Il est aussi important de rafraîchir la mémoire à ceux qui croient pouvoir tout effacer avec des beaux discours. Ceux qui veulent aujourd’hui nous vendre Ousmane Gaoual Diallo comme un visionnaire, un héros incompris, doivent savoir qu’on n’a pas oublié. Loin du bruit qu’on essaie de créer autour de lui, la vérité reste têtue.
Non, ce n’est pas le camp de Cellou Dalein Diallo qui a du mal à reconnaître les qualités de Gaoual. C’est Ousmane Gaoual lui-même qui a toujours eu du mal à rester constant, à rester loyal, à rester dans une ligne claire. On veut faire croire qu’il était en avance sur tout le monde, alors qu’en réalité, il a passé son temps à semer la confusion, à critiquer plus qu’à construire, et à se battre plus pour lui-même que pour la cause.
On parle de ses alertes contre la dérive autoritaire d’Alpha Condé. Très bien. Mais ce même Gaoual, dès qu’il a eu l’occasion de rejoindre un autre régime autoritaire, celui du CNRD, il a sauté dessus sans hésiter. Il n’a même pas eu besoin d’un deuxième tour. Quel courage ! Quelle cohérence !
Quant à ses combats internes au sein de l’UFDG, soyons clairs : ce n’était pas un engagement pour la démocratie interne, mais un refus de respecter la discipline collective. Gaoual n’a jamais accepté qu’on lui dise non. Il voulait que tout tourne autour de lui. Quand il a dû faire face à une concurrence, comme en 2013, il a vu ça comme une humiliation, alors que c’est la base de tout processus démocratique. On lui a imposé des primaires ? Et alors ? Il n’était pas au-dessus des règles.
Sa victoire à Gaoual, on la lui reconnaît. Mais qu’il arrête de faire croire qu’il l’a obtenue seul, contre tout et tous. Beaucoup de candidats de l’opposition ont mené des campagnes sans moyens, sans soutien, dans des conditions difficiles. Ce n’est pas un exploit unique. Et surtout, ce n’est pas une raison pour trahir ensuite tous ceux qui l’ont soutenu.
Quand il est devenu député, il a fait du bruit, oui. Mais toujours avec cette manière agressive, provocatrice, qui servait plus son image que la cause commune. L’affaire Tanè ? Un épisode flou, mal géré, qui l’a conduit à se retrouver seul. Mais pas à cause d’un complot. À cause de ses propres décisions.
Et puis est venu le moment où tout a basculé : son ralliement au CNRD. C’est là que tout le masque est tombé. Le soi-disant défenseur de la démocratie s’est retrouvé à justifier les décisions d’un régime militaire, à défendre l’indéfendable, à se taire quand des manifestants étaient tués, quand les libertés étaient bafouées, quand ses anciens camarades étaient emprisonnés. Voilà ce qu’il est devenu.
Et aujourd’hui, on veut nous le présenter comme un homme d’État, un réformateur, un homme d’avenir ? Non. C’est un homme de rupture, oui, mais rupture avec ses propres principes. C’est un homme de convictions variables, selon l’offre du moment. Un homme qui parle de transformation, mais qui n’a transformé que son propre discours pour rester du bon côté du pouvoir.
Le vrai visage de Gaoual, ce n’est pas celui d’un héros injustement écarté. C’est celui d’un politicien classique, rusé, prêt à tout pour rester dans le jeu. Pas de honte à cela, mais qu’on ne vienne pas nous le vendre comme un modèle de droiture ou d’intelligence stratégique.
Cellou Dalein Diallo n’est pas parfait. Aucun leader ne l’est. Mais s’il y a bien une chose qu’on doit lui reconnaître, c’est sa constance. Il est resté du même côté, malgré la pression, malgré l’exil, malgré les trahisons. Et Ousmane Gaoual fait partie de ces trahisons.
Ceux qui ont la mémoire courte peuvent continuer à le vanter. Mais pour nous, il ne sera jamais un repère. On ne construit pas un avenir solide avec ceux qui brûlent les ponts derrière eux dès qu’ils voient une autre opportunité.
Abdoul Karim Diallo
Ancien représentant de l’UFDG en Angleterre