Les sinistrés de l’explosion du dépôt des hydrocarbures tiennent tête à l’Etat : ‘’le CNRD nous a trouvés à Kaloum, il va nous laisser à Kaloum’’
Les sinistrés de l’explosion du dépôt des hydrocarbures de Kaloum ont décidé de restituer à l’Etat les montants versés récemment aux 322 locataires et 55 concessionnaires. Rejetant toute idée de bail partagé, les habitants de Coronthie, victimes du drame du 18 décembre 2023, se disent plus que jamais déterminés à croiser le fer avec les autorités.
Au cours de la semaine, l’Etat a alloué 2 000 000 à chaque concessionnaire et 1 000 000 à chaque locataire, comme frais de déménagement. De plus, il a accordé un montant de 2 500 000 à chaque locataire sur une période de 7 mois et 24 mois pour les concessionnaires. ‘’Cela donne le temps au gouvernement de reconstruire le site en vue d’établir un bail partagé avec les propriétaires’’, rassure le gouvernement.
Mamoudou Sifokè Touré, qui porte la voix des sinistrés, prévient que les victimes de l’explosion du dépôt des hydrocarbures n’entendent pas bouger d’un seul iota.
‘’L’Etat donne des sacs de riz pour nous traiter de mendiants. Ce n’est pas ce que nous avons réclamé’’, martèle-t-il, ajoutant que ‘’l’Etat nous a demandé ce qu’on veut. A l’unanimité, nous avons dit qu’on nous donne des fonds pour faire les travaux de rénovation nous-mêmes’’.
Il révèle que ‘’l’Etat est en train d’aménager une zone à Ansoumania village pour, disent-ils, recaser la population de Coronthie et Tombo. C’est cela le projet. L’idée, c’était de nous garder dans cette histoire de sacs de riz jusqu’au mois de mai. Dès que la saison hivernale commence, on nous dit : ‘Non, vous ne pouvez plus habiter ces maisons, parce que c’est à risque. Il faut que l’Etat vous loge à Ansoumania près de l’université’. Le document existe’’.
Il exhorte les autorités à réaliser que des ‘’gens qui n’ont pas pu quitter Kaloum pour aller même à la mosquée Fayçal pour recevoir des dons, ne peuvent pas aller à Ansoumania village. Le CNRD nous a trouvés à Kaloum, il va nous laisser à Kaloum. Nous ne quitterons pas Kaloum. Ce n’est même pas à discuter’’.
‘’Ils pensent que nous sommes des animaux qui ne connaissent pas nos droits. Ils croyaient que quand on donne 2 millions à chaque concessionnaire et 1 million à chaque locataire, on allait célébrer cela en fanfares’’, souligne-t-il dans On refait le monde, tout en précisant que ‘’la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est lorsque nous avons appris sur la RTG que nous avons été dédommagés. Que ce soit un début ou une fin de dédommagement, cela sous-entend qu’il y a au moins des dommages’’.
En pareilles situations, apprend-il à la junte militaire, ‘’il y a l’indemnisation et cela se fait par voie financière au prorata du préjudice subi. Il faut que les huissiers entrent en contact. Les dommages ont été recensés par des huissiers. Pourquoi ne paye pas pour ces dommages ? Au lieu de cela, il nous dit d’aller chercher des logements. On se demande où est-ce qu’ils ont égaré leur boussole. Pourquoi voulez-vous mettre plusieurs centaines dans la rue en leur demandant d’aller chercher où se loger ? Où vont-ils en trouver actuellement ?’’.
Les sinistrés de Kaloum rejettent par ailleurs l’idée de bail partagé émise par les autorités. ‘’L’Etat construit des immeubles, on occupe une partie et l’Etat occupe l’autre’’, détaille Mamoudou Sifokè Touré qui assure que ‘’cela n’a jamais été discuté avec les concessionnaires. Ça n’a jamais fait l’objet de l’Etat. Nous considérons cela comme une trahison, un mensonge d’Etat, un banditisme d’Etat. Nous condamnons avec la dernière énergie cette propagande populiste de personnes égarées visant à saper l’ordre dans Coronthie. Faire cette proposition, c’est pour nous révolter. On ne peut pas nous imposer cela’’.
Il annonce que désormais à Coronthie, ‘’on ne parle plus du CNRD. Il y a un divorce total. Il n’y a plus de confiance. Nos parents nous disent qu’il n’y aura pas de manifestations. Pourquoi ? Ils disent qu’il ne reste plus que six mois au CNRD au pouvoir. Donc, prenons notre mal en patience’’.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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