[dropcap]Le [/dropcap]weekend dernier, dix enquêteurs, se sont rendus à Womey à 57 km du chef lieu de Nzérékoré. Composée de journalistes et d’avocats, l’équipe a été interpellée, auditionnée, séquestrée pendant plusieurs heures avant d’être relaxée, dépouillée de leurs matériels de travail.
Depuis le drame du 16 septembre qui a coûté la vie à huit membres d’une délégation, le village Womey s’est vidé de sa population et une base militaire y a été érigée. Arrivés sur les lieux, les enquêteurs munis d’ordres de mission se sont rendus près de la fosse sceptique, où étaient enterrées les victimes du drame.
Pendant qu’ils enquêtaient, des militaires déployés dans le village reçoivent un appel qui viendrait de Nzérékoré. Au bout du fil, un colonel qui ordonne l’arrêt immédiat de la visite. Ils seront conduits à un endroit pour être identifiés, auditionnés pendant 5 heures d’horloge, dépouillés de leurs appareils et cartes mémoires.
Interpellé par la radio Djigui Fm, le directeur de l’Office national du Tourisme a déclaré que la polémique n’a pas sa place sur la question. Laye Junior condé assure que : ‘’nous ne sommes pas dans la jungle. Mais dans un Etat démocratique’’. Selon lui, même aux Etats-Unis, lorsqu’un crime grave est commis, un périmètre de sécurité y est établi. ‘’Il n’est pas donné à n’importe quel journaliste de venir sur les lieux du crime sans autorisation expresse des juges d’instruction’’, commente M. Condé.
Pour ce cadre du parti au pouvoir, les enquêteurs interpellés à Womey s’amusent avec le feu. ‘’Si on était en Occident, ils seraient aujourd’hui devant les Tribunaux. Ça ne se fait nulle part. Il faut apprendre à certaines normes’’, enseigne le directeur de l’Office national du Tourisme.
Avant d’accéder à Womey, où des crimes abominables ont été commis, toutes les précautions doivent être prises. Aux dires de Laye Junior Condé, dans ce village, il n’y a pas de place pour une ONG, encore moins des journalistes. ‘’Si des journalistes de France Inter ou BBC ne se sont pas rendus sur les lieux du crime, c’est parce qu’ils connaissent la loi. Womey, est une zone où des crimes graves ont été commis’’, conclut M. condé.
Aux dernières nouvelles, le matériel confisqué a été rendu aux journalistes et défenseurs des droits de l’homme. Avec cette pratique, l’on est en passe de se demander ce que les autorités guinéennes cachent derrière cette tragédie survenue à Womey. Surtout quand on dit que le 8è corps retrouvé dans cette localité portait des traces de balle, selon un prêtre de Nzérékoré.
Sidy BAH, pour VisionGuinee.Info
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