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Les avocats d’Aliou Bah boycottent le procès : ‘’il va faire valoir son droit au silence’’

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Me Hady Galissa Diallo, l’un des avocats de la défense d’Aliou Bah, a annoncé le boycott de l’audience de ce mercredi 16 avril à la Cour d’appel de Conakry, dénonçant des irrégularités dans le déroulement de la procédure judiciaire. Lisez sa réaction.

« L’enjeu d’aujourd’hui, celui de savoir, est-ce que la juge est capable de décider et que tout le monde s’y conforme. La semaine dernière que la juge a décidé deux choses.

Premièrement, c’est que le procès ne sera pas médiatisé, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de caméras braquées, comme c’était fut le cas lors du procès de 28 septembre. Nous, avocats de la défense, on avait dit que cela ne nous convenait pas. La deuxième chose, elle avait rejeté la demande du parquet qui consistait à procéder au huis clos.

Une salle remplie avant l’heure, des médias refoulés

Donc, cela voulait dire que le procès est public. Pour contourner cette mesure, ce matin, nous avons été surpris de voir que la salle d’audience avait déjà été remplie. Et que vous, les médias, on vous a interdit d’y accéder. On a interdit aux militants et sympathisants de M. Aliou Bah d’y entrer. Les diplomates également, parce que la salle était totalement remplie. Par qui ? Et ces jeunes qui étaient là-dedans. J’ai posé la question de savoir qu’est-ce qu’ils font là ? Est-ce qu’ils ont un intérêt à ce procès ? Est-ce qu’ils sont représentants d’un cabinet d’avocats ? Ils m’ont répondu, qu’est-ce qu’un cabinet d’avocats ? Et donc, les jeunes qui ont été pris dans les quartiers. Et ces jeunes-là n’ont pas été fouillés.

Donc, on a estimé que cette situation était dangereuse aussi bien pour la sécurité des avocats, parce qu’on ne sait pas, est-ce que ces jeunes-là sont armés ? Pour quels motifs sont-ils là ? Qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Quelle est leur motivation ? Qu’est-ce qu’on leur a promis ? Qu’est-ce qu’on leur a demandé de faire dans la salle d’audience ?

Des individus non identifiés dans la salle

La deuxième chose, c’est que notre client, M. Aliou Bah, ne pouvait pas non plus se sentir en sécurité. Et donc, collectivement, on a été voir le premier président de la cour d’appel. On lui a expliqué la situation. Il a été constaté dans la salle qu’effectivement, ces jeunes-là semblaient, pour certains, dormir dans la salle. Ils se demandaient qu’est-ce qu’ils faisaient là.

Parce que l’objectif, c’était de remplir la salle et de vous dire que c’est plein, vous ne pouvez pas y entrer. Maintenant, les conséquences de cela, c’est quoi ? On l’a expliqué à la juge. On lui a dit qu’on ne peut pas plaider dans des conditions comme ça. Dès lors qu’elle a décidé que l’audience est publique, on ne peut pas interdire aux sympathisants, aux membres du parti et aux proches d’y entrer. Ils ont essayé de nous faire des propositions de compromis. Parmi lesquelles, c’est-à-dire qu’on va permettre un changement de salle, mais ces jeunes-là vont rester là-dedans.

Les avocats inquiets

Des jeunes qu’on ne connait pas, qui n’ont aucun intérêt à participer à ce procès. Mais qu’ils vont aller jusqu’à nous demander, nous, avocats, de laisser nos téléphones dehors. Depuis quand on fouille les avocats ? Nos correspondances relèvent du secret professionnel.

Ils voulaient qu’on confie nos téléphones à un greffier ou je ne sais qui. On n’était pas d’accord. Ils voulaient que vous, médias, vous puissiez accéder sans vos téléphones, avec des blocs-notes. Comment voulez-vous faire des contraintes d’audiences qui existent partout dans le monde ? Dans tous les pays respectés et respectables, ça existe.

Donc, après concertation du collectif, on a estimé que ce serait dangereux de leur donner ce qu’ils voulaient. Parce qu’ils voulaient que ces jeunes-là montent dans la salle avec vous tous.

Et que finalement, sans même qu’on s’en rende compte, peut-être que quelqu’un va créer un scandale là-bas. Ils vont dire : vous voyez, on avait demandé le huis clos, vous l’avez refusé. Désormais, le huis clos s’impose.

Donc, quelque part, ils essaient à tout prix d’avoir un huis clos. Que cachent-ils ? Que cachent-ils ? Que veulent-ils faire ? Que veulent-ils faire ? Quoi qu’ils veuillent faire, ça sera su et vu par tout le monde. Donc, autant aller au fond.

Nous, nous demandons encore une fois au fond. Et on en a discuté avec M. Aliou Bah, qui va faire valoir son droit au silence et son droit au conseil à des avocats.

On n’a pas pu les identifier ces personnes. Tout porte à croire que c’est des gens qui n’ont rien à voir dans nos tribunaux. Nous nous connaissons. Les professionnels, on se connaît. Les assistants d’avocats qui sont dans le monde judiciaire, on les connaît. Mais des personnes qui viennent dans la salle pour dormir et qui sentent un peu le boulot du soir, certains ont l’air d’être des mécaniciens, d’autres, je ne sais quoi, ils n’ont aucun intérêt à être là. Mais en tous les cas, vous savez, comme ils n’ont rien dans le fond, rien, je dis bien, rien, dans le fond, ils incidentent. Mais, nous les amènerons au fond.

Non seulement bizarrement habillés. Ce sont des gens, soit des taximotards, ou alors des gens qui font de la mécanique. Nous connaissons le personnel qu’on retrouve au tribunal : les greffiers, les assistants d’avocats. Ce n’est pas des personnes qui se demandent qu’est-ce qu’ils font là. Et ces personnes-là dormaient. On ne sait pas quelle est leur motivation et qui leur a demandé de venir. S’ils sont derrière ça, ils auront sciemment outrepassé la décision du juge.

Boycott de l’audience et droit au silence pour Aliou Bah

Nous, tout ce que nous demandons, c’est ce que demande la loi. C’est-à-dire les conditions qui permettent la sérénité des débats. Aller chercher des enfants du quartier qui n’ont rien à voir dans les tribunaux et les amener à 7h du matin. Ils n’ont jamais été fouillés. Et figurez-vous, ils ont fini par imprimer des badges et donné à certaines personnes. Pourquoi ces enfants-là n’ont pas de badge ? Parce qu’ils ont été introduits. Les avocats sont témoins. À 7h du matin avant que tout le monde arrive. Nous ne pouvons pas traiter dans ces conditions-là. Parce que notre sécurité et la sécurité de nos clients est fondamentale.

Maintenant, on attend de voir ce que le parquet va faire. Est-ce qu’ils vont continuer dans ce scandale-là ? Ils vont assumer entièrement leurs responsabilités. Il se peut que le juge entende M. Bah. Mais il va faire valoir son droit au silence ».

Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

00224 662 78 58 57/salimbalde91@gmail.com  

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