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Les assises nationales : une solution simple et fausse !

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« Chaque problème humain a une solution qui est simple, directe, plausible et fausse »[1]. Il faut certainement saluer le concept des Assises Nationales  pour jeter un regard objectif sur l’histoire post coloniale de la Guinée. 

Cependant, il faudrait souligner que l’organisation des assises nationales n’est pas nécessairement un point tournant dans le processus récent de démocratisation en Afrique.  Ces assises ne sont nationales que dans leurs formes. Dans leur fond, elles constituent un terrain fertile (pour l’élite intellectuelle ou certains démagogues de l’intérieur et de l’extérieure du pays) pour se faire tailler une place au soleil.

Les seules réalisations significatives de ce type de forum (s’il ne devient pas l’élément dynamique qui met le feu aux tensions sociales latentes) seront la redéfinition des règles de la course pour la présidence et le repositionnement des principaux candidats sur l’échiquier politique nationale. Les assises nationales ne peuvent atteindre que ces deux objectifs sus indiqués.

L’affirmation selon laquelle ces assises nationales nous permettront de laver le linge sale en famille est un prétexte avec un but caché – la manipulation de la balance politique en faveur d’un parti ou groupement de partis qui sortiront « vainqueurs du débat national ».  Ce processus ne peut, en aucun cas, faire participer la majorité des Guinéens au débat.  Qui viendra parler aux villageois de Sory Oula (Forécariah) ou de Télico (Mamou) pour les assises nationales ?  Comment les citoyens de ces villages vont participer à notre introspection nationale ?

Il convient de noter, de manière générale, que les assises nationales ne sont pas la plaque tournante pour un retour à un régime démocratique en Afrique, et particulièrement en Guinée.  Les transitions réussies vers la démocratie du Cap-Vert, Sao Tomé et Principe et la Zambie montrent que le processus peut être accompli sans des assises nationales superficielles, longues ou courtes, coûteuses et potentiellement contentieuses (à en juger par la participation, ou manque de participation, de certains éléments représentatifs d’importantes couches de la nation guinéenne).

En outre, la transition difficile du Togo nous enseigne qu’une conférence nationale ne peut pas toujours remplacer les réseaux traditionnels vers une transition harmonieuse et pacifique. L’insistance sur les assises nationales en Guinée est motivée par l’ambition politique de certains individus et ne répond pas aux besoins actuels du pays.

Dr Abdoulaye Bah

Le danger potentiel de ces assises nationales est de virer en un forum de mise en accusation des groupes ethniques, (collectivement supposé être responsable pour les abus commis contre certains Guinéens, par quelques individus sans scrupules et assoiffé de sang), est un très grand risque à prendre. Déjà, il y a des souvenirs sélectifs qui pullulent en ligne selon les nouvelles en provenance de la Guinée (1961, 1965, 1968, 1972 sont moins mentionné que 1985).  Les lignes se dessinent.  Ma blessure est plus que la tienne.  Parlons de la mienne pas de la tienne.

Cela ne signifie pas que l’on ne doit pas être gravement préoccupé par la situation actuelle, gangrénée par le règne sanglant et la gabegie financière de la dernière décennie qui est sous le tapis à ce jour,  et penser à des solutions qui vont éviter à notre pays de tomber dans le bourbier du désordre avant les prochaines élections nationales. Nous voulons simplement indiquer que les ressources orientées vers l’organisation des assises nationales auraient pu être mieux utilisées pour encourager la mobilisation politique de tous les Guinéens.

A défaut, il faudrait définir clairement les paramètres à utiliser pour conduire les assises nationales.  Indicateurs objectifs, témoignages des victimes, experts et historiens, recommandations de la justice, restitution du patrimoine des victimes, vérité et enfin réconciliation.

Notre pays ne peut pas se permettre de bafouer cet effort. Peut -être nous devons ajouter dans notre nouvelle constitution la création d’une commission indépendante que les futurs gouvernements seront tenus à soutenir pour documenter les abus des régimes précédents. C’est à ce seul titre que la Guinée avancera unie et prospère.

Pour une Guinée Unie et Prospère.  Prêt à Servir pas se Servir !

Dr Abdoulaye Bah
Professeur d’Université aux États Unis, Ret.
Ancien chef de Chaire du Département des Sciences Sociales et Comportementales
Directeur, Centre pour la santé Comportementale et la Résilience
Université de Lincoln
Jefferson City, Missouri USA
Columbia, MO USA

[1] Prejudices: Second Series Volume 2

Par Henry Louis Mencken, 1920

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