[dropcap]L'[/dropcap]ancien chef de la transition guinéenne, Moussa Dadis Camara a annoncé ce lundi 10 octobre, son retrait de la tête de son parti et de la scène politique De son pays, la Guinée. Une décision, qui, selon l’intéressé, est prise pour mieux s’occuper de ses affaires personnelles. Mais à y voir de près, l’ex homme fort de Conakry est poussé à la porte par les différents dossiers qui lui collent à la peau.
Moussa Dadis Camara n’est plus président de son parti, les Forces patriotiques pour la démocratie et le développement (Fpdd). Il l’a fait savoir dans un courrier adressé au bureau politique du parti, précisant du coup, son retrait de la vie politique guinéenne.
“Je ne suis plus le président du Fpdd et je me retire de toutes les activités politiques, en ce qui concerne les communales et les législatives qui pointent à l’horizon”, a-t-il annoncé au micro de Rfi. “Cette décision est strictement une décision personnelle et ne doit, en aucun cas, influencer la liberté que les Fpdd ont de participer pleinement à la vie politique”, clarifie-t-il, estimant avoir pris cette décision pour mieux vaquer à ses occupations “personnelles”.
C’est donc la fin d’une carrière politique à multiples rebondissements, démarrée en trombe après la mort de Lansana Conté en 2008. Pour mémoire, le capitaine Dadis, qui a pris les rênes du pays, avait d’abord annoncé qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle de 2010. Mais contre toute attente, il entreprit, malgré l’opposition de la classe politique et d’une bonne partie de l’armée, de tenter un passage en force.
Les événements du stade de Conakry du 28 septembre 2009, avec la mort de 157 personnes lors d’une manifestation de l’opposition, finissent par contrarier ses plans. Soupçonné d’avoir commandité la fusillade, Dadis Camara a dû revoir ses ambitions à la baisse, avant de les voir complètement anéanties, suite à son élimination manquée du 3 décembre 2009. Depuis, Dadis Camara s’est réfugié au Burkina-Faso, guettant sans cesse le bon timing pour revenir dans l’arène. C’est donc une petite surprise de voir l’homme prendre définitivement ses distances vis à vis du débat politique.
Retraite voulue ou forcée ?
Cette retraite annoncée a tout l’air d’une orchestration du remuant ex chef de la junte guinéenne, connu pour son obstination à toute épreuve. S’il est vrai que son exil forcé ne lui a plus permis de jouir de la carrière politique rêvée, son départ impromptu de la scène cache mal la hantise d’une éventuelle poursuite.
La pression des organismes de droit de l’homme ne faiblit pas. La Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh), partie civile au procès dans le dossier du 28 septembre, est toujours aux trousses de Dadis Camara, soupçonné d’en être le commanditaire.
Mieux, les réalités de la politique intérieure du pays ne lui sont guère favorables. Il n’est pas superflu de rappeler son ambition brisée de participer à la dernière présidentielle. Moussa Dadis Camara, en choisissant à son corps défendant de se retirer de la scène, sait très bien que son avenir politique relève du passé. II sait surtout que le régime Condé garde toujours le coude sur le dossier du 28 septembre, et n’hésiterait pas à le lui rappeler, à la moindre incartade.