[dropcap]B[/dropcap]ien qu’ayant des doutes sur l’efficacité de la démarche, a priori, je m’en réjouis si elle peut contribuer à désamorcer la crise et permettre ainsi à nos enfants de reprendre le chemin de l’école.
Mais cette rencontre vue dans toutes ses dimensions, renvoie une lecture d’un pays très mal organisé avec un système de gouvernance personnalisé et une société en quête de véritables repères.
En effet, après avoir traité son secrétaire général de ‘’rebelle’’ et leur mouvement de grève de ‘’sauvage’’ en menaçant tout média qui leur donnerait l’opportunité de s’exprimer, la décision du président de la République d’inviter le SLECG est un désaveu. D’abord pour lui-même. Ensuite, pour ses ministres qui jusque-là ont privilégié la manipulation, l’arrogance, les combines comme moyens de gestion de cette crise.
Cette rencontre annoncée symbolise l’échec des institutions de l’État dans leur fonctionnement. De la primature, qui a la responsabilité constitutionnelle de l’animation du dialogue politique et social, à l’inspection générale du travail en passant par les différents ministères concernés par la crise.
Elle est aussi une preuve de l’effectivité du pouvoir centralisé (tout se décide chez le chef et sans lui rien n’est possible) et le manque de recours crédibles et efficaces en cas de crise majeure dans notre pays.
Ayant déjà le soutien de la base, à travers cette rencontre, Aboubacar Soumah et ses collègues obtiendront aussi une légitimité de fait auprès de la plus haute autorité de l’État. Ce qui en soi est une bonne chose car elle consacre le renouvellement du leadership syndical dont le rôle et la nécessité dans la défense de l’intérêt des travailleurs, n’ont pas besoin d’être rappelé.
Enfin ; il faut ajouter que les moyens de pression et de contre-pouvoir sont absolument nécessaires dans la construction de toute démocratie. Malheureusement, nos dirigeants sont souvent en manque de sérénité et guidés par leurs émotions dans ce type de circonstances. Ce qui d’ailleurs explique en partie le fait que la répression soit toujours la seule réponse qu’ils apportent aux revendications politiques et sociales.
Aliou BAH
Directeur de com du BL
aliou bah ferme ta gueule yanndi .