. La Guinée pourrait être la nation qui, à travers son panafricanisme historique et actuel, pourrait être une force qui entamera le chemin de la consolidation d’une nation phare pour tous les Africains, au sens d’Empire. Plus que jamais, nous avons besoin d’être respectés et respectable, et d’avoir notre mot à dire sur l’échiquier géopolitique.
Fara-Fin Sâa François Sandouno, Italien-Guinéen né en Italie, Neveu du Ministre Secrétaire Général du Gouvernement Guinéen Tamba Benoît Kamano et de l’ancien Deputé Fara François Kamano (1935-2017), Président-Fondateur de Universal Black Civilization Power, Penseur afrocentrique et panafricaniste, Conférencier, Journaliste.