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Les nouvelles élucubrations d’Alpha Condé

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[dropcap]A[/dropcap] l’occasion d’un déplacement à Genève (dans quel but ?), Alpha Condé a une nouvelle fois raconté des sornettes, lors d’un entretien avec les journalistes du quotidien Le Temps, histoires dont il est coutumier, et qui ne convainquent que ses supporters. Ainsi au sujet du virus Ébola et de la gestion du secteur minier, Alpha Condé tente de refaire l’histoire.BARRY_Haroun_Gandhi_4_01

Sur la fièvre Ébola

L’OMS, qui est une organisation internationale – donc a priori neutre vis-à-vis de la politique guinéenne – annonce au moins 120 décès, et d’autres à venir. Alpha Condé divise ce nombre par deux (61), comme pour dire qu’on en fait trop sur la Guinée, là où le bilan officiel guinéen en annonçait 78 (le lendemain de cette entrevue), voire près de 110 à la date d’aujourd’hui. Cette guerre des chiffres ne fait que démontrer qu’Alpha Condé est soit un menteur, ou pire, qu’il ne s’intéresse pas à ce qui se passe dans le pays qu’il est censé diriger. Il ne sert à rien de vouloir démontrer qu’on maîtrise toute situation, au risque de se discréditer. D’ailleurs, il laisse entendre que certaines organisations (pense t-il à MSF ?) ont parlé rapidement d’épidémie (n’existe-t-elle pas ?), pour attirer les fonds. Il eût été plus honnête de rappeler que des fonds ont effectivement été drainés vers la Guinée – on parle de plus d’un million de $ –, mais les fonds ont été dépensés à 80% – dixit le ministre de la Communication –, sans qu’un compte au nom du « Comité interministériel de riposte contre Ébola », chargé de ces fonds, ne soit ouvert. Alpha Condé aurait donc mieux fait de se taire.

Sur l’affaire BSGR

Alpha Condé n’est pas très disert sur cette affaire, laissant entendre que c’est le Comité technique chargé de la remise à plat du secteur minier, et indépendant (on sait ce que ce mot signifie dans sa bouche), qui a retiré le permis d’exploitation. C’est tout ce qui sera dit directement sur cette affaire.

Alpha Condé n’oublie pas de rappeler que 800 concessions ont été annulées (comme pour dire que BSGR n’est pas le seul à perdre son permis), pourtant seul BSGR n’aurait pas respecté les règles. Tous les autres projets seraient donc clean (seuls des manquements aux délais, à des problèmes environnementaux ou à des retards dans le lancement des travaux auraient été mis en avant). On se demande bien pourquoi ils ont été retirés !!!

Lorsque des membres du gouvernement se demandent pourquoi l’opposition ne soutient pas Alpha Condé dans sa lutte contre les multinationales, elle oublie de constater qu’on ne peut se satisfaire de la gestion orientée d’Alpha Condé dans le domaine minier. Ceux qui sont prêts à payer des commissions agissent en toute opacité (devra-t-on faire la chasse aux sorcières par la suite ?), alors que ceux qui ne le souhaitent pas (BHP Billiton par exemple) ont fui le pays, résistent maladroitement (BSGR) ou plus habilement (Rio Tinto). En revanche concernant Rusal par exemple, l’opacité est toujours de mise, puisque aucun chiffre n’est cité.

Sur Rusal

L’accord avec Rusal, personne ne le connaît. D’ailleurs, on discute toujours paraît-il. Alpha Condé va même indiquer que le gouvernement guinéen s’est mal comporté, sans qu’on n’en connaisse les raisons. Il met en cause les conclusions d’un Cabinet international (le fameux rapport d’Alex Stewart International de Janvier 2010), qui avait évalué les dommages et intérêts que la Guinée pourrait obtenir de la vente nulle et non avenue de Friguia à Rusal, à près d’un milliard de $.

Sans aucune précision, Alpha Condé balaye le contenu de ce rapport d’un revers de main, se faisant de fait le défenseur des intérêts de Rusal. C’est en effet à ces derniers de contester éventuellement les prétentions guinéennes, pas à celui qui est censé assurer la continuité de l’État. Gare à lui donc, si l’alternance se fait et que le successeur entreprend de remettre en cause les rares réalisations (pas grand chose à vrai dire) d’Alpha Condé.

Non seulement Rusal n’a rien payé officiellement (???) concernant la vente de Friguia, mais il a même obtenu le site de Dian Dian pour RIEN (là encore officiellement). Cela revient donc à confirmer pour des raisons nébuleuses, que Rusal n’a pas fait l’objet de la même procédure que BSGR (Cqfd). Pourquoi voulez-vous que l’opposition soutienne ces pratiques d’un autre âge ?

Sur le Simandou

Alpha Condé nous apprend que sa promesse d’exploitation de la mine en 2015 est reportée à 2018, avec le transguinéen, le port en eaux profondes et la récupération des blocs de BSGR qui seront octroyés à d’autres (Rio Tinto ? Vale ? Un autre ?). On sait ce que valent ses promesses.

Là encore, Alpha Condé nous endort avec le transguinéen pourtant remisé aux oubliettes, cependant qu’il a octroyé en toute opacité en février 2012 à une coquille vide contrôlée par son fils (via Aboubacar Sampil), la société « Sable Mining Africa », des droits d’exploitation d’une partie des mines du Simandou avec évacuation par le Liberia. De quoi nous parle t-il donc avec le transguinéen ?

Alpha Condé ose affirmer qu’il ne s’occupe pas de mines, et qu’il s’en remet toujours au fameux Comité technique… qu’il a pourtant lui-même mis en place. D’une certaine façon, il n’a pas tort, puisque c’est son fils qui pilote les opérations minières.

Aux députés de se saisir de cette affaire pour éclairer l’opinion sur ce dossier (permis d’exploitation directe à une coquille vide sans passer par les permis précédents, pas d’appel d’offres, évacuation par le Liberia, aucune expérience de la société et de ses dirigeants en matière minière, etc…), et bien sûr les 250 millions de $ payés pour obtenir la licence, mais qui n’ont pas transité par le Trésor public, selon Kerfala Yansané.

Sur les mines en général

Alpha Condé revient sur l’affaire de Palladino et veut refaire l’histoire, oubliant que le contrat a été publié. Sans doute peut-on raconter n’importe quoi aux journalistes suisses, qui ne se souviennent peut-être pas de cette affaire, mais si le remboursement a eu lieu, on a du mal à comprendre pourquoi en février 2014, l’un des protagonistes du dossier menaçait de porter plainte1.

Comme d’habitude, Alpha Condé met en avant un contrat d’approvisionnement avec Mudabala, où la Guinée ne vend pourtant que des cailloux. Il parle de 5 milliards de $, là où on nous parlait de 6. Un milliard s’est-il déjà évaporé ?

Enfin Alpha Condé termine son entretien, en indiquant qu’il a exigé pour les blocs de bauxite de Boffa, que l’acquéreur construise une mine d’alumine avant d’exporter la bauxite. Mudabala n’a semble t-il pas été contrainte aux mêmes exigences, et c’est bien le problème de la politique minière d’Alpha Condé, faite à la tête du client, et donc sans aucune cohérence.

Conclusion

Si l’on excepte le contrat léonin avec le fils d’Alpha Condé, et qu’il faudra combattre, la politique minière guinéenne s’enlise, puisqu’avec des instances judiciaires à venir, les projets vont être gelés au moins temporairement. C’est d’autant plus grave qu’Alpha Condé avait bâti son projet sur la solution de facilité, celle que tous ses prédécesseurs ont mis en œuvre (sauf sous AST), à savoir faire confiance aux sociétés étrangères et encaisser des commissions. Il n’y a pas d’alternative à cette politique mafieuse, sauf à changer de régime l’année prochaine, et de s’appuyer enfin sur la créativité et le travail des Guinéens.

Gandhi
Citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, mai 1791).
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