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Les consignes fermes de Dadis à l’armée à la veille du massacre du 28 septembre

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Ce mercredi 15 novembre, dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre, l’ex-chef d’état-major général des armées sous le capitaine Moussa Dadis Camara est à la barre du tribunal criminel de Dixinn. Le colonel Oumar Sanoh est revenu sur les consignes données par l’ancien chef de la junte à la veille du massacre, les camions remplis de cadavres et l’intervention d’une française de la Croix Rouge.

Dans sa narration, le colonel Sanoh assure que des consignes avaient été donnés aux militaires de rester dans les casernes. Extraits…

‘’Entre le 25 et le 26 septembre 2009, chaque fois que je termine mon travail au bureau, je venais à la présidence au camp Alpha Yaya pour rendre compte au ministre de la défense. Mais ce jour-là, à mon arrivée, je n’ai pas trouvé pas le ministre dans son bureau. Par la suite, je l’ai rejoint dans le bureau du président.  Je l’ai trouvé en train de parler avec le président. Dès que j’ai pris place, M. le président a dit : ‘il y a trop de murmures, les gens veulent sortir. Je ne veux voir aucun militaire s’ils organisent la manifestation. Parce que je connais les militaires guinéens’. Il l’avait dit en présence du ministre de la défense et d’autres personnes. Il a insisté et a pris le ministre à témoin. Et le ministre m’a réitéré la même chose en disant : ‘Tu as entendu ! Donc, le quartier reste consigné’. Après, je suis sorti du bureau avec le ministre (…).

Après ça, ils ont voyagé sur Labé. Dans les radios, les journaux, tout le monde entendait des murmures sur l’organisation de la manifestation. Personnellement, je n’étais pas convaincu que ce meeting allait avoir lieu. Parce que les leaders politiques étaient tout le temps avec le président. Des fois, quand on venait à la présidence pour le compte-rendu, le ministre rentrait et nous, on restait à la porte. Et on apprenait que le président était avec tel ou tel leader. Donc, il n’y avait pas ce leader qui ne passait pas à la présidence. Pour nous, des relations existaient entre lui et les opposants. Donc, il pouvait les convaincre pour surseoir au meeting.  C’est pourquoi, on n’était pas trop sûrs. C’est ainsi qu’à la veille, j’ai passé le communiqué à tous les chefs d’état-major, aux commandants des grandes unités de passer au camp Alpha Yaya. Effectivement, les gens sont venus à 10h et j’ai passé le message en leur disant que le quartier est consigné et que je ne veux voir aucun militaire dans la rue. Si le meeting a lieu, seules la police et la gendarmerie sont habilitées pour le maintien d’ordre, tous les autres, quartier consigné, armes au vaisseau et vous me rendez compte (…). Arrivés dans leurs unités, ils ont appelé au rassemblement pour passer le message et on m’a appelé pour confirmer. Il y a même des unités où des militaires ont passé la nuit.

Le 28 septembre, dès 7h, j’étais à mon bureau au camp Samory Touré. J’ai passé toute la journée là-bas. Il y avait une petite radio qui était à côté qui émettait des informations qui se passaient au stade. Donc, c’est à la radio que j’ai suivi beaucoup de choses. Entre 10h et 11h, je reçois l’appel d’une française. Je ne sais pas comment elle a eu mon numéro, elle me dit qu’elle est responsable de la Croix Rouge internationale. Elle me dit qu’elle est au stade du 28 septembre et qu’ils sont débordés, qu’il y a beaucoup de blessés et des morts et qu’ils n’ont qu’une seule ambulance. Et elle me demande de l’aider à avoir des ambulances. Après, j’ai appelé le ministre Diaby de la santé qui me dit qu’il est en route pour son chantier à Coyah. Je lui dis qu’il y a quelque chose qui se passe et que ça ne va pas au stade et de nous aider à avoir des ambulances. Il a commencé par me dire que toutes les ambulances sont en panne (…). Finalement, il m’a dit qu’il va voir au niveau des hôpitaux avant de raccrocher. Il m’a rappelé pour me dire qu’il a appelé la directrice de l’hôpital Donka , mais qu’ils ont déjà envoyé la seule ambulance au stade.

La dame m’a rappelé pour dire que les deux ambulances ne suffisent pas. C’est ainsi qu’elle m’a demandé si elle peut avoir des camions (…). J’ai appelé le commandant du train militaire pour l’ordonner de préparer 3 camions carburés avec des chauffeurs pour aller directement au stade, rencontrer la française, se mettre à sa disposition et m’appeler. Il m’a demandé s’il faut mettre la corvée, j’ai dit non ! Après, la française m’a confirmé que les camions sont effectivement arrivés. Par l’intermédiaire des chauffeurs, la dame a réussi à avoir le commandant du train militaire pour demander d’augmenter un camion. Donc, il y avait 4 camions où ils ont embarqué des corps.

Après avoir ramassé les corps, la dame a dit d’envoyer les corps à la morgue d’Ignace Deen. Quand les chauffeurs sont allés à la morgue, ils n’ont pas trouvé de responsables pour décharger. Ceux qui étaient là ont dit que les chefs ne sont pas là mais on va préparer la salle (…). Les chauffeurs ont décidé d’eux-mêmes de ne pas laisser les camions exposés. Ils sont venus au camp Samory les garer en disant aux gens de la morgue de les appeler quand ils seront prêts (…).

Quand j’ai convoqué les chauffeurs et le commandant du train, ils m’ont dit qu’il y avait 155 corps que la dame a embarqués dans les camions’’.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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